par Frédérique Misslin
Article publié le 18/09/2008 Dernière mise à jour le 19/09/2008 à 04:31 TU
Le compte à rebours a commencé pour Tzipi Livni, élue à la tête du parti majoritaire en Israël. Elle a 42 jours pour former un gouvernement et prendre ainsi la place d’Ehud Olmert. C’est une femme de 50 ans, mère de deux enfants et à la réputation sans tache qui envisage de diriger le pays. La nouvelle présidente de Kadima affirme qu’elle assumera ses futures responsabilités.
Chef du parti centriste israélien Kadima
« Cette décision que les électeurs ont prise en me nommant dirigeante du parti représente une lourde responsabilité pour moi. »
Le tout jeune parti centriste Kadima (en avant en hébreu) dispose du quart seulement des sièges du Parlement israélien. Tzipi Livni devra donc composer à gauche, avec les travaillistes et à droite avec des partis religieux. L’actuelle ministre des Affaires étrangères entamera dès vendredi une série de tractations pour mettre sur pied une coalition gouvernementale stable. Si elle réussi à passer cette épreuve elle deviendra la première femme Premier ministre en Israël depuis Golda Meir dans les années soixante-dix.
Une marge de manœuvre étroite
D’ores et déjà le parti religieux ultra-orthodoxe Shass a fait savoir qu’il refuserait de s’associer à un cabinet qui négociera l’avenir de Jérusalem-Est. Le statut futur de la partie orientale de la ville annexée par Israël en 1967 constitue un des principaux points de blocage du processus de paix. Le Shass exige aussi une hausse des allocations familiales, pour les travaillistes cette demande relève de « l’extorsion » et ils menacent de quitter la coalition si Kadima cède aux exigences des ultra-orthodoxes.
« Un grand « non » au partage de Jérusalem ainsi que des solutions au sujet des allocations familiales ».
Mais, fort d’une douzaine de députés, le Shass constitue un élément central de l’actuelle coalition. La gauche israélienne attend donc de la nouvelle présidente de Kadima qu’elle précise ses positions au plan intérieur et sur les dossiers internationaux.
Député travailliste israélienne
C'est une femme qui a travaillé jusqu'à présent en équipe. Une femme très honnête. Sa discrétion lui a valu un peu plus d'estime du public.
Ehud Olmert, éclaboussé par des soupçons de corruption, devrait annoncer sa démission dans les jours à venir. Celle qui le remplace est souvent surnommée « Madame Propre » mais ses détracteurs soulignent que l’intégrité n’est pas un plan d’action politique. Ils reprochent à cette avocate, ancienne agent du Mossad, de manquer d’expérience. Propulsée sur la scène politique israélienne il y a une dizaine d’années, sous la protection d’Ariel Sharon, Tzipi Livni va devoir faire ses preuves. Elégante, froide, ambitieuse, elle défend les vertus du pragmatisme sur le dossier israélo-palestinien. Issue d’une famille ultra-nationaliste combattante, elle soutient pourtant aujourd’hui la création d’un Etat palestinien et s’est souvent exprimé en faveur d’une amélioration des conditions de vie des Palestiniens de Cisjordanie. Si elle a soutenu le retrait de Gaza, elle reste inflexible quant à l’isolement du Hamas.
L’Autorité palestinienne espère, le Hamas dénonce
Depuis des mois, Tzipi Livni en tant que ministre des Affaires étrangères, discute avec les Palestiniens…de Ramallah. Ahmed Qoreï, leur négociateur en chef, a salué l’élection à la tête de Kadima de celle avec qui il est en contact régulier. Saëb Erakat, un autre négociateur palestinien, espère que le vote en faveur de Tzipi Livni entraînera des négociations sérieuses.
Pour le Hamas, en revanche, Tzipi Livni incarne la « poursuite de la politique d’agression israélienne ». Le porte-parole du mouvement islamiste, Fawzi Barhoum, appelle donc à poursuivre « la stratégie de résistance pour défendre les droits des Palestiniens ».
Le processus d’Annapolis, la reprise du dialogue indirect avec la Syrie, le retour de la Russie sur la scène proche-orientale, la menace nucléaire iranienne sont autant de dossiers-clés dont Tzipi Livni devra s’emparer si elle arrive à se maintenir dans la course pour devenir Premier ministre. A plus long terme, elle devra aussi se mesurer à la nouvelle administration américaine et faire face à la crise financière internationale qui menace. Au lendemain des primaires de Kadima, les avis divergent sur l’avenir de la scène politique israélienne. Il semble que la bataille se joue désormais entre Tzipi Livni et le leader de droite Benjamin Netanyahu. Le chef du Likoud est lui aussi dans la course au fauteuil de Premier ministre en cas d’élections anticipées et les sondages le donnent favori face à la nouvelle présidente de Kadima.
Etapes des prochaines semaines |
Dimanche prochain, le Premier ministre israélien Ehud Olmert devrait officiellement présenter sa démission. Dès lors, le président Shimon Peres aura 7 jours pour désigner un député de la majorité parlementaire (Tzipi Livni en l’occurrence) et le charger de former un gouvernement dans les 42 jours. Si les négociations n’aboutissent pas, des élections générales anticipées seront convoquées dans les trois mois. Ehud Olmert restera à son poste jusqu’à ce que la Knesset approuve un nouveau cabinet. |
Président du Likoud à Jerusalem
« Pour le moment le terrain c'est le parlement. On fera en sorte que les partis de droite dont le Likoud, ne votent pas pour un gouvernrment de Tzipi Livni qui voudrait être Premier ministre, simplement parce qu'elle se dit 'propre'. »
« Tout le peuple veut vraiment Tzipi Livni. Les gens veulent une autre politique, une politique propre et honnête ».
A écouter
« Issue d'une famille de sionistes purs et durs, Tzipi Livni a peu à peu évolué vers des positions plus modérées. »
18/09/2008
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