par Pierre Pinto
Article publié le 08/09/2008 Dernière mise à jour le 08/09/2008 à 17:21 TU
Un sommet Union européenne-Ukraine s’ouvre ce mardi à Paris. Peu de suspense, puisque les chefs de la diplomatie des 27 ont déjà indiqué à Avignon vendredi et samedi ce qu’il était possible d’en attendre. En l’occurrence pas de perspective d’élargissement pour Kiev. La France et l’Allemagne y sont opposées. Elles disent attendre davantage de stabilité alors qu’une nouvelle crise politique frappe le pays. En revanche le rapprochement avec l’Ukraine en cours de discussion devrait dorénavant être baptisé « accord d’association ».
L'Ukraine aurait pu croire qu’elle avait des cartes en main. Le conflit russo-géorgien a réveillé des menaces de revendications russes sur la Crimée. Cette péninsule située au nord de la Mer Noire, ukrainienne depuis 1954, et peuplée majoritairement de russophones, pourrait faire l’objet un jour, à l’instar de l’Ossétie du Sud ou de l’Abkhazie, d’une intervention. Une menace potentielle qui, pensait-on a Kiev, pourrait contribuer à une accélération du rapprochement avec l’Union européenne.
Dans le jeu ukrainien, il y avait aussi le soutien des pays membres d’Europe centrale, des Etats baltes, de Londres et Stockholm. Mais les espoirs de Kiev ont été balayés dès la fin de la semaine dernière à Avignon, dans le sud de la France, où étaient réunis les ministres des Affaires étrangères européens. L’Ukraine avait espéré que le dossier géorgien pousserait les 27 à lui entrouvrir leur porte, c'est-à-dire lui reconnaître la perspective d’adhérer un jour à l’Union européenne. Mais la France, qui exerce la présidence de l’UE, l’Allemagne et le Bénélux sont particulièrement récalcitrants à l’idée d’un élargissement. Il a donc été décidé que cette « perspective d’adhésion » de l’Ukraine ne serait pas reconnue au sommet de Paris ce mardi.
Accord d’association
Ce qui semble avoir conforté la décision défendue par Paris, c’est la nouvelle crise politique qui fait voler en éclats la coalition gouvernementale à Kiev. Le Premier ministre, Ioulia Timochenko, a en effet voté avec l’opposition pro-russe une limitation des pouvoirs présidentiels. Une trahison pour le président Viktor Iouchtchenko qui menace d’organiser des élections anticipées. « Il faudrait qu’il y ait un apaisement », a ainsi déclaré le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner samedi. « Quand on disait [au sommet de l’OTAN] à Bucarest 'il faut plus de stabilité dans ce pays', on n’avait pas tout à fait tort. »
A Paris, l’Union européenne devrait nommer « accord d’association » l’accord de partenariat renforcé qu’elle négocie actuellement avec Kiev. La déclaration de Paris devrait très probablement préciser que cet « accord d’association » ne préjuge pas du développement futur des relations UE-Ukraine. Le président Iouchtchenko, qui sera présent dans la capitale française, aura tout de même l’occasion de discuter d’une éventuelle facilitation de l’octroi de visas. Des discussions sur ce thème y seront ouvertes sans aucune garantie de résultat. L’Union européenne devrait aussi accélérer l’adoption d’un « Partenariat pour l’Est », équivalent de l’Union pour la Méditerranée, mais initiée par la Pologne.
« Viktor Iouchtchenko évoque la main de Moscou derrière sa rivale ».
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