par RFI
Article publié le 03/06/2008 Dernière mise à jour le 04/06/2008 à 12:52 TU
Le tribunal correctionnel de Tiaret, ville située à 200 kilomètres au sud-ouest d’Alger, a condamné mardi quatre Algériens convertis au christianisme à des peines de six mois et deux mois de prison avec sursis pour « pratique illégale d’un culte non-musulman ». Un des condamnés devra payer une amende de 2 000 euros et les trois autres 1 000 euros. Deux des accusés ont été relaxés. Les six avaient été interpellés à Tiaret, début mai, à la sortie du domicile de l’un d’eux et ont été accusés d’avoir participé à une messe dans ce lieu qui, selon les forces de sécurité, n’est pas prévu à cet effet. Selon une loi controversée de 2006, le lieu de culte et son servant doivent être agréés par le ministère des Affaires religieuses.
L’avocate des condamnés, maître Khelloudja Khalfoun, tout en considérant que la justice « a mis de l’eau dans son vin », a déclaré qu’elle allait faire appel de ce jugement, car, selon elle, seuls les quatre prévenus qui avaient confirmé leur conversion au christianisme ont été condamnés. Les deux autres ont été relaxés, car ils avaient nié s’être convertis.
Avocate des accusés
« La justice a quand même mis de l'eau dans son vin, elle a essayé de diluer mais pas question de laisser tomber les poursuites. »
La Fédération protestante de France a rappelé son soutien aux chrétiens d'Algérie « au moment où plusieurs protestants et évangéliques algériens sont jugés pour exercice illégal d'un culte non musulman et encourent des peines de prison ferme ».
Dans un communiqué publié lundi, la Fédération dénonce le dénigrement de chrétiens, accusés sans fondement de vouloir favoriser l'ingérence étrangère dans leur pays. Elle s'interroge également sur les mobiles réels qui incitent des représentants des pouvoirs publics à discréditer ainsi leurs propres concitoyens.
De son côté, le président de l'Eglise protestante d'Algérie, Mustapha Krim, a souligné que « les Algériens sont libres de choisir leur foi, comme ils le désirent. La Constitution le garantit ».
Président de l'Eglise protestante d'Algérie
« On est des chrétiens, des citoyens algériens comme les autres. On veut assumer notre foi en toute liberté. »
Le tribunal de Tiaret a reporté le 27 mai dernier sa décision dans le procès d’une chrétienne convertie, Habiba Kouider, 37 ans, jugée également pour exercice illégal d’un culte non musulman et demandé un « complément d’enquête ». Elle avait été interpellée, début avril, par des gendarmes en possession d’une dizaine d’exemplaires de la Bible. Le tribunal correctionnel de Tissemsilt doit, de son côté, se prononcer le 18 juin dans un procès pour prosélytisme de deux autres Algériens convertis.