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Tchad

Ndjamena accuse l'armée soudanaise de l'attaquer

Article publié le 17/06/2008 Dernière mise à jour le 17/06/2008 à 15:24 TU

La situation sécuritaire du pays continue de se dégrader alors que le gouvernement tchadien accuse l'armée soudanaise d'avoir attaqué la garnison d'Adé à la frontière tchado-soudanaise. Les humanitaires s'inquiètent et réduisent leur personnel. L'ambassade américaine a fait de même et pendant ce temps les combats dans l'Est du pays se poursuivent. Après Goz Beida, Am Dam, Biltine, c'est aujourd'hui la localité d'Am Zoer, à environ 70 kilomètres d'Abéché qui est le théâtre d'affrontements.

Des soldats de l'Eufor en patrouille près de Goz Beida, le 15 juin 2008.(Photo : Reuters)

Des soldats de l'Eufor en patrouille près de Goz Beida, le 15 juin 2008.
(Photo : Reuters)

En l'absence de source indépendante à Adé, il faut s'en tenir pour l'heure à la déclaration du gouvernement tchadien. Les autorités affirment que ce matin la garnison de la ville à été attaquée par des soldats soudanais appuyés par des hélicoptères de combats. L'UFCD, le groupe rebelle présent dans les environs, affirme ne pas avoir lancé d'offensive contre Adé et pour le porte-parole du gouvernement, le Soudan vient de faire tomber le masque en attaquant directement. Attaque, dit-il, qui mérite une réaction forte de la communauté internationale. Khartoum dément cette opération et assure que ce sont les rebelles du Darfour soutenus par le Tchad qui ont attaqué Adé mais Adé au Soudan.

A Am Zoer, les combats ont commencé au petit matin vers 7h00. Face à face, selon des sources concordantes, les troupes gouvernementales et les rebelles de l'alliance nationale se sont affrontées pendant une heure trente. Des combats violents, dit-on des deux côtés. Pour l'heure, tout le monde revendique la victoire d'Am Zoer.

Une source militaire tchadienne confie qu'il n'est pas encore possible d'établir un bilan des combats mais assure que les rebelles ont été, « attrapés par la patrouille et qu'ils fuient vers le Soudan en abandonnant leur matériel ».

Au sein de la rébellion, la déclaration est à l'extrême opposé. Le porte- parole de la coalition dirigée par Mahamat Nouri affirme que ce sont ses hommes qui tiennent la ville. « Les forces de l'alliance nationale dit-il, ont tué près de 100 soldats dans l'attaque, détruit et récupéré du matériel militaire ». La rébellion assure par ailleurs avoir fait une soixantaine de prisonniers dont Abdel Kerim Tcholé l'un des chefs du MJE (Mouvement pour la justice et l'égalité), la rébellion du Darfour qui appuie les forces gouvernementales tchadiennes.

L'Eufor vivement mise en cause par Déby

Il y a aussi cette déclaration, ce lundi, du chef de l'Etat. Idriss Déby a publiquement remis en cause l'utilité de l'Eufor, la force européenne déployée dans l'est du pays et dans le nord de la Centrafrique. Des propos durs au cours desquels Idriss Déby accuse la force européenne d'avoir, « coopérer avec les envahisseurs à la première épreuve hostile, d'avoir laissé emporter les véhicules des humanitaires, incendier leurs stocks de vivres et de carburants, et d'avoir fermé les yeux devant le massacre programmé des populations civiles et des réfugiés ». Bref des propos fort peu diplomatiques.

Pour l'heure, on ne commente pas ces déclarations au sein de l'Union européenne ou dans dans les rangs de l'Eufor mais on peut les replacer dans leur contexte. Les rebelles qui ont beaucoup critiqué l'Eufor lors de son installation semblent aujourd'hui avoir réglé leurs problèmes avec les soldats européens. « Ils nous respectent, on les respecte » assure l'un des membres de la rébellion. Idriss Déby voudrait sûrement que la situation change et que l'Eufor se range derrière l'armée nationale.

Si Bernard Kouchner a déclaré que la France n'interviendra plus au Tchad, le Conseil de sécurité des Nations unies a condamné fermement, ce lundi, les attaques rebelles. Nul doute que le président tchadien espère que l'Eufor appliquera sur le terrain les propos de l'ONU. Surtout que l'échéance de la revue à mi-mandat de l'Eufor approche. Celle-ci doit se tenir dans la semaine.

Les Européens ne devraient pas faire évoluer le mandat de la force mais en mettant la pression sur les diplomates, plusieurs sources considèrent que le chef de l'Etat essaye de préparer l'avenir. Une force onusienne pourrait remplacer l'Eufor après avril 2009 et, pour Idriss Déby, celle-ci ne devra pas être neutre mais assurer la sécurité du Tchad contre ceux qu'il appelle « les mercenaires à la solde du Soudan ».