par Patrick Adam
Article publié le 20/03/2008 Dernière mise à jour le 21/03/2008 à 00:05 TU
Mehmet Ali Talat, le représentant de la République turque de Chypre-Nord, et Demetris Christofias, président de Chypre.
Le nouveau président de Chypre et son homologue de la République turque de Chypre-nord doivent se rencontrer ce vendredi pour tenter de relancer le processus de rapprochement des deux parties de cette île divisée depuis 1974. La réunification de l’île était l’une des grandes priorités affichées par Demetris Christofias lors de son élection à la présidence de Chypre en février dernier. Si la volonté d’un rapprochement est partagée des deux côtés, en revanche les avis divergent sur les moyens d’y parvenir.
« Nous voulons une solution réalisable, le plus tôt possible », affirmait il y a peu le nouveau chef de l’Etat Chypriote qui mettait par ailleurs en garde contre de trop grands espoirs suscités par cette rencontre qualifiée « d’exploratoire ». Mais que les deux hommes se retrouvent pour évoquer l’avenir est déjà une avancée. L’île est divisée depuis l’occupation du Nord par l’armée turque en 1974 en représailles à un coup d’Etat des nationalistes Chypriotes-grecs soutenus par Athènes.
Lors des précédentes rencontres, Chypre y était représentée par l’ancien président Tassos Papadopoulos, dont les positions plus tranchées tendaient nettement moins vers le compromis. Cette fois, la volonté d’avancer est commune même si les deux dirigeants divergent sur la voie à suivre.
Pour Mehmet Ali Talat, qui représente la République turque de Chypre–nord, seulement reconnue par Ankara, les discussions doivent avoir pour base le document élaboré par Kofi Annan, à l’époque secrétaire général des Nations unies. Ce plan de réunification soumis à référendum en avril 2004 n’avait été accepté que du côté turc de l’île, alors que les habitants de la partie grecque l’avaient massivement rejeté. La Turquie elle-aussi met en avant le plan Annan. Dans une lettre adressée le 6 mars au secrétaire général des Nations unies et aux pays européens, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan plaide pour que le plan Annan serve de base aux nouvelles discussions, « en particulier la bi-zonalité, l’égalité politique des deux parties et de deux Etats constituants qui vont se réunir dans un nouveau partenariat. » Une idée que rejète le numéro un chypriote-grec qui invite la Turquie, qui entretient 42 500 militaires dans le Nord, à ne pas interférer dans la reprise du dialogue entre les deux communautés.
Un accord resté lettre morte
Demetris Christofias avait accepté le principe d’une fédération entre les deux communautés mais réclame le départ des troupes turques. Pour le président chypriote dont le pays est membre depuis mai 2004 de l’Union européenne, « le point principal et décisif est d’honorer » l’accord cadre signé le 8 avril 2006 par Mehmet Ali Talat et Tassos Papadopoulos mais enterré aussitôt paraphé. Demetris Christofias fait valoir que c’est le seul accord signé entre les deux communautés et que dès lors, le dirigeant chypriote-turc doit honorer sa signature. Cet accord cadre avait pour objectif de permettre l’ouverture de négociations dans certains domaines précis comme la lutte contre la criminalité et de mener en parallèle des négociations sur le partage du pouvoir et du territoire. Le texte rejetait le statu quo actuel au profit d’une fédération bi-zonale et bi-communautaire.
Si jusqu’à présent rien n’a pu permettre aux deux points de vue de se rapprocher, cette fois la communauté internationale mise sur la volonté des deux dirigeants, qui se connaissent et s’apprécient, de parvenir à une solution. Au cours de leur rencontre ils devraient notamment annoncer l’ouverture d’un sixième poste frontière entre le Nord et le Sud. Il serait situé dans un lieu symbolique, la rue Ledra, principale artère piétonnière du vieux Nicosie. Actuellement, seuls cinq points de passage permettent de franchir la « Ligne verte » qui sépare l’île en deux.
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