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Pakistan/Afghanistan

Mise en garde de Karzaï

Article publié le 15/06/2008 Dernière mise à jour le 15/06/2008 à 23:27 TU

Le président afghan a revendiqué dimanche le droit de poursuivre les «terroristes» au-delà de la frontière afghane avec le Pakistan. Islamabad estime pour sa part qu’il est de la responsabilité de Kaboul de ne pas avoir réussi à contenir les talibans.

Avec notre correspondante à Kaboul, Constance de Bonaventure

Le président afghan Hamid Karzaï a adressé dimanche 15 juin 2008, une sévère mise en garde au Pakistan.(Photo: Reuters)

Le président afghan Hamid Karzaï a adressé dimanche 15 juin 2008, une sévère mise en garde au Pakistan.
(Photo: Reuters)

C'est un avertissement, ou même une menace, que le président afghan Hamid Karzaï a lancé au Pakistan. « L'Afghanistan a le droit de se défendre. Puisque des militants traversent la frontière pour tuer des soldats afghans et des soldats étrangers, nous pouvons faire la même chose », a déclaré Hamid Karzaï.

Plus précisément, le chef de l’Etat afghan a mentionné les noms de Baïthullah Mehsud et du mollah Omar, principaux chefs rebelles talibans cachés dans les zones tribales pakistanaises d'où ils préparent leurs attaques contre les forces militaires afghanes et internationales.

C'est la première fois que le président afghan menace directement d'envoyer ses troupes au Pakistan afin d'y combattre les nombreux militants qui s'y cachent. La semaine dernière, le nouveau commandant des forces de l'Otan en Afghanistan, avait quant à lui, tenu des propos similaires au moment de sa prise de fonction. En cas de légitime défense, il est possible que l'Otan intervienne au Pakistan, avait-il déclaré.

On sait par ailleurs que des drones américains ont bombardé à plusieurs reprises des zones pakistanaises depuis 2001. La porosité de la frontière afghano-pakistanaise est source de tension majeure entre les deux Etats.

Les autorités afghanes accusent régulièrement le Pakistan d'héberger des groupes talibans. Quant au Pakistan, il souhaite la reconnaissance par l'Afghanistan de sa frontière, la fameuse ligne Durand, qui fût établie à la fin du XIXème siècle par les Britanniques.

Après la sévère mise en garde du président afghan, Hamid Karzaï à l'adresse de son voisin pakistanais, Islamabad estime pour sa part que Kaboul et les forces internationales, incapables de vaincre les talibans en Afghanistan, sont à l'origine de leur repli en territoire pakistanais et des violences qui ensanglantent le Pakistan.

Avec notre correspondante à Islamabad, Nadia Bletry

« Nous n'intervenons pas dans les affaires internes d'autres pays. En conséquence, nous n'accepterons aucune ingérence chez nous », a soutenu avec fermeté Youssouf Raza Gilani ,le Premier ministre pakistanais. Il répondait en fait à la déclaration du président afghan.

Invoquant la légitime défense, Hamid Karzaï a affirmé dimanche, que les troupes afghanes pourraient franchir la frontière pour aller détruire les repaires de terroristes basés au Pakistan.

La tension est de plus en plus vive ces dernières semaines entre les deux pays frontaliers qui s'accusent mutuellement de ne pas lutter assez efficacement contre les talibans. Kaboul reproche à son voisin d'héberger des militants islamistes.

Islamabad, qui a déployé plus de 80 000 hommes le long de sa frontière commune avec l'Afghanistan, estime de son côté que les autorités de Kaboul ne contrôlent pas suffisamment leurs frontières.

Bien que l'Afghanistan et le Pakistan soient tous deux engagés auprès des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme, leur relation est tendue et leur stratégie diverge.

Le gouvernement d'Islamabad, élu en février dernier, a opté pour une nouvelle politique à l'égard des talibans pakistanais, le dialogue plutôt que la guerre.