par Béatrice Leveillé
Article publié le 23/02/2008 Dernière mise à jour le 23/02/2008 à 16:13 TU
Le conservateur Ioannis Kasoulides (à gauche) et le communiste Demetris Christofias se serrent la main avant un débat télévisé le 22 février à Nicosie.
(Photo : Reuters)
Quelque 500 000 Chypriotes votent ce dimanche pour désigner leur nouveau président. Les deux candidats encore en lice, le communiste Demetris Christofias et le conservateur Ioannis Kasoulides, sont tous les deux déterminés à mettre fin à la division de l'île. La partie nord de Chypre, non reconnue par la communauté internationale, est occupée par la Turquie depuis 1974.
Ioannis Kasoulides a voté « oui » en 2004 au plan de réunification de l'île. A l’époque, les trois quart de ses compatriotes rejetaient ce plan mais aujourd’hui, le voilà au deuxième tour de la présidentielle avec une petite longueur d’avance, un millier de voix, sur son adversaire. Ce candidat de la droite, qui s’est présenté en indépendant, promet de relancer les négociations avec la partie turque. Ce n’est pas une promesse en l’air. Député européen et ancien ministre des Affaires étrangères Ioannis Kasoulides, 59 ans, sait de quoi il parle.
Face au nationalisme intransigeant du président Papadopoulos, éliminé au premier tour, il représente le changement. Il veut briser l’isolement de Chypre depuis le refus en 2004 par les Chypriotes grecs du plan réunification de l’Onu. Il est le plus à même de regagner la confiance de ses partenaires européens. Les électeurs ne s’y trompent pas, les Chypriotes le considèrent comme le candidat préféré des gouvernements occidentaux. Médecin, il a étudié en France et exercé en grande Bretagne. Il parle couramment 4 langues : le grec, le français, l’anglais et l’allemand.
Son adversaire a un profil bien différent
Demetris Christofias, 61 ans, actuel président du Parlement chypriote, faisait partie de la coalition gouvernementale du président sortant Tassos Papadopoulos avant de démissionner pour se présenter aux élections. Il a voté non au référendum sur la réunification ce qui n’en fait pas, a priori, le meilleur candidat pour régler la question de la division de l’Ile.
Mais il entretient de bonnes relations avec le dirigeant chypriote-turc Mehmet Ali Talat et se présente comme un « homme du peuple », seul capable de « rapprocher » les communautés grecque et turque de l'île.
Il est né à Kyrenia, dans le nord de l’ile et a fait des études d’histoire à Moscou. Réfugié dans la partie grecque, ce « pied-noir » veut relancer les négociations dans l’impasse depuis 2006.
Il n’est arrivé que deuxième au premier tour mais il a reçu le soutien des sociaux-démocrates (Edek) et du parti Diko (centre-droit) de Tassos Papadopoulos. Si on additionne les résultats de ces deux partis avec le sien, il obtient 58 % des voix. Une avance conséquente sur Ioannis Kasoulides mais le report des voix est loin d’être garanti. Certains électeurs de droite hésiteront sûrement avant de voter pour un candidat communiste. Le parti communiste, Akel, qu’il dirige depuis 1988, est la première formation politique à Chypre mais il a de farouches adversaires. La puissante Eglise orthodoxe a appelé à voter pour Ioannis Kasoulides et les pro-européens s’inquiètent de voir le chef d’un parti anti-européen accéder à la présidence.