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Finance

L’économie réelle touchée par la crise ?

Article publié le 18/09/2008 Dernière mise à jour le 18/09/2008 à 08:39 TU

L’aggravation soudaine de la crise financière risque d’affecter une croissance européenne déjà mal en point après « le troisième choc pétrolier » et sous la menace d’une récession, reconnaissent responsables politiques et analystes. Le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Junker a jugé ce mercredi « incertain » « l’impact sur l’économie réelle » après le dépôt de bilan de Lehman Brothers et la reprise en main par les autorités américaines de l’assureur AIG.

Le siège social de Lehman Brothers à New York.(Photo : Reuters)

Le siège social de Lehman Brothers à New York.
(Photo : Reuters)

La faillite de Lehman Brothers est-elle menaçante pour l'économie ? La réponse réside avant tout dans le crédit.

Afin d'assainir leurs finances, les banques concernées vont être contraintes de vendre des actifs, ce qui réduira leur possibilité de distribuer des crédits. Ces derniers seront donc plus difficiles à obtenir et plus coûteux pour les entreprises et les particuliers. Résultat : des capacités d'investissement en recul pour les petites et moyennes entreprises, notamment.

Bertrand Jacquillat, professeur d'économie à Sciences-Po

Professeur d'économie

« Ces banques avaient pris des risques excessifs, elles doivent assainir leurs bilans...Il y aura une baisse du crédit qui va affecter l'investissement des entreprises ».

18/09/2008 par David Baché


Moins de crédit, c'est aussi un frein au développement du marché immobilier. Et, par ricochet, le secteur du BTP pourrait lui aussi être touché. De quoi provoquer le ralentissement d'une croissance déjà en berne.

Bertrand Jacquillat, professeur d'économie à Sciences-Po

« Cette crise affecte aussi bien le secteur financier que le secteur des bâtiments et travaux publics. Du fait de la restriction des crédits, il y a une baisse de la construction en France...»

18/09/2008 par David Baché


Dans ce contexte d'économie affaiblie, l'autre élément clé est celui du maintien de la consommation des ménages. Celle-ci découle du pouvoir d'achat, mais aussi de leur confiance dans l'avenir.

Les dirigeants se veulent donc rassurants. Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, estime par exemple que « l'impact de la crise sur l'économie réelle restait incertain ». Et Dominique Strauss-Kahn, le directeur général du FMI, de confirmer : « l'économie réelle est beaucoup plus résistante qu'on ne l'avait anticipé. »

L’annonce du prêt record de la FED à AIG n’a pas rassuré les investisseurs

Avec notre correspondant à Washington, Pierre-Yves Dugua

Il faudra plus que le verdict d’une seule séance boursière pour déterminer si la réserve fédérale a échoué à endiguer la crise, mais pour l’instant, on ne décèle aucun signe du retour de la confiance dans le système financier que la nationalisation spectaculaire de l’assureur AIG était censé apporter.

Au contraire, les deux derniers géants indépendants de Wall Street, Goldman Sachs et Morgan Stanley ont connu le pire plongeon de leur histoire.

Les marchés de crédit se sont tendus, preuve du regain de réticence des banques à se prêter des liquidités. L’or, valeur refuge dans les paniques, a bondi de plus de 11%. Le dollar a rechuté, fuyant les actions, les investisseurs se sont portés massivement vers les obligations à court terme du trésor américain, leur rendement a chuté au plus bas depuis la seconde guerre mondiale.

La Maison blanche reconnait que d’autres firmes qu’AIG sont maintenant menacées, elle pense probablement à Goldman Sachs et Morgan Stanley, mais aussi à Washington Mutual, la plus grande caisse d’épargne des Etats-Unis. Laminée par la crise immobilière, elle est à vendre.

Wall Street se retrouve au plus bas depuis mai 2005, quatre mille quatre cent milliards de dollars de capitalisation boursière ont disparu dans le monde depuis lundi.

A écouter

Conséquences de la crise financière en Asie

« Si la croissance de l'économie réelle de la région reste forte, elle ralentit tout de même très vite, depuis que les consommateurs américains achètent moins de produits fabriqués dans la région »

18/09/2008