Article publié le 16/08/2008 Dernière mise à jour le 17/08/2008 à 03:58 TU
L'accord de cessez-le-feu signé vendredi à Tbilissi par le président géorgien Mikheïl Saakachvili a été transmis samedi à la Russie par la diplomatie américaine, a annoncé le ministère russe des Affaires étrangères. L'accord, négocié par la France et « clarifié » vendredi auprès des Géorgiens par la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, a ensuite été signé par Moscou. Sur le terrain pourtant, les forces russes renforçaient encore samedi leurs positions en territoire géorgien. De son côté, après avoir réuni un conseil de sécurité nationale, le président américain George Bush a estimé que « la Russie doit honorer cet accord et retirer ses forces ». Pour lui, le simple fait que les deux pays aient signé un cessez-le-feu est « un motif d’espoir ».
Les forces russes renforcent leurs positions en Georgie ; le 15 août 2008.
(Photo : Reuters/Gleb Garanich)
Avec notre correspondant à Tbilissi, Régis Genté
« L'analyse stratégique russe de ces derniers jours montre que les Russes veulent réduire à néant le potentiel militaire et policier de la Géorgie, contrôler les environs de Gori pour mieux protéger l’Ossétie du Sud... ».
Depuis son arrivée au pouvoir avec la révolution des Roses de novembre 2003, Mikheïl Saakachvili a peut-être trop attendu de l’Amérique.
Vendredi, Condoleezza Rice faisait signer l’accord de cessez-le-feu à un Mikheïl Saakachvili plein de colère. « Nous avons crié, hurlé pour attirer l’attention sur ce qui se préparait, mais il n’y a eu aucune réaction de l’Europe », a-t-il lancé.
Il a ensuite affirmé que le refus du plan d’adhésion à l’Otan pour la Géorgie en avril dernier avait été perçu par Moscou comme un nouveau « Munich » de l’Occident.
Nouvelles déconvenues
Le chef de la diplomatie américaine a apporté le soutien de Washington à la souveraineté territoriale de la Géorgie bien que le respect de l’intégrité territoriale ne soit pas mentionné dans l’accord de paix négocié par le président français Nicolas Sarkozy.
Pour l’instant, cet accord n’a pas provoqué le repli des troupes russes de la Géorgie. Elles ont même renforcé leurs positions, en s’installant à une trentaine de kilomètres de la capitale, Tbilissi.
Un accord cadre qui va faire l’objet d’âpres discussions dans les temps à venir. Il autorise notamment les forces russes de maintien de la paix à patrouiller dans l’immédiate proximité de l’Ossétie du Sud, à l’exclusion de toute autre partie du territoire géorgien. Condoleezza Rice a déjà tenté de donner une interprétation à certains points afin que Moscou n’affiche pas de nouvelles déconvenues à Tbilissi.
C’est le cas à propos du point numéro cinq du texte qui donne le droit aux Russes de prendre des mesures de sécurité en territoire géorgien. « Le droit de patrouiller concédé à Moscou serait très provisoire », selon madame Rice, jusqu’à l’arrivée d’observateurs internationaux en Géorgie.
« Nous revenons de Gori où nous avons vu une ville pratiquement déserte. La question est désormais celle de l’aide humanitaire qui n’arrive pas suffisamment vite. »
« On est un peu gêné, on a peur, mais nous, Russes, qui sommes là, nous ne sommes pas responsables de la politique de la Russie ».
La presse russe ironise sur l’« échec géorgien » |
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A écouter
Président des Etats-Unis
« Le problème majeur est le fait que la Russie prétende que l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie puissent dans l’avenir ne pas faire partie de la Géorgie. Ces régions sont une partie de la Géorgie et la Communauté internationale a dit clairement à plusieurs reprises qu’elles le resteraient ».
16/08/2008
« Les gens que j’ai rencontrés [à Tskhinvali] m’ont dit que jamais ils n’accepteront de revenir dans le giron de la Géorgie, et jamais ils n’accepteront le retour des Géorgiens qui habitaient dans la zone de combats ».
16/08/2008 par Emmanuel Guillemain d'Echon
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