par Anne Fauquembergue
Article publié le 15/07/2008 Dernière mise à jour le 15/07/2008 à 21:09 TU
Wallons et Flamands sont en désaccord depuis un an sur la réforme des institutions.
(Réalisation : D. Alpoge / RFI)
Au cœur de la crise politique belge actuelle : la répartition des compétences entre Etat central et entités fédérées. Depuis les élections législatives du 10 juin 2007, remportées par la coalition des Chrétiens démocrates flamands (CDV) et des indépendantistes de la Nouvelle alliance flamande (NVA), les discussions bloquent sur ce sujet. Chef de file du CDV, Yves Leterme, le Premier ministre actuel, n’a jamais réussi à imposer un accord entre Flamands et Wallons, les deux parties en conflit.
Le problème de la sécurité sociale et de la fiscalité
L’Etat fédéral belge se compose de trois entités : la Flandre au nord, la Wallonie au sud et la région de Bruxelles capitale. Un fossé économique sépare le nord flamand et le sud francophone. De tradition industrielle, notamment sidérurgique, la Wallonie a souffert des désinvestissements dans ce secteur depuis les années 1960 et commence à peine à se relever. Le chômage reste cependant deux fois plus élevé que chez les Flamands. Ces derniers soupçonnent les Wallons de vouloir profiter des transferts financiers venant du nord pour les aider économiquement. Les partis flamands exigent une révision constitutionnelle pour donner plus de pouvoirs aux régions. Ils aimeraient par exemple, que les impôts, les allocations familiales ou encore la sécurité sociale, tout ce qui se réfère au principe de « solidarité nationale » ne soit plus du ressort de l’Etat fédéral mais des régions.
Les Wallons ont accepté les négociations concernant cette révision constitutionnelle mais ils refusent de remettre en cause ces transferts financiers. Selon eux, il n’est pas possible d’aller plus avant dans la régionalisation sans faire de l’Etat belge une « coquille vide ». Ils soupçonnent les Flamands de vouloir l’éclatement du royaume avec, à la clé, la création de deux Etats : la Flandre et la Wallonie.
Le point de tension : l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV)
Autre pomme de discorde entre Flamands et Wallons : l’arrondissement électoral et judiciaire de BHV. Cet arrondissement est situé à cheval sur deux régions : Hal et Vilvorde en Flandre (unilingue) et Bruxelles (bilingue). Les Flamands exigent sa scission afin de mettre fin aux droits de la minorité des francophones d’Hal et Vilvorde de voter pour les listes francophones de Bruxelles dans le cadre des élections législatives. Jusqu’à présent, les francophones de ces deux communes pouvaient voter à la fois pour des listes francophones et pour des listes flamandes. Entre 120 000 et 150 000 personnes sont concernées. De leur côté, les francophones souhaitent élargir les limites de Bruxelles pour englober certaines communes flamandes à forte population francophone. Une proposition qu’a rejetée la Flandre.
Sénateur, député régional bruxellois et député de la Communauté française
« La chute du gouvernement [...] est essentiellement due à ce petit problème électoral et judiciaire de Bruxelles-Hal-Vilvorde. »
A écouter
Député maire francophone
« C'est surtout un parti qui est en crise. C'est le Parti social chrétien flamand qui a dans son cartel un allié extrémiste flamand qui semble refuser toute solution de consensus. »
15/07/2008 par François Cardona
Sénateur belge francophone, et ancien ministre des Réformes institutionnelles
« La Belgique est dans une crise profonde [...] mais on trouvera une manière de négocier une nouvelle Belgique. Ma conviction est que la Belgique d'aujourd'hui est dépassée. »
15/07/2008 par François Cardona
Politilogue, enseignant à l'Université libre de Bruxelles
Il y a des points de vue de plus en plus divergeants entre le nord et le sud sur les compétences de l'Etat, et plus généralement sur les questions socio-économiques.
15/07/2008 par Béatrice Leveillé
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