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Géorgie / Russie

Moscou reconnaît l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud

par  RFI

Article publié le 26/08/2008 Dernière mise à jour le 26/08/2008 à 13:15 TU

Le président russe, Dimitri Medvedev.(Photos : Reuters)

Le président russe, Dimitri Medvedev.
(Photos : Reuters)

Le président russe Dimitri Medvedev a annoncé ce mardi midi dans une allocution télévisée qu'il avait signé les décrets reconnaissant l'indépendance des deux républiques séparatistes géorgiennes. Lundi, les deux chambres du Parlement russe avaient voté un texte en ce sens.

La Géorgie a immédiatement réagi en dénonçant une « annexion flagrante » de ces territoires par Moscou.

La France, par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a qualifié la reconnaissance d'indépendance par la Russie de « décision regrettable ». La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a utilisé les mêmes termes pour désapprouver ce geste.

Avec notre correspondant à Moscou, Alexandre Billette

Le Parlement russe l’avait demandé. Le président russe l’a fait. Dmitri Medvedev vient de signer les décrets sur la reconnaissance de l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, deux Républiques séparatistes géorgiennes. C’était une décision attendue, mais dont la rapidité surprend.

D’un côté, toutes les affirmations, tous les gestes de Moscou semblaient aller dans cette direction depuis quelques jours, comme par exemple hier lundi lorsque les deux chambres du Parlement ont voté une motion de soutien d’indépendance des deux Républiques.

Par contre, d’un autre côté, la plupart des analystes, encore ce matin par exemple dans la presse russe, croyaient peu probable une reconnaissance rapide de l’indépendance par le Kremlin en disant que pour Moscou, « la meilleure façon de faire pression, c’était de maintenir le flou, de garder cette carte dans son jeu face notamment aux chancelleries occidentales ».

Donc, visiblement le Kremlin a eu envie d’aller jusqu’au bout. Ici à Moscou, on dit que dans les milieux rapprochés du Kremlin, « il y a une lutte entre les faucons qui s’en vont en guerre, et d’un autre côté, les plus libéraux notamment les oligarques qui s’inquiètent des conséquences économiques de la guerre en Géorgie, de l’attitude intransigeante de Moscou ».

Visiblement, les faucons l’ont emporté. D’ailleurs à propos d’économie, une première conséquence très immédiate de la déclaration de Dmitri Medvedev est que la bourse de Moscou a perdu 5% de sa valeur en quelques minutes dès la fin du discours télévisé de Dmitri Medvedev.

Conflit diplomatique

Déjà, les réactions de l’étranger tombent. Du côté des capitales européennes, on déplore cette reconnaissance d’indépendance, on rejette cette déclaration. Donc, Moscou va avoir beaucoup de mal à  convaincre d’autres Etats de reconnaître eux aussi l’indépendance des deux républiques, même si Dmitri Medvedev a invité dans son discours tous les pays à suivre l’exemple de la Russie.

Donc, on aura probablement certains alliés fidèles de Moscou comme la Biélorussie, Cuba, le Venezuela, qui vont peut-être aussi suivre le pas de la Russie. Mais au niveau diplomatique, dans l’ensemble, ce sera très difficile pour Moscou.

Il faudra voir maintenant ce que compte faire Moscou concrètement. Est-ce que par exemple les deux républiques iront jusqu’à demander rapidement leur annexion à la fédération de Russie ?  Si c’était le cas, on passerait alors à une étape incroyablement supérieure du conflit diplomatique en cours.

Jusqu’où ira Moscou ?


La Russie souhaite capitaliser en termes politiques la victoire militaire qu'elle a obtenue sur le terrain. Moscou trace ses nouvelles lignes face à un Occident qui n'a pas tenu compte ces dernières années de ses critiques ni de ses désaccords sur l'indépendance du Kosovo, la guerre en Irak ou encore l'élargissement de l'alliance atlantique.

La Russie dame également le pion à une Géorgie qui a été la première à quitter le giron soviétique et a initié le mouvement d'une révolution démocratique qui s'est ensuite propagé en Ukraine.

Nouveau jeu de pouvoir

La Russie va-t-elle pour autant vouloir pousser encore son avantage? Jusqu'à quel point est-t-elle prête à aller dans sa confrontation avec les Américains? L'Europe sera-t-elle reconnue à l'occasion des négociations à venir comme un nouveau partenaire ou simplement instrumentalisée ?

Autant de questions à résoudre dans un nouveau jeu de pouvoir qui s'apparente davantage à la coexistence de grandes puissances qu'à un retour au conflit Est-Ouest. Pour l'instant en tout cas, les Russes semblent vouloir continuer à collaborer avec les Occidentaux quand des intérêts stratégiques sont partagés comme en Afghanistan.

                                                                                            RFI

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