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Mauritanie

La junte et sa politique d’isolement

par  RFI

Article publié le 23/08/2008 Dernière mise à jour le 23/08/2008 à 15:23 TU

Le général ould Abdel Aziz.(Photo : AFP)

Le général ould Abdel Aziz.
(Photo : AFP)

L'ancien Premier ministre mauritanien, Yahya Ould Ahmed el-Waghef,  arrêté jeudi, se trouve désormais à 500 km de la capitale.  Il a été assigné à résidence dans sa province natale. Les autorités ont semble-t-il choisi de le mettre à l'écart de la vie politique, alors qu'il continuait à manifester son opposition au coup d'Etat du 6 août qui a renversé le président démocratiquement élu Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. L’'ancien président mauritanien  qui est lui aussi en résidence surveillé et que l'ambassadeur de France en Mauritanie a pu rencontrer hier durant une demi-heure. Paris a demandé une fois de plus sa libération.

Après avoir passé six jours en résidence surveillée, l’ex-Premier ministre mauritanien se retrouve à nouveau privé de liberté, mais cette fois-ci, à 500 kilomètres de la capitale. C’est là que les autorités ont décidé de le conduire hier pour l’isoler.

Cette mesure a provoqué l’indignation des partis du Front de défense de la démocratie, opposés au coup d’Etat, mais aussi de la France et de l’Union européenne. Pour l’UE, il s’agit d’un signe négatif et d’une mauvaise réponse aux demandes de la communauté internationale. Une de ces demandes a cependant été satisfaite, le jour même de l’arrestation de Yahia Ould Ahmed el-Waghef.

Comme il le demandait depuis le coup d’Etat, l’ambassadeur de France a finalement été autorisé à voir le président déchu, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, qui se trouve toujours en résidence surveillée. Une visite d’une demi-heure, au cours de laquelle, l’ex-chef de l’Etat est apparu en bonne forme physique et morale.

Une fois de plus, Paris a demandé dans la foulée sa libération et son rétablissement dans ses fonctions. Les pressions de la communauté internationale sur la junte ne faiblissent pas. Lundi, c’est Jean Ping, le président de la commission africaine, qui devrait arriver en Mauritanie, afin de trouver une issue à la crise, acceptable par tous.

De son côté la Banque mondiale a suspendu une aide de 175 millions de dollars à la Mauritanie. Les fonds suspendus font partie d'une aide de 413 millions de dollars à la Mauritanie pour financer des projets les domaines du développement rural, de la santé, de l'éducation et des infrastructures, comme la construction de routes.

Un nouveau patron pour la Haute autorité de la presse

La junte a limogé hier le président de l'organe de régulation des médias, Idoumou Ould Mohamed Lemine, proche du président renversé. Après avoir changé les directeurs de la radio, de la télévision et de l’agence de presse nationale, les militaires ont nommé hier un nouveau responsable de la Haute autorité de la presse et de l’audiovisuel. Mohamed Haibetna ould Sidi Haiba prend la tête de la HAPA.

Depuis le coup de force du général Ould Abdelaziz, beaucoup de Mauritaniens se plaignent d’un recul de la liberté d'expression dans les médias officiels, et d’une fermeture de l’espace accordé à ceux qui contestent le changement. Pour le nouveau président de la HAPA, la Mauritanie doit revenir à une situation normale, sur le plan médiatique comme sur le plan politique ou économique.

Mohamed Haibetna ould Sidi Haiba

Président de la HAPA.

« Les médias ne sont pas fermés : ceux qui contestent les changements s'expriment à la télévision. »

écouter 0 min 54 sec

23/08/2008 par Marie-Pierre Olphand