Campagne présidentielle américaine

Barack Obama officiellement investi

Article publié le 28/08/2008 Dernière mise à jour le 28/08/2008 à 13:00 TU

Emotion, déclarations d’amour… et une histoire qui finit bien, le « show » démocrate de Denver a tous les ingrédients d’un film américain. La soirée de mercredi aura été celle des changements de programme de dernière minute. Alors que les délégués étaient en train de voter, Hillary Clinton est intervenue : « Je vous propose, a-t-elle affirmé, d’arrêter le vote et de proclamer Barack Obama par acclamation. » Aussitôt dit, aussitôt fait. Bill Clinton, dont le discours, très attendu, devait donner une idée plus précise de l’unité supposée du camp démocrate, s’est ensuite présenté comme fervent supporter du candidat. « Barack Obama est l’homme du job » a affirmé l’ancien chef de la Maison Blanche. Clou de cette politique-spectacle : alors que le candidat démocrate n’était pas censé apparaître devant les délégués avant jeudi soir, Obama est venu saluer les délégués, déclenchant des salves d’applaudissements.

Face à des milliers de délégués survoltés, Hillary Clinton interrompt le processus de comptage des voix et propose de proclamer Barack Obama vainqueur par acclamation.
(Photo : Reuters)

Avec notre envoyée spéciale à Denver, Donaig Le Du

La première surprise de la soirée est due à Hillary Clinton, qui a su ménager son effet. Ce mercredi soir, les délégués devaient formellement élire Barack Obama. Mais le nom d’Hillary Clinton est aussi sur les bulletins de vote… Un à un, les représentants des Etats se lèvent et annoncent le nombre de voix qu’ils donnent à chacun des deux finalistes.

Quand vient le tour de l’Etat de New York, dont Hillary Clinton est sénatrice, l’ancienne première dame des Etats-Unis se lève et lance : « Je vous propose d’arrêter le vote et de proclamer Barack Obama par acclamation. » Applaudissements. Pleurs. Embrassades. Barack Obama devient le candidat officiel du camp démocrate.

Un peu plus tard, c'est au tour de Bill Clinton de prendre la parole, sur la tribune. Et quand l’ancien président des Etats-Unis décide de jouer le jeu, il ne fait pas les choses à moitié... « Hillary nous a dit clairement qu’elle ferait tout pour faire élire Barack Obama, a affirmé l’ancien président des Etats-Unis, eh bien, nous sommes deux. »

Bill Clinton en fervent supporter de Barack

Et pourtant. Pendant la campagne, les observateurs ont souvent souligné la très grande virulence de Bill Clinton à l’égard du rival de sa femme. L’ancien chef de la Maison Blanche le reconnaît d’ailleurs à demi-mot, et sur un ton ironique : « Cette campagne a été si brûlante, qu’elle a fait augmenter le réchauffement climatique ! »

A en croire son discours, Bill Clinton se rallie une bonne fois pour toutes à celui qui pourrait devenir un de ses successeurs à la Maison Blanche. Uns à uns, il démonte tous les arguments formulés à l’encontre du candidat démocrate et il explique pourquoi ce choix est le bon.

Apparition surprise de Barack Obama

Alors que le candidat démocrate n’était pas censé apparaître devant les délégués avant jeudi soir, où il prononcera son discours d’acceptation, Obama est venu saluer les délégués, déclenchant des salves d’applaudissements.

Il a rendu hommage à son co-listier, Joe Biden, et à sa femme, Michelle, qui a prononcé lundi soir le premier grand discours de cette grand-messe du parti. « Je pense que Michelle Obama a plutôt pas mal lancé (la convention), vous ne trouvez pas ? » a lancé le candidat, ajoutant : « Si je ne me trompe pas, Hillary Clinton a dynamité la salle hier soir ! »

Dans son discours, Joe Biden a critiqué avec virulence le camp républicain, notamment sur le dossier irakien.
(Photo : Reuters)

Barack Obama prononcera son discours d’acceptation de sa candidature ce jeudi dans un stade voisin du Pepsi Center, où 75 000 personnes sont attendues.

Un Joe Biden mordant vis-à-vis des républicains

Au cours de la soirée, Joe Biden a accepté sa désignation comme candidat démocrate à la vice-présidence des Etats-Unis. A 65 ans, ce vieux routier de la politique américaine, sénateur du Delaware a fait l’éloge d’Obama tout en critiquant avec virulence le camp républicain, notamment sur le dossier irakien.

Le Parti républicain s'est installé à Denver

Avec notre correspondante à Atlanta, Anne Toulouse Jusqu'à un passé récent, chaque parti s'écartait discrètement pendant la convention de l'adversaire et lui laissait la vedette pendant 4 jours à charge de revanche. Ces bonnes mœurs ont cessé en 2004, et cette année, les intrusions dans la célébration du candidat rival ont atteint une nouvelle dimension. Le Parti républicain s'est installé à Denver pour inonder les journalistes et les participants de courriers électroniques et de communiqués réfutant les déclarations des personnalités qui prennent la parole. L'un des ex-candidats républicains, Mitt Romney, s'est rendu sur place pour tenir une conférence de presse et la campagne McCain sort chaque jour une publicité télévisée ciblée directement sur la Convention démocrate. Au lendemain du discours d’Hillary Clinton, les républicains se sont bousculés devant les micros pour souligner que l'ex-candidate s'était bien gardée de dire que Barack Obama était prêt à gouverner. Les démocrates s'apprêtent évidemment à en faire autant la semaine prochaine lorsque les républicains se réuniront à St-Paul-Minneapolis pour l'investiture de John McCain. La campagne Obama a mis au point un logiciel qui permettra d'envoyer instantanément des messages avec des éléments biographiques et des citations contredisant les déclarations des orateurs à la tribune.