par Fauquembergue Anne et Oihana Gabriel
Article publié le 16/07/2008 Dernière mise à jour le 16/07/2008 à 22:10 TU
Un habitant de Rome donne symboliquement ses empreintes pour protester contre la décision du gouvernement.
(Photo : Reuters)
Dans le cadre de sa politique d’immigration, le gouvernement italien a décidé, fin juin, de recenser la population rom du pays. Pour le ministre de l’Intérieur Roberto Maroni, membre du mouvement populiste de la Ligue Nord, il s’agit de « garantir à ceux qui ont le droit de rester, de pouvoir vivre dans des conditions décentes et de renvoyer chez eux ceux qui n’ont pas le droit de rester en Italie ». Pour le gouvernement, ce fichage permettrait aussi de mieux connaître sa population tzigane pour pallier les carences sociales dont elle souffre (manque de soins, défaut de scolarisation pour les enfants).
Selon l’organisation catholique Caritas, 160 000 Roms vivraient en Italie (80% sont citoyens du pays et 20% originaires d’Europe de l’Est, en particulier de la Roumanie).
« Acte de discrimination directe »
Cette initiative du gouvernement italien divise le pays et a provoqué une vive polémique en Europe. Elle prévoit en effet un relevé des empreintes digitales mais aussi la création d’un fichier ethnique et religieux.
La Roumanie n’a pas tardé à réagir. Son Premier ministre, Calin Tariceanu, a demandé aux autorités italiennes de respecter le droit des immigrés roumains.
De leur côté, les eurodéputés réunis en session plénière à Strasbourg, début juillet, ont voté une résolution contre le projet de collecte des empreintes digitales. Ils dénoncent un « acte de discrimination directe » contraire à la Convention européenne des droits de l’homme. Le Parlement a demandé au gouvernement de Silvio Berlusconi de s’abstenir de collecter ces empreintes.
La Commission européenne est également inquiète. Elle souhaite obtenir un rapport complet de Rome d’ici la fin du mois de juillet sur ce recensement. Le président de la Commission, José Manuel Barroso, veut vérifier si les mesures sont conformes aux directives européennes.
C’est enfin toute la communauté internationale qui réagit par la voix de l’ONU. L’organisation craint que ce projet « stigmatise » les Roms en Italie.
Un projet « bienveillant » pour Silvio Berlusconi
Malgré toutes ces critiques, Silvio Berlusconi, le président du Conseil, persiste et signe. Le 15 juillet, dans le cadre d’une conférence de presse commune avec José Manuel Barroso, il a qualifié la politique d’immigration de son gouvernement de « bienveillante », évoquant « la volonté du gouvernement de faire en sorte que les enfants (roms) puissent aller à l’école ».
José Manuel Barroso s’est estimé rassuré, déclarant avoir bon espoir que le recensement respecte les traités européens.
Généraliser le relevé des empreintes à tous les citoyens italiens
Le relevé des empreintes digitales, principal sujet de controverse, risque d’être élargi à tous les citoyens italiens. Une commission parlementaire a décidé, le 16 juillet, que les empreintes digitales devraient figurer sur toutes les cartes d’identité. Cette mesure doit encore faire l’objet d’un vote au Parlement. En attendant, le recensement des Tziganes se poursuit. Après Naples et Milan, il a commencé à Rome avec l’aide de la Croix-Rouge. Et la préfecture a finalement décidé de ne pas relever les empreintes des habitants des camps nomades.
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