Football

Claude Le Roy : Bye-bye, Ghana

par Jean-François Pérès

Article publié le 09/05/2008 Dernière mise à jour le 12/05/2008 à 16:04 TU

Celui qui se surnomme parfois « le voyageur aux semelles de vent » (référence au poète français Arthur Rimbaud) s’est envolé ce jeudi, laissant au Ghana un goût d’inachevé malgré un bilan positif (11 victoires, 3 nuls et 4 défaites en 18 matchs). Le communiqué de la Fédération ghanéenne fait état de « raisons personnelles » pour expliquer le choix du sélectionneur, dont le contrat de deux ans arrivait à terme fin juin. Joint par RFI, ce dernier s’est montré tout aussi évasif, rendant crédible l’hypothèse d’une dégradation progressive des relations entre les deux parties.

Contrairement à l'annonce de la fédération ghanéenne de football, Claude Le Roy ne prolongera pas son séjour à la tête des Black Stars.
(Photo : AFP)

Claude Le Roy était arrivé sur place en septembre 2006, au lendemain de la première Coupe du monde disputée par les « Brésiliens de l’Afrique » (battus justement par le Brésil en 1/8ème de finale). Il remporte un copieux appel d’offres auquel participent 54 techniciens, dont son compatriote Philippe Troussier et l’emblématique entraîneur local Cecil Jones Attuquayefio.

Il confie alors ses objectifs : « On m’a demandé de gagner la CAN 2008. Je vais m’installer pour cela au Ghana. Il y a deux sortes de sélectionneurs : le type ‘Club Med’’, qui passent trois jours sur place de temps en temps et encaissent leur chèque, et ceux qui s’impliquent. Je ne fais pas partie des premiers. »

Entouré d’un adjoint ghanéen, Sellas Tetteh, puis d’un préparateur physique, le Français Hervé Renard, l’ancien sélectionneur du Sénégal, du Cameroun et de la RDC engrange des résultats encourageants, à l’image de deux succès inauguraux de prestige en Asie face au Japon (1-0) et à la Corée du Sud (3-1) et d’un retentissant 4-1 infligé en amical aux Super Eagles du Nigeria.

Une prolongation de contrat annoncée « un peu précipitamment »

Logiquement, le Ghana fait partie des grands favoris de la Coupe d’Afrique des Nations 2008 qu’il organise. « Tout autre résultat qu’une victoire serait un échec », rappelle Le Roy avant le tournoi. Tout se passe bien pour les coéquipiers de Michael Essien jusqu’en demi-finales, où les Black Stars s’inclinent devant le Cameroun à Accra (1-0). La déception est immense dans tout le pays. Elle sera à peine atténuée par la conquête de la troisième place aux dépens de la Côte d’Ivoire (4-2).

Mais les dirigeants ghanéens digèrent l’échec avec un calme étonnant, vu les mœurs souvent éruptives du football africain en ces circonstances. Pas de révolution de palais : on annonce même que le Français, qui vient de fêter ses 60 ans, rempile pour deux saisons avec pour objectif la qualification pour la Coupe du monde 2010. Est-ce paradoxalement le début de la fin ? Joint par RFI ce jeudi, Claude Le Roy estime que la GFA (la Fédération) entérine alors cette prolongation « un peu précipitamment ». Or, à ce moment-là, le technicien réfléchit, attend peut-être d’autres propositions.

Il affirme avoir pris sa décision en ce début du mois de mai, comme convenu avec la partie ghanéenne. Evoque une « fin de cycle », une période où « chacun commence à connaître les défauts de l’autre ». Etonnant, quand on affirmait posséder « une très belle équipe »… Le désenchantement apparent masque sans doute d’autres raisons, plus profondes ou plus prosaïques.

« Personne ne doit rien à personne, on se quitte bons amis », assure Le Roy. N’empêche, la GFA n’a plus que deux semaines pour lui trouver un successeur avant la prochaine sortie amicale des Black Stars en Australie. Et les éliminatoires CAN-Coupe du Monde débutent le 1er juin face à la Libye. Un peu court… Autre mauvaise nouvelle, le départ programmé d’Hervé Renard, qui pourrait prendre la tête de la sélection zambienne.

Quelle destination désormais pour le « voyageur aux semelles de vent », qui a déjà entrainé sur trois continents ? « Rien de précis pour l’instant, confie-t-il. Je n’ai pas de plan de carrière. Je souhaite juste continuer à bosser dans le foot, avec un bon staff, découvrir de bons joueurs. » On lui prête des contacts en Afrique du sud, en Tunisie, en Côte d’Ivoire. Il dément, tout en reconnaissant que diriger une nouvelle équipe nationale serait « un challenge ». Dans quelle direction le vent soufflera-t-il ?