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Tchad

Carnage à Kouno

par  RFI

Article publié le 03/07/2008 Dernière mise à jour le 04/07/2008 à 10:14 TU

Cheikh Ahmet Ismaël Bichara (D) et un de ses fidèles présentés à la presse à Ndjamena, le 2 juillet 2008, après leur arrestation. (Photo : AFP/ABBA ALI KAYA)

Cheikh Ahmet Ismaël Bichara (D) et un de ses fidèles présentés à la presse à Ndjamena, le 2 juillet 2008, après leur arrestation.
(Photo : AFP/ABBA ALI KAYA)

72 personnes sont mortes, dimanche, dans la localité de Kouno, à 300 kilomètres au sud-est de Ndjamena, où un chef islamiste et 700 de ses fidèles venaient d'entrer, brûlant les cases et les églises. D'après le gouvernement tchadien, les victimes sont presque toutes des adeptes de ce chef islamiste. Ils ont été tués alors que le marabout refusait de se rendre aux gendarmes, qui ont perdu quatre des leurs. Mais ils ont pu arrêter le prédicateur et sept de ses lieutenants. Une enquête est en cours.

Les incidents ont eu lieu à Kouno, une localité située à 300 kilomètres au sud-est de la capitale Ndjamena. (Carte : H.Maurel/RFI)

Selon les autorités tchadiennes, un « gourou suicidaire », voulant « propager la guerre sainte jusqu'au Danemark » a provoqué dimanche la mort dans le sud-est du Tchad de 68 adeptes et de quatre gendarmes en refusant de se rendre après avoir investi un village et brûlé ses cases et églises. « C'est ce que le Coran m'a dit de faire. Tout musulman doit faire la guerre sainte », a affirmé Cheikh Ahmet Ismael Bichara, âgé de 28 ans et originaire de Mongo (centre du Tchad) lors de sa présentation, mercredi, à la presse à Ndjamena, où il a été transféré après son arrestation.

Petite barbe, djellaba blanche, menottes au poignet, le Cheikh Ahmet Ismael Bichara a été présenté mercredi au commissariat central de Ndjamena. Selon plusieurs témoins, il n'a exprimé aucun regret. C'est à la fin 2005 que ce jeune marabout a ouvert sa première école coranique à quatre kilomètres de Kouno. Il se dit investi d'un pouvoir divin, se présente comme le messie. Petit à petit, des fidèles le rejoignent, de plus en plus nombreux, jusqu'à former un véritable petit village autour d'une mosquée au toit de chaume. Les femmes sont voilées, séparées des hommes.

Balles réelles

Le 3 juin dernier, le cheikh signe un manifeste : « Nous sommes organisés pour déclarer une guerre sainte jusqu'au Danemark ». Il n’a pas précisé si l’attaque avait pour motivation la publication de caricatures du prophète Mahomet dans la presse danoise. Les autorités ont tenté une médiation, en vain. Selon le gouvernement tchadien, les islamistes étaient 700 à prendre d'assaut la localité de Kouno dimanche, brûlant 150 cases, quatre églises, un dispensaire et la gendarmerie.

Selon le ministre de la Communication Mahamat Hissène, ils ont fait descendre le drapeau national qui flottait devant la sous-préfecture, pour le remplacer par un drapeau blanc où il était inscrit « il n'y a de Dieu que Allah, et Mohammed est son prophète ». Le ministre a souligné que les islamistes « étaient armés de sabres, de gourdins, de flèches empoisonnées. Ils ont attaqué les gendarmes. Ils se pensaient immortels ». Selon lui, c'est pour se défendre que les forces de l'ordre ont tiré à balles réelles. Une mission de la section nationale de recherche judiciaire est partie sur place.

Mahamat Hissene

Ministre tchadien de la Communication

« Le marabout et ses adeptes ont pris le contrôle de la localité, ils ont brulé 153 cases appartenant à des familles non musulmanes, ils ont brûlé 4 églises ».

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03/07/2008 par Carine Frenk

Selon les autorités tchadiennes, les forces de l’ordre « ont pu libérer 90 femmes et 121 enfants pris en otage par ce jihadiste ». L’attaque s’est produite dans le sud du pays, où la majorité de la population est animiste ou chrétienne, tandis que le nord du Tchad est majoritairement musulman.