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Pakistan

Le président Musharraf annonce sa démission

par  RFI

Article publié le 18/08/2008 Dernière mise à jour le 18/08/2008 à 17:13 TU

Sous la pression de ses adversaires politiques et faute de soutien suffisant de la part de l’armée et surtout de l’allié américain dans la « guerre contre le terrorisme » islamiste, le président pakistanais, Pervez Musharraf, a démissionné lundi à la veille du lancement d'une procédure de destitution par la coalition gouvernementale qui avait juré de l'évincer du pouvoir.

Le président pakistanais Pervez Musharraf annonce sa démission à la nation, Islamabad le 18 août 2008. (Photo : Reuters)

Le président pakistanais Pervez Musharraf annonce sa démission à la nation, Islamabad le 18 août 2008.
(Photo : Reuters)


 Avec notre correspondante à Islamabad, Nadia Blétry

Pervez Musharraf vient de mettre un terme aux rumeurs. Depuis plusieurs jours, toute la presse pakistanaise annonçait sa démission imminente. Ce ne sont plus aujourd’hui des spéculations, mais une réalité. Le chef de l’Etat a déclaré « qu’il abandonnait ses fonctions après avoir dirigé le pays pendant neuf ans » et que sa démission serait, dans quelques heures, sur la table du président de l'Assemblée nationale.

Le chef de l'Etat pakistanais s'exprimait en direct à la télévision nationale. Une allocution d'une quinzaine de minutes, depuis son bureau, à Islamabad.

Costume noir et mine grave, Musharraf s'est d'abord défendu des accusations portées contre lui et qui allaient faire l'objet d'une procédure de destitution devant le Parlement.

Corruption, mauvaise administration, responsabilité majeure dans des violences meurtrières : il a rejeté en bloc toutes les mises en cause. Le chef de l’Etat a longuement défendu son bilan politique et économique. Il a aussi incriminé ses opposants qui, selon lui, « n’œuvrent que pour leurs intérêts personnels. Le Pakistan a toujours été ma philosophie première », a-t-il encore ajouté.

Ère nouvelle

Il n'empêche. Le général putschiste de 1999, qui avait tombé l'uniforme l'an dernier pour rester au pouvoir, s'en va après avoir, dit-il, « consulté » ses « conseillers juridiques » et ses « alliés politiques ».

Des alliés chaque jour moins nombreux, tant son impopularité était grande, attisée par son bras de fer avec les juges, qu'il avait limogés par dizaines l'an dernier. Et devenue périlleuse depuis l'écrasante victoire aux législatives de février de ses ennemis politiques.

La coalition gouvernementale, en exerçant une pression continue sur le chef de l’Etat, aura donc réussi à le pousser au départ. Nawaz Sharif, à la tête de la deuxième force politique du pays, a toujours exigé la destitution de Pervez Musharraf, celui qui l’avait écarté du pouvoir en 1999 lors de son coup d’Etat.

L’ancien général n’aura donc pas eu à affronter la procédure légale initiée contre lui par la coalition gouvernementale. Il n’aura pas eu non plus à subir l’affront d’une destitution, une destitution qui aurait pu être vécue par l’armée comme une humiliation.

Le PPP de feu Benazir Bhutto et la Ligue musulmane de Nawaz Sharif ont finalement eu raison de Musharraf, dont on ignore encore s'il partira en exil, comme l'y pousse la majorité, ou s'il restera, comme il le veut. 

C’est une ère nouvelle qui s’ouvre au Pakistan. Hier, la coalition avait réussi tant bien que mal à s’unir autour d’un ennemi commun : le président pakistanais. Aujourd’hui, les deux grandes forces politiques du pays vont devoir dialoguer dans un véritable face-à-face.