Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Zimbabwe

Une dernière chance pour les négociations

Article publié le 23/06/2008 Dernière mise à jour le 24/06/2008 à 15:15 TU

Malgré l’annonce du retrait du candidat de l’opposition Morgan Tsvangirai dimanche, le régime zimbabwéen a appelé ses partisans à continuer de faire campagne pour le second tour de l'élection présidentielle le 27 juin. Que le vote ait lieu ou non, la victoire sera servie sur un plateau d’argent à Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1980. Mais le « père de la nation » n’a plus aucune légitimité.
Un véhicule de police quitte le siège du Mouvement pour le changement démocratique, à Harare, le 23 juin 2008.(Photo : Reuters)

Un véhicule de police quitte le siège du Mouvement pour le changement démocratique, à Harare, le 23 juin 2008.
(Photo : Reuters)


De notre correspondante régionale, Valérie Hirsch

Sans surprise, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont appelé la communauté internationale à ne pas reconnaître le régime du président Robert Mugabe… Les pays occidentaux ont toutefois peu de moyens de pression contre Mugabe – qualifié « d’escroc et d’assassin » par Bernard Kouchner. Tous estiment que la balle est dans le camp de l'Afrique et en particulier du président sud-africain qui joue le rôle de médiateur au Zimbabwe au nom de la SADC (Communauté des pays d’Afrique australe). Seuls l’Afrique du Sud et le Mozambique (par où transitent la plupart des marchandises importées au Zimbabwe) sont, en effet, en mesure de faire plier Mugabe.

Mais l’heure n’est pas encore à des sanctions, loin de là. Thabo Mbeki, qui avait appelé à l’annulation du second tour, croit toujours à la possibilité de former un gouvernement d’union nationale au Zimbabwe. Réfugié à l’ambassade des Pays-Bas, Tsvangirai s'est dit prêt à négocier si les violences s’arrêtent, alors que lundi la police avait une nouvelle fois investi le siège de son parti à Harare.

Les derniers événements vont-ils donner un coup de fouet à des négociations ?  « Non, parce que Mugabe est imperméable à la persuasion. La seule manière de le forcer à négocier est de l’isoler sur le plan international », affirme Ibrahim Fakir, chercheur au Centre d’études politiques, à Johannesburg… Plusieurs pays (Zambie, Botswana, Angola, Swaziland) estiment qu’il est temps que la SADC montre les dents. « Son silence est scandaleux », a déclaré récemment le président zambien, Levy Mwanawasa, qui préside l’organisation régionale. Mais jusqu’à présent, Mbeki a empêché toute critique à l’égard de son encombrant voisin, au nom de sa fameuse « diplomatie silencieuse ». « En réalité, la solidarité de Mbeki à l’égard des leaders des mouvements de lutte anticoloniale a toujours primé sur le respect de la démocratie, affirme George Katito, de l’Institut des relations internationales à Johannesburg. Il a aussi toujours considéré le MDC avec méfiance, à cause de ses liens supposés avec la CIA ». S’il avait haussé le ton, Mugabe n’aurait pas non plus manqué de dénoncer l’impérialisme régional sud-africain comme il l’a fait avec succès à l’égard des Occidentaux, en les accusant de visées néocolonialistes.

Le président sud-africain est toutefois mis sous pression, au sein de son propre parti, pour changer de discours. Dimanche, le président de l’ANC, Jacob Zuma, a dénoncé le parti de Mugabe, qui « a fait plus qu’un virage à droite, c’est un danger que connaissent tous les mouvements de libération ». Un bon test pour Pretoria sera le débat qui devrait avoir lieu cette semaine au Conseil de sécurité des Nations unies. Jusqu’à présent, la Chine et l'Afrique du Sud – qui siègent pour deux ans au Conseil – ont bloqué toute discussion. « Si l’ONU imposait des sanctions contre le Zimbabwe, l’Afrique du Sud ne pourrait pas se dérober », pense l’expert politique Moeletsi Mbeki, le propre frère du président. L’heure n’est pas aux sanctions. Un timide premier pas serait déjà d’élargir, comme l’a encore demandé hier Tsvangirai, la médiation de la SADC pour y inclure d’autres leaders.

A écouter

Morgan Tsvangirai réfugié à l'ambassade des Pays-Bas

« Depuis son nouveau refuge, Morgan Tsvangirai a déclaré qu'il souhaitait que l'élection présidentielle soit annulée ».

23/06/2008 par Nicolas Champeaux