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Zimbabwe / Union africaine

Pas de condamnation mais un compromis pour Mugabe

par  RFI

Article publié le 30/06/2008 Dernière mise à jour le 01/07/2008 à 12:45 TU

Le président zimbabwéen Robert Mugabe au sommet de l'Union africaine à Charm el-Cheikh, en Egypte, le 30 juin 2008.(Photo : Reuters)

Le président zimbabwéen Robert Mugabe au sommet de l'Union africaine à Charm el-Cheikh, en Egypte, le 30 juin 2008.
(Photo : Reuters)

L'Union européenne est très critique, les Etats-Unis préparent une résolution demandant des sanctions contre le Zimbabwe et l'Italie rappelle son ambassadeur à Harare. Mais le sommet de l'Union africaine, réuni lundi à Charm el-Cheikh, s’est abstenu de toute condamnation et cherche une solution négociée. Une session à huis clos se tient ce mardi matin sur le Zimbabwe.

Le 11e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine s'est donc ouvert lundi matin à Charm el-Cheikh, en Egypte. Il devait être question, avant tout, de l'eau et de l'assainissement. Mais c'est à vrai dire le Zimbabwe qui a volé la vedette de cette rencontre. Robert Mugabe a officiellement été reconduit, ce dimanche, à la tête de son pays, à l'issue d'élections marquées par de nombreuses violences qui ont obligé son rival Morgan Tsvangirai à se désister du second tour qui a eu lieu vendredi dernier. Mugabe a ainsi retrouvé -sans encombre- sa place au sein de l'assemblée des chefs d'Etat de l’UA.

Jean Ping

Président de la Commission de l'Union africaine

« L'Afrique doit aider les parties zimbabweéennes à travailler ensemble afin de surmonter les défis de l'heure. »

Vu de Charm el-Cheikh

Assis dans son fauteuil, avec ses éternelles lunettes qui lui donnent un air sévère, Robert Mugabe a écouté, avec attention, le passage du discours de Jean Ping consacré au Zimbabwe. Les propos du président de la Commission de l’UA l’ont, sans doute, rassuré.

 

En se contentant de déclarer que l’Afrique doit tout faire pour aider les parties zimbabwéennes à travailler ensemble, Jean Ping était en service minimum. Aucune référence à la caricature d’élection, alors que les observateurs de l’UA présents sur place ont estimé, eux, que le scrutin n’avait pas été conforme aux normes démocratiques.

C’est donc clair, le club des chefs d’Etat d’Afrique ne critique pas l’un de ses membres.

 

Robert Mugabe obtient, ainsi, une légitimité africaine qui affaiblit, du même coup, les critiques de la communauté internationale. Il pourra, donc, avec la bénédiction de l’Afrique, se présenter comme la victime d’un Occident cherchant à recoloniser son pays, un exercice qu’il affectionne.

 

Cela dit, et selon une source diplomatique, un projet de déclaration sur le Zimbabwe proposé par l’Afrique du Sud est actuellement en négociation. Ce document devrait inviter la Zanu-PF et le MDC à travailler ensemble. L’idéal serait, selon la même source, que Robert Mugabe puisse gouverner avec, comme Premier ministre, Morgan Tsvangirai.

Jean-Karim Fall, l'envoyé spécial de RFI à Charm el-Cheikh, a pu rencontrer le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré. Un Blaise Compaoré selon qui, justement, l'Afrique doit s'intéresser un peu plus à ce qui se passe au Zimbabwe.  

Blaise Compaoré

Président du Burkina Faso

« Il faut que l'Afrique soit beaucoup plus intéressée par ce qui se passe au Zimbabwe et il faut aller vers des débats qui permettent de dégager des solutions pour aider les Zimbabwéens. »

écouter 00 min 49 sec

30/06/2008 par Jean-Karim FALL

De son côté, le président gabonais Omar Bongo Ondimba, doyen des chefs d’Etat africains, a estimé, en marge du sommet de l’UA, que Robert Mugabe « est président du Zimbabwe », en dépit de la façon dont s’est déroulé le second tour du scrutin. En revanche, le Premier ministre kényan Raila Odinga a appelé à la suspension du président zimbabwéen Robert Mugabe de l'Union africaine, jusqu'à ce qu'il autorise des élections libres et équitables.

Critiques occidentales

À Bruxelles, le Commissaire européen au Développement, Louis Michel, a qualifié de « victoire usurpée », l’élection de Robert Mugabe. « Compte tenu des conditions dans lesquelles ce second tour s'est déroulé, il n'est pas possible de reconnaître la légitimité du régime issu de ce scrutin. C'est une victoire usurpée, bien loin de l'esprit de renaissance qui anime l'Afrique d'aujourd'hui », a déclaré M. Michel dans un communiqué. « Je réitère l'appel européen aux instances africaines compétentes, notamment le sommet de l'Union africaine, à trouver une solution politique à cette crise qui prenne en compte la volonté du peuple zimbabwéen exprimée dans des conditions démocratiques acceptables », a-t-il ajouté.

Le Premier ministre britannique Gordon Brown a appelé l’UA à se prononcer sans ambigüité pour le « changement » au Zimbabwe : « Le message qui vient du monde entier est que ces soi-disant élections ne seront pas reconnues », a-t-il ajouté. Selon Gordon Brown, « il faut qu'un nouveau gouvernement soit mis en place ». Il a également évoqué, ce lundi à Londres, une intensification des sanctions contre le régime zimbabwéen.

La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice, en visite en Chine, a affirmé que la crise au Zimbabwe n’est pas une affaire exclusivement africaine : « C’est une question pour la communauté internationale, une question pour le Conseil de sécurité de l’ONU ». Madame Rice s’est également déclarée pour un renforcement des sanctions à l’encontre d’Harare, comprenant un embargo sur les armes et une interdiction de quitter le territoire pour les dirigeants zimbabwéens. Mais la Chine, qui est l’un des cinq membres permanent du Conseil de sécurité, s’oppose à de telles sanctions.

Le président zambien, Levy Mwanawasa, a été hospitalisé dimanche à Charm el-Cheikh, dans une unité de soins intensifs. Son état a été jugé lundi « stationnaire ». Mwanawasa, 59 ans, dirige la Zambie depuis 2002. Il a critiqué à plusieurs reprises le régime de Robert Mugabe qui l’accuse, à son tour, de comploter avec les gouvernements occidentaux pour le renverser.