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Macédoine

Vers des élections anticipées

par Patrick Adam

Article publié le 14/04/2008 Dernière mise à jour le 15/04/2008 à 01:26 TU

Des élections législatives anticipées seront organisées le 1er juin prochain. La coalition au pouvoir avait bien failli ne pas survivre à l’indépendance du Kosovo, c’est finalement le sommet de l’OTAN qui aura entraîné sa chute.

Le président du Parlement macédonien, Ljubisa Georgievski, lors d'une session à Skopje, le 12 avril 2008.    (Photo : Reuters)

Le président du Parlement macédonien, Ljubisa Georgievski, lors d'une session à Skopje, le 12 avril 2008.
(Photo : Reuters)

A l’issue d’une session marathon, le Parlement a décidé samedi de se dissoudre. Les députés avaient le choix entre maintenir un gouvernement fragilisé par des crises successives ou donner au Parlement les moyens d’être plus efficace, au risque de retarder les réformes.

L’équipe actuelle n’aura pas tenu deux ans. C’est donc une nouvelle période d’instabilité politique qui s’ouvre pour la Macédoine, petit pays des Balkans qui lorgne vers l’Union européenne mais vient d’être rejeté par l’OTAN. Il aura fallu deux jours de débats pour que finalement soixante-dix des cent vingt députés décident d’appeler les électeurs aux urnes.

A l’origine de cette dissolution, il y a la proposition de l’un des partis d’opposition, l’Union démocratique des Albanais (DUI) à laquelle s’est rallié le principal parti membre de la coalition, le VMRO-DPMNE du Premier ministre Nikola Gruevski. 

Le coup de grâce aura été donné lors du sommet de l’OTAN réuni début avril à Bucarest. La Grèce avait mis son veto à l’ouverture de négociations d’adhésion de la Macédoine à l’Alliance atlantique. Athènes est en effet en froid avec Skopje, lui disputant le nom de « Macédoine » qu’elle estime appartenir à son seul patrimoine. La Macédoine a été admise à l’ONU en 1993 sous le nom provisoire « d’ancienne République yougoslave de Macédoine » et la Grèce bloque depuis toute reconnaissance internationale sous ce nom. La médiation tentée par les Nations unies n’a encore rien apporté.

Dès lors, à l’unisson de l’exécutif, le ministre des Affaires étrangères avait jugé que « étant donné l’évolution de la querelle avec la Grèce, de notre intégration euro-atlantique, de l’inefficacité du Parlement et des événements à l’OTAN, la tenue d’élections anticipées est pour l’heure la meilleure solution pour le pays ».

Des élections qui retardent les réformes

Cette décision marque la fin d’une coalition gangrenée depuis de longs mois par de profonds désaccords sur les réformes à mener, notamment en ce qui concerne les droits accordés à la minorité albanaise qui représente un quart de la population. Ainsi à la mi-mars le gouvernement avait connu une grave crise avec le départ, finalement provisoire, du Parti démocratique des Albanais (DPA). Il avait quitté pendant dix jours la coalition au pouvoir pour protester contre l’absence de reconnaissance par Skopje de l’indépendance du Kosovo.

Avec ces élections anticipées, c’est le calendrier des réformes qui pourrait être retardé. La Macédoine est, depuis décembre 2005, candidate à l’adhésion à l’UE et à plusieurs reprises la Commission a exprimé son espoir de pouvoir recommander, dès novembre prochain, l’ouverture formelle de négociations d’adhésion, début d’un long processus de plusieurs années. Mais si aucun compromis n’est trouvé d’ici là, le différend avec la Grèce sur le nom du pays pourrait à nouveau venir perturber ce rapprochement avec l’Europe comme cela vient d’être le cas avec l’OTAN. Malgré cette incertitude, le Commissaire à l’élargissement, Olli Rehn, a appelé la Macédoine à former un nouveau gouvernement « le plus tôt possible » après les élections à venir, afin d’accélérer les réformes nécessaires à son entrée à terme dans l’Union européenne.