par Myriam Berber
Article publié le 04/06/2008 Dernière mise à jour le 26/01/2009 à 16:26 TU
Le développement de l’agriculture, qui a permis dans les années 70 et 80 à l’Inde et à la Chine d’échapper à la famine, ne s’est pas produit en Afrique. Pour remédier à cette situation, il faut aider les pays africains à faire leur propre révolution verte. A l’occasion du sommet de la FAO sur la crise alimentaire, trois agences des Nations unies - le Programme alimentaire mondial, la FAO et le FIDA (Fonds international pour le développement de l’agriculture) - et l’AGRA (Alliance pour une révolution verte en Afrique) ont signé, le 4 juin 2008 à Rome, un protocole en ce sens. L'idée de base de l’ancien patron de l’ONU est d'aider les petits exploitants agricoles à se développer « pour qu'ils puissent nourrir plus de gens sur place ».
Le président de l’AGRA Kofi Annan qui a présidé la séance de signature, espère faire augmenter la production agricole de 6% par an. Ce partenariat « met l'accent sur les petits producteurs agricoles et se concentre spécifiquement sur plusieurs zones, où il y a de bonnes terres et de bonnes précipitations», a expliqué l’ancien secrétaire général de l’ONU. Un protocole d’accord sans précédent, selon lui, puisqu’il va permettre de « réduire l'aide alimentaire apportée à l'Afrique ».
Augmenter la productivité agricole
Kofi Annan, ancien secrétaire général de l'ONU et actuel président de l'AGRA, l'Alliance pour une révolution verte en Afrique.
(Photo : Reuters)
Le projet de Kofi Annan parie sur l’aide aux pays africains pour améliorer leur productivité agricole. L’Afrique est, en effet, le seul continent où la production agricole par habitant a diminué, ces trente dernières années. En cause, l’exportation des pays du Nord et les politiques internationales mal adaptées. Les fameux programmes d’ajustement structurels menés par le FMI, dans les années 80, ont négligé l’agriculture et les investissements nécessaires dans le secteur. Aujourd’hui, l’activité agricole des pays en développement est, de nouveau, au centre des priorités du FMI et de la Banque mondiale. La Banque mondiale, a par exemple, décidé de doubler ses prêts agricoles en Afrique, en les portant ainsi à 800 millions de dollars, pour l’année 2009.
Président de l'AGRA
« Nous aiderons les petits producteurs à se développer ».
Il y a deux façons d’accroître la production agricole : l’augmentation des surfaces et celle des rendements. Selon la FAO, près de 210 millions d’hectares sont cultivés en Afrique, alors que plus de 1 milliard pourrait l’être, dont 400 millions d’hectares de très bonnes terres. Le but de cette révolution verte est d’augmenter les surfaces arables utilisées, et surtout d’en augmenter le rendement. Cette révolution verte nécessite également une infrastructure rurale minimale. Chaque village devrait disposer d’un véhicule pour y apporter l’engrais et pour emporter les récoltes aux marchés. De nombreux villages africains sont, en effet, complètement isolés, et donc encore incapables d’acheter les éléments nécessaires à la production ou de vendre ce qu’ils produisent. C’est pourquoi ce protocole d’accord signé ce mercredi à Rome prévoit également d’assurer « des infrastructures pour le développement des terres agricoles ». Mais pour Kofi Annan, il ne fait aucun doute que l’accroissement de la productivité agricole doit être combiné à la protection de l’environnement. Il l’a redit à la tribune de la FAO ce mercredi « nous voulons mettre en place une révolution verte qui reconnaisse la biodiversité, qui respecte et s’adapte aux différentes régions et aux différentes plantes et semences ».
La FAO, le PAM, le FIDA et l’AGRA devraient participer chacun dans leur domaine de compétence à cette révolution verte. Le PAM devrait dynamiser les marchés agricoles africains, en achetant plus de produits. Le FIDA devrait se concentrer sur l’augmentation des capacités de productions des petits exploitants agricoles et le renforcement de leur accès au marché mondial. Enfin, la FAO et l’AGRA devraient fournir plus d’intrants, comme les engrais.