par RFI
Article publié le 01/05/2008 Dernière mise à jour le 02/05/2008 à 05:38 TU
Plusieurs bombes sont tombées, tôt jeudi matin, sur des positions occupées par des insurgés islamistes, dans le district de Dhusamareb, dans le centre du pays, à environ 450 kilomètres au nord de Mogadiscio. L’attaque aérienne a eu lieu vers 02h00 heure locale (23H00 Temps universel) ; elle a été imputée par les islamistes à l'armée américaine qui dispose d’une base à Djibouti. Les islamistes affirment aussi que leur chef, Aden Hashi Ayro, ainsi que le Cheikh Muhyadin Omar, ont été tués dans cette opération ciblée. Tous les deux appartenaient à la milice des Shebabs, l’aile militaire des Tribunaux islamiques, chassés de Mogadiscio fin 2006. Le Pentagone a confirmé, dans l’après-midi, que les Etats-Unis avaient conduit une attaque en Somalie contre une cible d’al-Qaïda.
Selon les islamistes somaliens c'est un avion américain qui a mené le raid contre la résidence d’Aden Hashi Ayro. Pour Washington, Ayro était le chef de l'organisation al-Qaïda en Somalie. Il avait d'ailleurs suivi un entraînement en Afghanistan à la fin des années 1990, avant de rejoindre l'organisation al-Ithaad al-Islamia, vivier des extrémistes somaliens.
Ayro était devenu l'un des dirigeants de la milice Shebab l'aile armée des Tribunaux islamiques, celle qui mène quotidiennement le combat contre le gouvernement de transition et ses alliés éthiopiens. Il avait importé des techniques de guérilla dignes de l'Irak : bombes téléguidées, voitures piégées et même attentats-suicide. Washington accuse régulièrement les islamistes somaliens de donner asile à des membres d'al-Qaïda, notamment les auteurs des attentats de 1998 contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie.
Le département d'Etat a d'ailleurs placé la milice Shebab sur la liste des organisations terroristes. Reste que la mort d'Ayro ne signifie pas la fin de cette milice devenue depuis quelques mois très organisée. Elle s'illustre quotidiennement par des attaques à Mogadiscio. Dans l'un de ses rares commentaires publics, Ayro avait d'ailleurs appelé ses hommes à frapper les soldats de la paix envoyés par l'Union africaine (UA).
Quatrième intervention américaine en Somalie
Washington qui dispose d'une base militaire à Djibouti ainsi que d'un dispositif naval important dans le golfe d'Aden surveille la Somalie comme le lait sur le feu. Si elle laisse à son allié éthiopien le soin de mener la guerre contre les milices islamistes, l'Amérique n'a pas hésité à trois reprises à leur prêter main-forte. En janvier 2007, alors que les islamistes avaient abandonné Mogadiscio, les forces américaines ont participé activement à la bataille de Ras Kamboni, dans le sud de la Somalie, pour tenter de capturer les membres présumés d'al-Qaïda qui, selon Washington, sont protégés par les milices somaliennes. Durant cette bataille, des soldats américains ont même posé le pied sur le sol somalien, pour la première fois depuis le début des années 1990.
Par la suite, Washington a mené au moins deux raids ciblés contre des responsables islamistes. Plusieurs sources affirment aussi que les Etats-Unis ont dépêché des dizaines de conseillers militaires en Somalie et disposeraient d'un réseau de renseignement performant. Washington veut à tout prix éviter de voir la Somalie devenir la base arrière d'al-Qaïda en Afrique. On sait que les Américains avaient déjà tenté d’abattre Aden Hashi Ayro notamment lors de la bataille de Ras Kamboni, dans le sud de la Somalie, en janvier 2007.
Le département américain de la Défense a confirmé, jeudi après-midi, que les Etats-Unis avaient conduit effectivement une attaque aérienne en Somalie. Un porte-parole du Pentagone a indiqué que « le Commandement central américain avait conduit une attaque contre une cible d’al-Qaïda connue et un chef de milice en Somalie », tout en refusant de fournir d’autres informations jusqu’à ce que cette opération soit analysée.
Le gouvernement éthiopien a salué ce bombardement américain contre les islamistes somaliens. « Cette attaque a été menée uniquement par les Américains », a précisé le ministre éthiopien de l’Information, Berhane Hailu, confirmant que deux chefs d’al-Qaïda avaient été tués, ainsi que la femme et un enfant d’Aden Hashi Ayro. Jeudi matin, une bombe a explosé au passage d’un convoi ougandais de la force de l’UA en Somalie (Amison), sans faire de victimes, selon des témoins.