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Cote d’Ivoire / France

Journée de deuil pour les victimes du Probo Koala

Article publié le 19/08/2008 Dernière mise à jour le 19/08/2008 à 02:03 TU

Il y a deux ans jour pour jour, le navire pétrolier Probo Koala, en provenance d’Amsterdam, accostait au port d’Abidjan. A son bord : une cargaison de 500 tonnes de déchets toxiques. Des déchets qui allaient causer une catastrophe environnementale dans la capitale ivoirienne, faisant au moins 16 morts et intoxiquant plus de 100 000 personnes. Selon un rapporteur spécial de l’ONU, des sites à Abidjan n’ont toujours pas été décontaminés et continuent de menacer la santé de nombreuses personnes. Deux ans après la catastrophe, comment ont été traitées ces matières toxiques ?

Cette pollution a provoqué la mort d'au moins 16 personnes et l'intoxication de milliers d'autres. Deux ans après l'incident, les symptômes n'ont toujours pas disparu, comme cette Ivoirienne qui souffre de graves problèmes de peau.(Photo : AFP)

Cette pollution a provoqué la mort d'au moins 16 personnes et l'intoxication de milliers d'autres. Deux ans après l'incident, les symptômes n'ont toujours pas disparu, comme cette Ivoirienne qui souffre de graves problèmes de peau.
(Photo : AFP)

L’enlèvement des déchets débute le 17 septembre 2006. C’est un des principaux acteurs français du traitement et du stockage de déchets, la société Tredi, filiale du groupe français Séché Environnement, qui en a la charge.

Un peu plus tôt, la ministre de l’écologie et du développement durable, Nelly Olin, avait donné son autorisation pour que les déchets soient finalement traités en France.

Cette opération est délicate : il faut d’abord récupérer les boues qui ont été disséminées dans une dizaine d’endroits à Abidjan, mais aussi de la terre. Les liquides ont en effet commencé à s’infiltrer dans le sol.

Incinération à plus de 1600 degrés

La cargaison, composée de 140 conteneurs et 38 citernes est ensuite acheminée sous haute surveillance en France, au port du Havre, puis emmenée par fret en train dans le centre d’incinération de Salaise sur Sanne, dans le département de l’Isère.

Quand elle arrive sur le site d’incinération, en mars 2007, les journalistes sont présents et la population s’inquiète. Mais le gouvernement et l’entreprise assurent que ce supplément de déchets à traiter n’entraînera aucun dépassement des normes de rejets de dioxine.

Le traitement, qui consiste en une incinération à plus de 1600 degrés, débute alors. Il durera neuf mois. Avant de finir leur périple en fumée, ces déchets auront servi à fabriquer de l’énergie, la chaleur se dégageant des fours ayant été utilisée pour alimenter des turbines.

Ce mardi, deux ans après le drame, les victimes du Probo Koala veulent se souvenir et se recueillir... Ce mardi sera donc une journée de deuil en Cote d’Ivoire.

Aboubacar Ouattara

Président de l'Union des victimes des déchets toxiques d'Abidjan et banlieue

« Nous pardonnons à ceux qui ont fait cela mais nous n'allons jamais oublier ce qu'ils nous ont fait. Car deux ans après ce déversement, la population souffre encore. »

écouter 01 min 18 sec

19/08/2008 par Stanislas Ndayishimiye

Retour sur les errances d'un « navire poubelle »

Le Probo Koala accoste au port d’Abidjan après une errance de plus d’un mois. Sa cargaison toxique a été refusée à Amsterdam au Pays-Bas, à Paldiski en Estonie et à Lagos, au Nigeria. A son arrivée à Abidjan, le « navire poubelle » est accueilli par des policiers, des douaniers et des services sanitaires ivoiriens.

La société locale Tommy se charge de l’épandage des boues toxiques du Probo Koala dans une quinzaine d’endroits dans la ville d’Abidjan, notamment dans la décharge d’Akouédo. Plus de 500 tonnes de déchets sont ainsi déversés de façon anarchique.

Pendant 6 jours, plusieurs personnes commencent à souffrir de différents maux, comme par exemple des maux de tête, mais elles en ignorent la cause.

L’affréteur continue à nier sa responsabilité

Dès que le scandale devient public, le ministre des transports et celui de l’environnement sont limogés… Le chef des douanes et le directeur du port autonome d’Abidjan sont suspendus, avant d’être réintégrés dans leurs fonctions par le président Gbagbo, malgré l’opposition de son Premier ministre de l’époque, Charles Konan Banny.

La société Trafigura, affréteur du Probo Koala, n'a pas été inquiétée jusqu'ici. En février 2007, elle a signé un accord avec l'Etat ivoirien, basé sur le versement de 95 milliards de francs CFA au titre de l'indemnisation pour pollution. Mais Trafigura a toujours nié sa responsabilité. Autour d'Abidjan, il reste encore aujourd'hui plusieurs sites à décontaminer.