par Sylvain Biville
Article publié le 01/09/2008 Dernière mise à jour le 02/09/2008 à 09:12 TU
John McCain, candidat républicain à l'élection présidentielle américaine, prépare des colis pour les victimes de l'ouragan Gustav, à Waterville, dans l'Ohio, le 1er septembre 2008.
(Photo : Reuters)
Pour les républicains, l’ouragan Gustav tombe a priori au plus mauvais moment. Trois ans presque jour pour jour après la destruction de la Nouvelle-Orléans par Katrina, il vient raviver l’un des épisodes les plus désastreux de la présidence Bush. Cette nouvelle catastrophe naturelle annoncée ruine également les plans savamment élaborés pour la convention du parti, qui devait s’ouvrir en grande pompe lundi à St Paul-Minneapolis, dans le Minnesota. Le parti a décidé de réduire l’agenda de lundi aux seuls aspects de procédure, indispensables pour procéder à l’investiture officielle du candidat à la Maison Blanche. Les grands discours politiques, les flonflons et les ballons sont remisés au placard, en attendant de voir comment la situation évolue dans le golfe du Mexique. « Nous agirons comme des Américains, non comme des républicains », a tranché John McCain.
Espoir de « rédemption » pour les républicains
En choisissant de limiter la convention au strict nécessaire, le sénateur de l’Illinois se prive d’une publicité gratuite aux heures de grande écoute. La semaine dernière, à Denver (Colorado), les démocrates en ont largement profité, lors de leur propre convention. Mais les stratèges républicains commencent aussi à spéculer sur les bénéfices que le parti pourrait tirer de cette situation exceptionnelle, certains allant même jusqu’à parler d’une possible « rédemption ».
Gustav a eu un premier effet immédiat : George W. Bush et Dick Cheney ont aussitôt annulé leur déplacement à St Paul. En privé, de nombreux délégués républicains s’en réjouissent. John McCain s’est déjà montré particulièrement critique sur la gestion de Katrina par l’administration Bush. L’ouragan Gustav peut lui donner l’occasion de prendre un peu plus ses distances avec un président qui bat des records d’impopularité. C’est l’objectif de la visite éclair qu’a effectuée le candidat républicain, dès dimanche, dans l’Etat du Mississipi, alors qu’il y a trois ans, le président des Etats-Unis s’était contenté de survoler les zones sinistrées par Katrina, sans s’y arrêter.
« Il manquera la rhétorique politique. A la place, les dirigeants de la convention vont organiser une vaste collecte pour les sinistrés. »
« C’est le moment d’ouvrir nos cœurs, nos efforts et nos portefeuilles », a déclaré John McCain en proposant de transformer l’événement festif qu’aurait dû être la convention en un vaste élan de solidarité pour les victimes de Gustav. Le sénateur de l’Arizona se montre d’ailleurs indéniablement plus à l’aise dans la gestion de situations d’urgence que dans les grand-messes médiatiques, comme les conventions, où son ton parfois monocorde, sa démarche raide et sa difficulté à suivre un téléprompteur ne le présentent pas sous son meilleur jour.
La discrétion des démocrates
Côté démocrates, Barack Obama a prévenu qu’il ne se rendrait pas, dans l’immédiat, dans les zones menacées par l’ouragan Gustav, pour ne pas gêner les secours. Il a en revanche proposé de mettre à contribution son fichier de deux millions de donateurs pour trouver des volontaires, selon les besoins. Le candidat démocrate et son colistier Joe Biden poursuivent leur campagne de terrain dans le Michigan, le Wisconsin, la Pennsylvanie et la Floride, des Etats clés pour l’élection de novembre. Ils avaient de toute façon prévu de rester au second plan lors d’une semaine politique qui devait être entièrement consacrée à la convention républicaine. Ils devront en outre mettre en sourdine les attaques contre leurs adversaires.
Jamais une campagne présidentielle n’avait été à ce point bouleversée aux Etats-Unis par une catastrophe naturelle. L’impact sur les deux candidats est difficile à évaluer. La concomitance avec la convention républicaine et le précédent de Katrina rendent sans doute les enjeux plus élevés pour John McCain. Mais comme Barack Obama, il devra trouver un équilibre subtil entre compassion et retenue, pour ne pas être accusé de récupérer le malheur des autres à des fins politiciennes.
« Certains délégués sont partis chercher leur famille à bord d'un avion affrété par la campagne Mc Cain et tous sont émus par l'attention dont ils sont l'objet. »
L'ennui plane sur la convention, par Anne Toulouse |
Lundi après midi, les délégués ont quitté la convention vers 17h 30, l’heure où généralement le gros de la foule arrive pour les festivités de la soirée. Mais il n’y avait en ce premier jour ni festivités ni foule.
C’est devant des gradins vides que les 4 000 délégués ont accompli les formalités d’usage qui accompagnent l’ouverture des travaux. Ils ont adopté sans histoire la plateforme, c'est-à-dire le programme du parti.
Le seul vestige des réjouissances de la soirée a été la présence de Laura Bush et de Cindy Mc Cain. L’une et l’autre n’étaient là que pour lancer une opération caritative au bénéfice des sinistrés, leurs maris étaient respectivement au Texas et en Ohio.
George bush supervisait les opérations sur le terrain et John McCain se trouvait dans un centre qui coordonne l’envoi des secours. Il devrait rejoindre les délégués jeudi, pour prononcer son discours d’acceptation de la candidature républicaine.
Sa colistière Sarah Palin est déjà à Saint-Paul Minneapolis où son entrée en scène médiatique, n’a sans doute pas été celle dont la campagne rêvait. Pour mettre fin à des rumeurs diverses qui courraient sur Internet, elle a annoncé que sa fille de 17 ans était effectivement enceinte. Dans l’ennui suscité par le vide politique de la convention, l'événement est devenu le sujet de conversation de la journée. |
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