par RFI
Article publié le 06/05/2008 Dernière mise à jour le 07/05/2008 à 01:10 TU
Alors que la télévision d'Etat commence à annoncer la levée de l'état de catastrophe naturelle dans plusieurs régions du pays, notamment les régions administratives de Karen, Mon et Pegu, les régions environnant l'ancienne capitale Rangoon et celles du delta de l'Irrawaddy sont encore en état de choc. Le bilan ne cesse de s'alourdir : plus de 22 000 morts et 41 000 disparus, selon les autorités birmanes. Une organisation humanitaire craint même que le nombre de morts n'atteigne les 50 000. Pendant ce temps, les secours se heurtent à des problèmes logistiques et à la bureaucratie de la junte. Les témoignages qui commencent à sortir du pays font état de villages entiers rayés de la carte.
Des témoignages épouvantables commencent à sortir du pays, relayés par les sites d'information en ligne comme Irrawaddy News Magazine. Des témoignages de survivants venant du sud-ouest du delta de l'Irrawaddy : ils dépeignent des champs inondés et jonchés de cadavres.
Dans la localité de Laputta, 22 villages auraient été totalement détruits. C'est une zone habitée par près de 200 000 personnes. Les survivants y sont confrontés à des conditions extrêmement rudes depuis le passage du cyclone le 2 mai : il n'y a plus d'eau potable, et plus grand chose à manger. L'accès aux médicaments est extrêmement restreint alors que les cas de diarrhée se multiplient. La pénurie alimentaire, le manque d'eau et d'électricité, tout cela touche également des zones moins sévèrement atteintes par le cyclone.
Dans l'ancienne capitale Rangoon, généralement bien approvisionnée, les prix du riz et de certaines denrées de base ont pratiquement doublé. Piles électriques et bougies seraient pratiquement épuisées. Le carburant et les tarifs des transports publics connaissent également une hausse vertigineuse.
Dans les médias d'Etat, la junte au pouvoir ne s'étale pas sur ces difficultés matérielles. Elle serait prête à accepter l'aide humanitaire internationale, mais au compte-gouttes. Un général parlait, mardi, de négociations avec les organisations d'aide humanitaire.
Par ailleurs, le président américain George Bush a signé, mardi, la proposition de loi accordant à l'opposante birmane Aung San Suu Kyi la Médaille d’or du Congrès américain, la plus haute distinction civile des Etats-Unis. Il en a profité pour lancer un appel aux autorités birmanes afin qu’elles acceptent l’aide de Washington.
«Ceci est le message que nous lançons aux autorités militaires : Laissez les Etats-Unis venir vous aider, aider la population. Notre coeur est avec le peuple de Birmanie. [...] Et dans le même temps, bien sûr, nous voulons qu'ils vivent dans un pays libre».
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«22 000 morts déjà, 40 000 à 41 000 disparus, des centaines de milliers, voire des millions de personnes affectées, c’est sûr qu’on devra mobiliser des moyens financiers complémentaires».
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