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Zimbabwe

Gouvernement d’union impossible

par  RFI

Article publié le 02/07/2008 Dernière mise à jour le 03/07/2008 à 13:27 TU

Le chef de l’opposition zimbabwéenne Morgan Tsvangirai a rejeté, ce mercredi, l’idée d’un gouvernement d’union nationale qui, selon, lui, « ne répondrait pas aux problèmes que rencontre le Zimbabwe et ne reflèterait pas la volonté la volonté du peuple zimbabwéen ». Il a également demandé la fin des violences contre les partisans de l’opposition, soulignant que le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) devait constituer le gouvernement légitime du pays. Tsvangirai refusait ainsi la résolution de clôture du sommet de l’Union africaine (UA) organisation panafricaine, adoptée mardi soir, à Charm el-Cheikh, en Egypte, qui a appelé à la formation d’un « gouvernement d’union nationale » au Zimbabwe, sans remettre en cause la légitimité du président Robert Mugabe, réélu, vendredi dernier, avec 85,5% des voix, en absence du candidat de l’opposition. Les autorités ont estimé « bienvenue » la résolution de l’UA, se déclarant prêtes à discuter, mais pas seulement avec le parti de Tsvangirai.

Le chef de l'opposition zimbabwéenne Morgan Tsvangirai, le 2 juillet 2008.(Photo : Reuters)

Le chef de l'opposition zimbabwéenne Morgan Tsvangirai, le 2 juillet 2008.
(Photo : Reuters)


A Harare, le pouvoir et l’opposition sont néanmoins d'accord sur un point : ils ne veulent pas travailler ensemble, ils refusent tous deux le principe d’un partage du pouvoir à la kenyane. Mardi, Robert Mugabe, par la voix de son porte-parole, avait déjà balayé d’un revers de main cette solution préconisée par l’UA. En clair, le président zimbabwéen veut bien du dialogue, mais refuse de confier un poste de Premier ministre à l’ex-candidat de l’opposition. Et Morgan Tsvangirai a, lui aussi, rejeté cette solution. Tsvangirai estime que la résolution de l’UA légitime le maintien au pouvoir de Robert Mugabe alors que les Zimbabwéens ont clairement désigné l’opposition vainqueur du seul scrutin crédible à ses yeux, le premier tour du 29 mars.

Pour l’opposition, la solution passe par une autorité de transition, chargée de préparer le pays à de nouvelles élections. A plus court terme, le MDC pose des préalables pour engager un dialogue avec Mugabe, notamment l’arrêt des violences, l’abandon des poursuites judiciaires à l’encontre du numéro deux du MDC, Tendai Biti, et la libération des prisonniers politiques. Le MDC souhaite enfin que la médiation soit élargie à d’autres dirigeants du continent. Or, la déclaration de l’UA conforte le rôle prééminent du président sud-africain Thabo Mbeki, un médiateur qui, malgré les pressions, refuse encore de reconnaître l’existence d’une crise au Zimbabwe.

Les autorités zimbabwéennes se sont félicitées de la prise de position de l’UA, tout en se  disant prêtes au dialogue, mais visiblement pas avec le MDC et Morgan Tsvangirai, qui avait obtenu 47 % des voix au premier tour de la présidentielle, le 29 mars dernier. Le ministre de la Communication, Sykhanyiso Ndlovu a souligné que « les problèmes doivent être résolus par tous les Zimbabwéens et pas dictés par les étrangers qui imposeraient un gouvernement d’unité nationale ».  

Sykhanyiso Ndlovu

Ministre de la Communication

« Il semble que cette résolution vous semble quelque chose de nouveau, mais en fait il n'y a rien de nouveau. C'est juste une confirmation de ce que le président a dit lui-même. »

Le Botswana a été le seul pays de l’Union africaine à demander que les dirigeants actuels du Zimbabwe soient « exclus » des réunions de l’organisation panafricaine, ainsi que de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). De son côté, le président sénégalais Abdoulaye Wade a considéré qu’en dépit de ses déclarations, Robert Mugabe n’était « pas dans un état d’esprit de partage du pouvoir ».

La Commission européenne s’est prononcée mercredi pour que Morgan Tsvangirai dirige un gouvernement de transition au Zimbabwe « avec les prérogatives nécessaires pour faire en sorte que les réformes puissent être menées ». Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, dont le pays préside actuellement l’Union européenne (UE) a indiqué, mardi, que l’UE et la Commission considéraient illégitime un gouvernement au Zimbabwe qui ne soit pas dirigé par Morgan Tsvangirai.