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Tunisie/France

La «journée» des droits de l'homme

Article publié le 29/04/2008 Dernière mise à jour le 30/04/2008 à 00:31 TU

Les deux présidents ont remonté ensemble l'avenue Bourguiba à Tunis.(Photo: Reuters)

Les deux présidents ont remonté ensemble l'avenue Bourguiba à Tunis.
(Photo: Reuters)

La question des droits de l’homme empoisonne décidément la politique étrangère de Nicolas Sarkozy. Deuxième jour de sa visite en Tunisie et tollé des ONG après les propos du président français qui a déclaré lundi que «l’espace des libertés progresse en Tunisie». Déception également ce mardi, après l’annulation par Rama Yade d’un rendez-vous avec une association de femmes démocrates. La secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme a dû s’excuser pour cause d’agenda.

Avec notre envoyée spéciale en Tunisie, Mouna El-Banna

Les défenseurs des droits de l’homme attendaient beaucoup de cette visite de Nicolas Sarkozy, ils attendaient un geste fort et espéraient que ce séjour n’allait pas avoir un caractère purement économique. Leurs espoirs ont finalement été déçus. Le président Sarkozy a tout simplement rendu hommage au président Ben Ali en déclarant que «l’espace des libertés progresse en Tunisie». Ignorant la polémique à la suite de ses déclarations, le président français est revenu à la charge mardi matin, lors d’un discours prononcé à la mairie de Tunis.

Le président français a loué « l’esprit d’ouverture et de tolérance » du président tunisien qui s’est arrêté, hier, pour saluer le rabbin Sitruk. Et d’ajouter qu’il lui est arrivé de penser que « certains des observateurs sont bien sévères avec la Tunisie ». « Qu’il y ait des progrès à faire, mon Dieu », s’est-il exclamé, « j’en suis bien conscient, pour la France et certainement aussi pour la Tunisie ». Une fois de plus, Nicolas Sarkozy a tenté de minimiser l’importance et la gravité du problème des droits de l’homme en Tunisie.

Une annulation qui fait du bruit

Samedi dernier, l’ambassade de France avait pris contact avec Khadija Chérif, la présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates, une association indépendante très active, mais qui subit beaucoup de tracasseries. Le rendez-vous avec Rama Yade était pris pour ce mardi midi, au siège de l’association, mais une heure avant la rencontre, celle-ci a été annulée au motif que Rama Yade avait un programme chargé, alors que dans l’après midi, plusieurs journalistes l’ont vue siroter un jus de fruit à la terrasse d’un hôtel. Khadija Chérif se dit profondément déçue.

Khadija Chérif

Présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates

« Je trouve que l’attitude du président Sarkozy est contraire à la campagne électorale qu’il a faite pour dire que les droits de l’homme étaient sa politique ».

écouter 1 min 9 sec

30/04/2008 par Mouna El Banna

En revanche, le rendez-vous programmé ce mardi à 15h avec Mokhtar Trifi a été maintenu. Le président de la célèbre Ligue tunisienne des droits de l’homme, la plus ancienne du monde arabe, qui est paralysée depuis trois ans maintenant, a exprimé sa satisfaction à l’issue de son entretien avec Rama Yade.

Mokhtar Trifi

Président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme.

« Je lui ai dit ce que je pense de la situation des droits de l'Homme en Tunisie. »

écouter 1 min 11 sec

30/04/2008 par Mouna El Banna

La question épineuse des droits de l’homme

Mokhtar Trifi.(Photo : AFP)

Mokhtar Trifi.
(Photo : AFP)

Jacques Chirac en a déjà fait l’amère expérience en décembre 2003 lors de sa visite à Tunis. Ses déclarations avaient provoqué un véritable tollé. « Le premier des droits de l’homme », avait affirmé Jacques Chirac, « c’est manger, être soigné, recevoir une éducation et avoir un habitat ».

Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy délivre à son tour un satisfecit au régime de Ben Ali. Pour le président français, « il y a peut-être des progrès à faire, mais on ne peut pas passer sous silence toutes les avancées réalisées par ce petit pays de dix millions d’habitants ».