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Chine / Séisme

L’Etat présent

Article publié le 16/05/2008 Dernière mise à jour le 16/05/2008 à 21:07 TU

Cinq jours après le tremblement de terre qui a fait au moins cinquante mille morts, les autorités chinoises sont sur le terrain. Le Premier ministre a été rejoint dans la province du Sichuan par le président Hu Jintao en personne. Au plus haut sommet de l’Etat, les autorités chinoises font la démonstration de leur grande mobilisation.

Avec notre correspondant à Shanghai, Joris Zylberman

Le président chinois, Hu Jintao vient soutenir les rescapés du tremblement de terre, à Beichuan, dans la province du Sichuan, le 16 mai 2008.(Photo : Reuters)

Le président chinois, Hu Jintao vient soutenir les rescapés du tremblement de terre, à Beichuan, dans la province du Sichuan, le 16 mai 2008.
(Photo : Reuters)

D’habitude le partage des rôles est bien établi. Le Premier ministre Wen Jiabao montre de la compassion sur le terrain et le président Hu Jintao dirige les opérations depuis Pékin. Mais le tandem a décidé d’une stratégie médiatique exceptionnelle, à savoir installer le gouvernement dans le rôle du Père de la Nation au côté de ses enfants qui souffrent, seule manière de conserver la confiance de la population qui pourrait vite s’énerver d’une mollesse des autorités.

Alors comme un Père, le numéro un chinois vient pour consoler et pour vérifier l’efficacité des sauvetages. Une chorégraphie bien agencée avec son Premier ministre Wen Jiabao qui, de son côté, a déclaré que le tremblement de terre était d’ores et déjà le plus dévastateur en Chine depuis 1949, bien plus que Tangshan en 1976, même si le bilan des victimes n’a pas encore atteint les 240.000 morts de l’époque.

L’essentiel pour le tandem exécutif, c’est de marteler que « seule l’union du peuple chinois, civils, militaires et responsables permettra de gagner la bataille du séisme », selon les mots de Wen Jiabao.

L’aide étrangère n’est pas superflue

C’est la première fois que Pékin accueille des sauveteurs étrangers sur son territoire. Mais il faut nuancer : l’aide étrangère a soigneusement été triée. D’abord parmi les alliés sûrs de la Chine, la Russie a le droit de venir, mais pas l’Australie car ce serait l’arrivée humiliante de l’Occident impérialiste. Ensuite, les sud-coréens vont pouvoir rejoindre le terrain, parce que le Japon a été accepté et que Séoul est en bon terme avec Pékin.

Cela dit, cette ouverture, même relative, montre que la Chine ne pouvait plus se payer le luxe de se passer d’une aide étrangère spécialisée dans le secourisme, c’est-à-dire avec des chiens dressés et des professionnels équipés, alors que les militaires et les sauveteurs chinois, avec toute leur bonne volonté, manquent singulièrement de préparation.

La plupart du temps, ils dégagent les gravats à mains nues, si bien que les autorités chinoises ont été obligées de lancer un appel à fournir au moins des pelles dans les zones sinistrées. En attendant, la prochaine étape serait d’autoriser les ONG humanitaires pour éviter l’immense drame sanitaire qui pourrait frapper l’ensemble des personnes victimes du séisme.

Etat d'urgence pour le gouvernement chinois

Il doit à tout prix éviter que les fissures dans la construction des bâtiments ne deviennent des fissures dans l’édifice de son pouvoir. C'est toute la portée de l'enquête ouverte ce vendredi pour déterminer les causes de l'écroulement des écoles dans les zones dévastées par le séisme.

Près de 7 000 établissements ont été rasés par le séisme. Les écoliers ont été tués pendant la sieste ou lors une leçon de mathématiques… Une perte d'autant plus lourde pour des parents autorisés à n'avoir qu'un enfant. Le ministère du Logement a averti : « Si l'enquête révèle des défauts dans la construction, les responsables seront sévèrement punis », de façon à donner pleine satisfaction au public. La colère du peuple serait d'autant plus difficile à calmer, si une autre erreur dans la construction se révélait meurtrière : quatre cents réservoirs menacent de faire céder les barrages.

Les glissements de terrain dus au séisme ont provoqué des fissures et les averses persistantes dans les zones sinistrées pourraient engendrer des crues fatales. Le gouvernement a débloqué cinq millions d'euros pour évaluer et réparer ce qui peut l'être.

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