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Zimbabwe

La vidéo qui accuse

par  RFI

Article publié le 06/07/2008 Dernière mise à jour le 06/07/2008 à 06:19 TU

Comment la fraude électorale a-t-elle été organisée, lors du 2e tour de l'élection présidentielle ? Le quotiden britannique The Guardian publie sur son site un film de 10 mn tourné par un gardien de la prison centrale de Harare, accablant. De leur côté les syndicats sud-africains haussent le ton : la puissante Cosatu a manifesté samedi à Bitbridge, le principal poste-frontière entre les deux pays. Le président et médiateur sud-africain Thabo Mbeki était lui à Harare en visite éclair, pour tenter de se faire rencontrer le président Mugabe et son opposant Morgan Tsvangirai .
Le président du Zimbabwe Robert Mugabe (d) serre la main du dissident du MDC Arthur Mutambara (g) lors d'une réunion organisée avec le président sud-africain Thabo Mbeki. Le président du MDC, Morgan Tsvangirai, a refusé de venir.(Photo : AFP)

Le président du Zimbabwe Robert Mugabe (d) serre la main du dissident du MDC Arthur Mutambara (g) lors d'une réunion organisée avec le président sud-africain Thabo Mbeki. Le président du MDC, Morgan Tsvangirai, a refusé de venir.
(Photo : AFP)

ll devait faire une chronique de la vie quotidienne en prison : il s'est retrouvé, par hasard, témoin d'une fraude électorale.

Dans son film, tourné en caméra cachée, on le voit lui, Youda, et les autres gardiens en train de recevoir chacun à leur tour des mains d'un homme identifié comme un responsable de la prison, une enveloppe contenant leur matériel électoral pour voter par correspondance. Pas d'isoloir, pas de vote secret. Guidés par le responsable de la prison et sous l'oeil attentif de militants de la Zanu-PF, ils doivent remplir leur bulletin de vote en cochant la bonne case, celle de Robert Mugabé. Le bulletin est ensuite plié et placé dans une enveloppe par leur chef.

Autre scène filmée : dans une salle sont réunis tous les gardiens de la prison. Un dirigeant les intimide : « Tsvanguiraï, même si vous votez pour lui, même s'il gagne, il ne dirigera jamais ce pays : vous entendez : il ne dirigera jamais ce pays ». Puis apparaît à l'image le prisonnier le plus célèbre du moment : le numéro deux de l'opposition, Tendaï Biti, qui depuis a été remis en liberté sous caution, mais qui risque toujours la peine de mort pour subversion. On le voit, chaînes au pied, mais souriant et détendu, comme en un moment de liberté paradoxal dans un climat de menaces et de tension.

Depuis qu'il a tourné ce document, l'auteur de ces images, Youda a fui le pays avec sa femme enceinte et leurs enfants pour une destination tenue secrète.

La Cosatu hausse le ton

Parmi les manifestants qui ont bloqué pacifiquement le poste frontière de Beitbridge, étaient présents des membres du congrès des syndicats zimbabwéens passés en Afrique du sud pour l’occasion.

La Cosatu a réitéré ses appels à l’Union africaine et à la SADC pour qu'ils rejettent le gouvernement de Robert Mugabe  et dénoncent les violations des droits de l’homme en cours au Zimbabwe. D’après le porte-parole de la Cosatu, Patrick Craven, la manifestation était également destinée à montrer aux Zimbabwéens que ce ne sont  pas eux qui sont isolés mais leur soi-disant président.

La centrale  syndicale a déclaré, cette semaine, que cette action était la première d’une longue série destinée à faire pression sur les leaders africains pour rétablir la démocratie au Zimbabwe. 

Jan Tsiane

Secrétaire général de la Cosatu dans la province du Limpopo

« Nous demandons que les milices utilisées pour torturer et harceler les Zimbabwéens soient dissoutes... La situation politique doit être normalisée. »

écouter 01 min 06 sec

06/07/2008 par Stanislas Ndayishimiye