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Taiwan / Chine

Présidentielle taïwanaise : satisfaction discrète à Pékin

Article publié le 23/03/2008 Dernière mise à jour le 23/03/2008 à 13:43 TU

Le président élu de Taiwan Ma Ying-jeou, vainqueur samedi à une forte majorité, a donné dimanche des gages de détente au voisin chinois tout en souhaitant le maintien du statu quo qui prévaut sur l'île : ni indépendance, ni réunification. De quoi satisfaire la Chine, qui s'est également félicitée dimanche de l'échec du référendum organisé parallèlement à Taiwan sur une éventuelle candidature aux Nations unies. Le vote, qui avait lieu samedi en même temps que l'élection présidentielle, n'a pas été validé faute de participation suffisante. Toutefois, la réaction chinoise reste sobre.

Des partisans du Kuomintang fêtent la victoire de Ma Ying-jeou,  le 22 mars 2008.(Photo : Reuters)

Des partisans du Kuomintang fêtent la victoire de Ma Ying-jeou, le 22 mars 2008.
(Photo : Reuters)

Avec notre correspondant à Shangaï, Joris Zylberman

Pas de feu d'artifice à Pékin alors que le meilleur scénario est sorti des urnes à Taïwan. Non seulement Ma Ying-jeou, le candidat de l'opposition le plus pro-chinois arrive au pouvoir, mais le référendum controversé voulu par le président sortant Chen Shui-bian a échoué : il appelait à approuver, ou non, la candidature de l'île sous le nom de Taïwan à l'ONU, signalant une identité séparée de la Chine et donc un casus belli aux yeux de Pékin en cas de succès.

Or au grand bonheur des dirigeants chinois, seuls 35% des Taïwanais ont participé au vote, bien en dessous des 50% requis pour sa validation.

Maintenir la tension dans le détroit de Taïwan

La Chine et Taiwan.(Carte : RFI/I.Artus)

La Chine et Taiwan.
(Carte : RFI/I.Artus)

Pourtant Pékin ne verse pas du tout dans le triomphalisme. La presse reprend une dépêche lapidaire de l'agence Chine Nouvelle qui signale sobrement l'échec du référendum.

En conséquence, cette réserve soulève beaucoup de questions : la Chine est-elle capable d'abandonner son discours nationaliste et belliqueux ? Peut-elle s'asseoir prochainement à la table des négociations avec le nouveau pouvoir taïwanais ?

Certains pensent que le pouvoir à Pékin serait dominé par des courants attachés à maintenir la tension dans le détroit de Taïwan pour justifier la hausse du budget militaire de la Chine, clé de voute de sa stratégie pour renverser l'hégémonie américaine en Asie-Pacifique.

Ma Ying-jeou

Le nouveau président taiwanais

« Je reconnais que la Chine constitue une menace pour la sécurité de Taiwan mais également une opportunité commerciale, nous devons donc gérer cette relation… »

écouter 01 min 01 sec

23/03/2008 par Florence de Changy


Un premier discours moins pro-chinois qu’attendu

Avec notre correspondante à Taipei, Florence de Changy

Ma Ying-jeou a précisé les points sur lesquels il a été élu. Globalement, c’était un programme de rapprochement avec la Chine avec d’abord, un accord de coopération économique qu’il espère pouvoir signer avec Pékin prochainement. Le président élu a parlé aussi d’un traité, non pas de paix, mais « de fin d’hostilité » entre les deux rives, parce qu’il n’y a toujours pas de traité de paix. Les deux pays sont théoriquement toujours en guerre depuis la fin de la révolution communiste.

Cela dit, il a précisé qu’il ne s’engagera dans ces négociations qu’une fois que la Chine aura démantelé les quelque mille missiles qui sont pointés sur Taïwan, ce qui constitue une condition supplémentaire. Ma Ying-jeou a annoncé également que dans un deuxième temps, il aimerait pouvoir négocier un compromis sur le statut international de Taïwan, qui est de plus en plus isolé, qui n’a quasiment plus d’alliés sur la place internationale. Mais le nouveau président taïwanais s’est montré moins pro-chinois que ses détracteurs ne lui reprochaient, peut-être dans l’idée de rassurer ceux qui veulent faire de lui un nouvel élément vendu à la Chine. Notamment, il a parlé d’arbitrage entre la menace militaire chinoise – il a dit que cette menace était très importante – et l’intérêt économique de Taïwan.

Il s’agissait donc de propos parfois provoquants, certainement pas dans le droit-fil de ce que pouvait attendre Pékin. Ma Ying-jeou a ainsi parlé de « souveraineté » de Taïwan. Il a dit très clairement : « Taïwan n’est pas le Tibet, Taïwan n’est pas Hong-Kong, Taïwan est un pays souverain depuis de nombreuses années » et à propos du Tibet, il a même proposé d’inviter le Dalaï Lama, en disant qu’il était déjà venu souvent et que ce serait pour lui un plaisir de l’inviter à Taïwan.