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Justice internationale

Un accusé du TPIY arrêté par Belgrade

par Stéphanie Maupas

Article publié le 11/06/2008 Dernière mise à jour le 11/06/2008 à 13:52 TU

Un ancien policier serbe a été arrêté, ce mercredi, à Belgrade. Stojan Zupljanin faisait partie des quatre derniers fugitifs recherchés par le tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Son arrestation intervient quelques semaines après les élections législatives en Serbie, remportées par les pro-européens du parti démocrate. 

L'affiche où figurent les quatre fugitifs recherchés par le tribunal : Radovan Karadzic, Ratko Mladic, Goran Hadzic et Stojan Zupljanin qui vient d'être arrêté.(Photo : AFP)

L'affiche où figurent les quatre fugitifs recherchés par le tribunal : Radovan Karadzic, Ratko Mladic, Goran Hadzic et Stojan Zupljanin qui vient d'être arrêté.
(Photo : AFP)

La police de Serbie a mis un terme aux huit années de cavale de Stojan Zupljanin, accusé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre par le tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), pour tortures, persécutions, meurtres, mauvais traitements, actes inhumains et destruction.

Entré dans la police sous le régime de Tito, le fugitif était devenu conseiller du président de la République des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic. Peu après son arrestation dans les environs de Belgrade, l’accusé a été conduit devant un juge du tribunal spécial sur les crimes de guerre de Serbie, et devrait être transféré rapidement au siège du tribunal international à La Haye.

Une opération de l’équipe « crimes de guerre » de Belgrade

Conduite par le procureur du tribunal spécial « crimes de guerre » de Belgrade, Vladimir Vukcevic, l’opération a été saluée par le président du Conseil national de la coopération avec le tribunal de La Haye, Rasim Ljajic, selon lequel « l’arrestation prouve que la Serbie fait tout pour faire face à ses engagements » vis à vis du tribunal de La Haye. Stojan Zupljanin était l’un des quatre derniers fugitifs recherchés par le tribunal. Mais trois hommes sont toujours dans le viseur du procureur : les ex-chefs politique et militaire des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, Ratko Mladic et enfin, Goran Hadzic qui avait présidé l’éphémère République des Serbes de Croatie pendant la guerre.

A La Haye, le procureur Serge Brammertz s’est dit satisfait de ce nouveau développement ; il a estimé que « cela confirme que les trois derniers fugitifs se trouvent eux aussi en Serbie ». En mars, une tentative d’arrestation contre Zupljanin, dans la ville de Nis, au sud de la Serbie, s’était soldée par un échec. Devant le Conseil de sécurité des Nations unies, début juin, Serge Brammertz avait estimé qu’ « aucun progrès notable n’a été constaté ces six derniers mois dans ce domaine pourtant crucial de la coopération. Pour expliquer cet échec, les autorités invoquent notamment le climat d’incertitude politique qui règne en Serbie depuis le début de l’année. J’espère que le nouveau gouvernement saura donner aux services de sécurité et à la division du parquet spécialisé dans les affaires de crimes de guerre les moyens de rechercher, d’appréhender et de transférer les fugitifs » ajoutait-il.

Climat politique sensible

L’arrestation de Stojan Zupljanin porte à 42 le nombre d’accusés arrêtés par la Serbie depuis la chute de Slobodan Milosevic. La politique mise en place par l’ancienne procureur du TPIY, Carla del Ponte, grâce à laquelle l’Union européenne notamment conditionnait les négociations d’entrée dans l’Europe à l’arrestation des fugitifs, avait porté ses fruits. En avril cependant, les Vingt-Sept avaient reculé en procédant à la signature, avec la Serbie, d’un accord de stabilisation et d’association, l’une des étapes préalables à l’entrée dans l’Europe, malgré les oppositions de la Belgique et des Pays-Bas. Plus discret, le successeur de Carla del Ponte, Serge Brammertz, préférait laisser aux Européens l’initiative et limitait ses déclarations.

L’arrestation de M. Zupljanin est aussi la première depuis les élections législatives du 11 mai en Serbie, dont le Parti démocrate, pro-européen, était sorti vainqueur. Des négociations sont en cours pour la formation d’un gouvernement de coalition, au sein duquel pourraient siéger les membres du Parti socialiste de Serbie (SPS) de l’ex- président yougoslave Slobodan Milosevic. Mais ces derniers sont ouvertement opposés à tout transfèrement de ressortissants serbes vers La Haye.