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Colombie

Les FARC confirment la mort de Marulanda et nomment un nouveau leader

Article publié le 25/05/2008 Dernière mise à jour le 26/05/2008 à 10:15 TU

Le gouvernement colombien l'avait annoncé samedi soir, la guérilla des FARC vient de le confirmer : Manuel Marulanda, le chef historique de l'organisation marxiste, est mort. Les FARC annoncent que c'est Alfonso Cano, considéré comme l'actuel responsable idéologique de la guérilla, qui va désormais en assurer le commandement. Du côté des familles des otages, la disparition du N°1 fait espérer des libérations. «Des choses se passent mais il faut rester prudent», a déclaré Nicolas Sarkozy, qui s’est engagé à obtenir la libération d’Ingrid Betancourt.  

Avec notre correspondante à Bogota, Marie-Eve Detoeuf  

Après la mort de Manuel Marulanda (d), Alfonso Cano prend les rênes de la guérilla.  Les deux hommes, en 2000.(Photo: AFP)

Après la mort de Manuel Marulanda (d), Alfonso Cano prend les rênes de la guérilla. Les deux hommes, en 2000.
(Photo: AFP)

La disparition du chef guérillero est ici perçue d’abord comme un fait historique. Manuel Marulanda, qui est un fils de paysan, est mort à l’âge de 78 ans. Il en avait passé 60 dans le maquis. Il a été le fondateur et le commandant suprême des FARC tout au long de leur existence.

Depuis que la télé colombienne existe, elle parle de Marulanda. Alors l’armée ne peut pas vraiment revendiquer une victoire militaire, puisque Marulanda est, apparemment, mort de vieillesse. Mais la disparition du leader historique des FARC est incontestablement un coup dur pour l’organisation armée qui, depuis plusieurs mois, accumule les revers.

Le ministre de la Défense a annoncé dimanche matin une intensification des opérations militaires contre les chefs des FARC tout en les appelant à négocier la paix. Les FARC ont confirmé qu’Alfonso Cano avait pris la relève de Marulanda. C’est l’idéologue des FARC. Alors la question est ici de savoir s’il va tenter d’imposer une ligne plus politique à l’organisation armée, notamment sur le dossier des otages. Mais pour le moment ce n’est qu’un espoir : les FARC traversent sur le plan militaire un moment très difficile et un moment qui n’est pas forcément propice à l’ouverture des négociations.


Cano, un idéologue « modéré »


Le nouveau chef des FARC est un homme cultivé. A l'inverse de son prédécesseur Manuel Marulanda, qui lui, avait quitté l'école à l'âge de 13 ans, Alfonso Cano a fait des brillantes études en droit et anthropologie à la faculté de Bogota.

A son entrée à l'université, en 1968, il s'engage au sein des jeunesses communistes colombiennes, dont il devient rapidement le dirigeant. Ses anciens condisciples se souviennent d'un personnage tolérant envers les positions de ses adversaires, toujours à la recherche d'une issue politique.

« Pousser l'histoire »

Alfonso Cano, de son vrai nom Guillermo Leon Vargas, entre dans la clandestinité après l'assassinat par les paramilitaires et l'armée colombienne de quelque 3 000 militants de l'Union patriotique, un mouvement qui réunissait des communistes et des militants de gauche.

Son rapprochement avec les FARC se fait alors très rapidement. Depuis 1990, Alfonso Cano est membre du Secrétariat, l'organe dirigeant de la guérilla. Aujourd'hui, la succession de cet idéologue, âgé de 59 ans, au poste de Manuel Marulanda fait renaître l'espoir en Colombie.

On espère qu'Alfonso Cano sera susceptible de relancer le dialogue avec le gouvernement, comme en 1991 quand il avait joué un rôle important dans les négociations de paix. Les familles des otages voient déjà en lui leur nouvel interlocuteur. La mère et la sœur d'Ingrid Betancourt l'ont appelé hier à « pousser l'histoire » et libérer les otages.


A noter que Bernard Kouchner, le chef de la diplomatie française, a qualifié de « très bonne nouvelle » l'annonce par le président colombien Uribe que certains membres des FARC, qui retiendraient des otages dont Ingrid Betancourt, étaient prêts à les livrer. Mais le ministre français a ajouté qu'il craignait un assaut de l'armée colombienne qui mettrait en danger la vie des otages. La famille d'Ingrid Betancourt, qui est aux mains des FARC depuis plus de six ans, a demandé à plusieurs reprises à la Colombie de ne pas engager d'opérations militaires pour libérer les otages par la force.

Jean-Jacques Kourliandsky

Auteur de «Ingrid Betancourt, par-delà les apparences», analyse la situation des FARC après la mort de leur leader.

« On dit très souvent que c'est grâce à lui, chef incontesté du mouvement depuis ses origines, que les FARC ont maintenu, jusqu'ici, leur unité. »

écouter 0 min 55 sec

25/05/2008 par Sylvain Biville

Timoléon Jimenez

Porte-parole des FARC

« Il est décédé dans les bras de sa camarade, entouré de sa garde personnelle et des unités qui assuraient sa sécurité. »

A écouter

La France se montre prudemment optimiste

« Les appels répétés de Nicolas Sarkozy à Manuel Marunda sont restés lettres mortes[...] Rien n'indique que la mort du chef historique des FARC permette un déblocage rapide. »

26/05/2008 par Sylvain Biville