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Catastrophe naturelle / Pétrole américain

Les compagnies pétrolières face à Gustav

par Claire Fages

Article publié le 01/09/2008 Dernière mise à jour le 01/09/2008 à 17:35 TU

Les puits de pétrole du Golfe du Mexique sont menacés par l'ouragan Gustav.(Photo : AFP)

Les puits de pétrole du Golfe du Mexique sont menacés par l'ouragan Gustav.
(Photo : AFP)

L’ouragan Gustav s’est affaibli à l’approche des côtes américaines, ce qui a rassuré les marchés : le prix du baril est repassé sous le seuil des 110 dollars, lundi 1er septembre au soir, pour la première fois depuis quatre mois. Face à la menace, les compagnies pétrolières ont néanmoins pris le maximum de précautions, trois ans après le cyclone Katrina. Elles espèrent reprendre au plus vite la production d’hydrocarbures dans le golfe du Mexique, après la tempête.

L’industrie pétrolière a tiré les leçons de Katrina. Le cyclone qui s’était abattu sur les Etats-Unis le 29 août 2005 avait coûté 8 milliards de dollars aux compagnies pétrolières et in fine à leurs assureurs : 113 plateformes du golfe du Mexique et 457 pipelines avaient subi de graves avaries.

Les majors avaient alors été accusés de ne pas avoir pris toutes les précautions nécessaires pour sécuriser leurs installations. Trois ans plus tard, les assureurs ont prévenu : ils plafonneront leur indemnisation à « 500 millions de dollars par plateforme endommagée ».

Mais cette fois, les compagnies ont pris les devants, en respectant soigneusement les procédures.
Elles ont bien sûr évacué leur personnel de 518 plateformes au total, soit les trois quarts de leurs installations offshore « habitées ». La Française Total a rapatrié ses 21 salariés des plateformes « Virgo » et « Matterhorn ». Et la compagnie anglo-néerlandaise Shell a inclus dans les évacués « les personnes des installations côtières sur le passage ou près du passage de l’ouragan ».

Les compagnies ont aussi mis à l’abri le matériel de forage et protégé au maximum leurs puits  de pétrole des inondations. Elles ont également installé des systèmes électriques de secours en cas de coupure de courant sur des plateformes. Elles ont activé un système de démarrage à distance de la production sur certaines d’entre elles.

Un déficit de 2,4 millions de barils par jour

Pour l’instant la production est réduite au minimum dans le golfe du Mexique : 4% de la quantité habituelle de pétrole sort des puits, 18% de celle de gaz. Un manque à gagner de taille pour les compagnies, qui pompent quotidiennement 1,3 millions de barils et 210 millions de m3 de gaz dans le golfe du Mexique, soit 26% de la production américaine de pétrole et 11% de celle de gaz.

Le ministère américain de l’Intérieur a voulu rassurer en précisant que l’approvisionnement des Etats-Unis en hydrocarbures n’est pas menacé, grâce aux réserves stratégiques qui pourraient fournir 4 millions de barils de pétrole brut par jour. Encore faudra-t-il pouvoir le raffiner ! Onze raffineries sont préventivement à l’arrêt, soit un déficit de 2,4 millions de barils par jour.

Quoiqu’il en soit, les compagnies pétrolières ont pris toutes les précautions techniques pour redémarrer au plus vite l’extraction d’hydrocarbures, lorsque Gustav se sera éloigné. Ce qui n’avait pas été le cas après le passage de Katrina. La production avait plafonné pendant trois mois à un niveau inférieur d’un quart à la normale, en plein hiver !

Malgré ces mesures préventives, l’industrie pétrolière pourrait perdre de 2 à 7 milliards de dollars, selon la force de Gustav. Ce sont les estimations du cabinet Risk Management Solutions. Ce cabinet, spécialisé dans les risques liés aux catastrophes naturelles, a pris en compte à la fois le déficit de production, les dégâts potentiels sur les structures et les éventuelles fuites de pétrole.