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Liban

Le Hezbollah contrôle l’ouest de Beyrouth

Article publié le 09/05/2008 Dernière mise à jour le 09/05/2008 à 15:40 TU

Après de violents combats qui se sont poursuivis vendredi matin, les partisans de l’opposition libanaise menée par le Hezbollah pro-iranien ont pris le contrôle d’une grande partie de la capitale. A la mi-journée, les affrontements avaient cessé. Le bilan est d'au moins 11 morts.
Face à cette escalade qui fait craindre la dérive du Liban vers une nouvelle guerre civile, l'Arabie saoudite et l'Egypte, alliés du gouvernement dont est issue la majorité anti-syrienne, ont demandé une réunion arabe ministérielle d'urgence alors que le Conseil de sécurité de l'Onu a appelé au calme. Le président israélien Shimon Peres a accusé vendredi l'Iran de fomenter les troubles au Liban dans le cadre de ses tentatives de « régner sur tout le Moyen-Orient ». Le président syrien Bachar al-Assad a déclaré vendredi que la grave crise au Liban était « une affaire intérieure ».

Un milicien du Hezbollah pose devant un portrait du président syrien, Bachar al-Assad, à Beyrouth le 9 mai 2008.(Photo : Reuters)

Un milicien du Hezbollah pose devant un portrait du président syrien, Bachar al-Assad, à Beyrouth le 9 mai 2008.
(Photo : Reuters)

Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh

Les fortes pluies qui se sont abattues sur Beyrouth toute la nuit n’ont pas découragé les combattants. Pendant des heures, partisans du gouvernement et de l’opposition se sont affrontés à coups de mitraillettes, de roquettes et de grenades, dans les ruelles de la capitale.

A la levée du jour, l’intensité des accrochages a baissé. Les rares habitants qui ont mis le pied dehors découvrent alors une nouvelle réalité. Les combattants de l’opposition contrôlent désormais la majeure partie de la ville.

Les derniers partisans du gouvernement sont retranchés dans de petites poches, notamment à Koreitem, où se situe le palais de la famille Hariri et Clemenceau, où se trouve la résidence du chef druze, Walid Joumblatt. Celui-ci aurait quitté les lieux pendant la nuit pour une destination inconnue.

Une nouvelle donne commence à apparaître

Saad Hariri, le chef de la majorité parlementaire, se trouve toujours chez lui, sous la protection de sa garde rapprochée. La télévision du futur et Radio Orient, qui appartiennent à la famille Hariri, ont cessé d’émettre.

Les locaux sont désormais sous le contrôle de l’armée libanaise. Le siège du quotidien al-Mostaqbal, qui appartient aussi aux Hariri a été occupé par l’opposition. Un des étages de l’immeuble a été incendié.

Michel Nawfal

Le Hezbollah investit les locaux du journal al Moustakbal

« Le quatrième étage est complètement détruit. Ils ont aussi essayé de pénétrer à l'intérieur du journal, mais l'intervention de l'armée à empêcher cela. »


Les permanences du Courant du Futur de Saad Hariri et les domiciles de ministres, de députés et même du mufti sunnite de la République sont tombées sous le contrôle de l’opposition.

Ces changements militaires sur le terrain vont s’imposer sur la scène politique. Une nouvelle donne commence à apparaître.

Le Hezbollah veut montrer sa force


Il semble clair que la stratégie du Hezbollah n’était de prendre la ville d’assaut, mais bel et bien de faire la preuve de la force de ses armes, notamment et surtout dans les bastions de la majorité ainsi que sur des sites symboliques comme l’aéroport, toujours bloqué, et le port.

Une épreuve de force que le mouvement chiite a manifestement remportée. C’est une façon de dire dans la rue et par les armes ce que son chef Hassan Nasrallah expliquait hier, à savoir qu’il n’est pas question que l’on remette en cause le système de télécommunications dont dispose le mouvement.

C’est aussi la riposte du mouvement au limogeage du chef de la sécurité de l’aéroport, proche du Hezbollah. A cela, les militants de la majorité rétorquent qu’eux ne disposent pas de milices pour riposter au Hezbollah.

A ce stade de l’épreuve de force, que peut-il advenir ? Des négociations seraient déjà en cours mais dans le plus grand secret.