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Zimbabwe

Diplomates malmenés : vague de protestations

par  RFI

Article publié le 05/06/2008 Dernière mise à jour le 06/06/2008 à 14:29 TU

Les diplomates se trouvaient à Bindura, à 80 kilomètres au nord-est d'Harare, où selon l'ambassade américaine, ils enquêtaient sur les violences politiques à l'approche du second tour de la présidentielle prévu pour le 27 juin. Les représentants des ambassades britannique et américaine ont été retenus par la police pendant plusieurs heures et leur chauffeur a été tabassé. L’incident a provoqué la fureur de Washington et de Londres qui en ont immédiatement parlé au Conseil de sécurité de l’ONU.
Depuis le dépouillement du premier tour de la présidentielle, les tensions et les incidents se multiplient.(Photo : Marina Burgeon/RFI)

Depuis le dépouillement du premier tour de la présidentielle, les tensions et les incidents se multiplient.
(Photo : Marina Burgeon/RFI)

Jeudi matin vers 10 heures, selon un responsable de l'ambassade américaine, un convoi de trois véhicules transportant 4 diplomates britanniques, 5 Américains et des employés locaux est arrêté à Bindura. Les diplomates sont priés de se rendre au poste de police. Ils refusent, arguant de leur immunité diplomatique, et font demi-tour pour reprendre la route d'Harare.

Selon notre source à l'ambassade américaine, c'est là que les véhicules sont pris en chasse par la police. « Ils ont essayé de pousser le véhicule de l'ambassade dans le fossé et à un autre barrage, près de Mazowe, des policiers l'ont arrêté et sont venus lacérer les pneus de la voiture ». « Des soldats et des soi-disant vétérans de la guerre d'indépendance ont encerclé le véhicule menaçant de le brûler », poursuit notre source.

Un employé zimbabwéen de l'ambassade aurait même été légèrement blessé pendant les six heures de détention qui se sont achevées vers 16 heures 30, heure locale.

Selon le diplomate américain, les forces de l'ordre les accusaient d'avoir distribué de l'argent et des prospectus en faveur de l'opposition. Le ministre adjoint de l'Information, à Harare, affirme, lui, que les Américains et les Britanniques ont été arrêtés après avoir pris la parole lors d'un rassemblement de l'opposition.

Quoi qu'il en soit, cette nouvelle entrave faite au travail des diplomates occidentaux suscite la colère à Washington et à Londres. Le ministre britannique des Affaires étrangères parle d'un « incident grave ». La Maison Blanche déclare qu’il s’agit d'une attaque inacceptable. Les deux pays ont porté l'affaire devant le Conseil de sécurité.

Jendayi Frazer

Secrétaire d'Etat adjointe aux Affaires africaines

« Les vétérans de la guerre ont dit à nos diplomates que s’ils ne sortaient pas de leur voiture, ils seraient brûlés vifs, la police était à leur coté, elle a cautionné leur opération... »

écouter 1 min 03 sec

06/06/2008 par Nicolas Champeaux

Jendayi Frazer

secrétaire d'Etat adjointe aux Affaires africaines

« Le Zimbabwe est désormais un problème internationale, les pays de la SADC n’ont pas su y répondre… Il faut que le Conseil de sécurité des Nations Unies s’empare du problème ».

Le Conseil de sécurité préoccupé


Avec notre correspondant à New York, Philippe Bolopion

Les diplomates britanniques et américains ont décidé de ne pas laisser passer l'incident. Ils ont réclamé, jeudi, des consultations du Conseil de sécurité. L'Afrique du Sud, alliée du Zimbabwe, ainsi que la Chine, n'ont pas voulu de condamnation claire des autorités zimbabwéennes. Mais sous la pression des autres pays, ils ont laissé le représentant américain, qui préside le Conseil ce mois-ci, prononcer une déclaration officieuse a minima.

Selon cette déclaration, le Conseil est préoccupé par l'incident, et rappelle la nécessité de respecter l'immunité des diplomates en poste au Zimbabwe. Le Conseil de sécurité continuera à suivre la situation, prévient le texte.

La représentante britannique s'est félicitée de ces consultations, qui prouvent, selon elle, que le Conseil ne tolèrera pas ce genre de violation des conventions diplomatiques. L'incident est, selon elle, symptomatique du climat grandissant de violence et d'intimidation à moins d'un mois du second tour de l'élection présidentielle.

La diplomate britannique espère que le Conseil de sécurité sera informé dans les prochains jours de l'évolution de la situation. Il est, selon elle, très important que les élections soient surveillées par des observateurs régionaux, qui puissent circuler librement dans le pays, avec le soutien de l'ONU.