par Murielle Paradon
Article publié le 19/09/2008 Dernière mise à jour le 19/09/2008 à 21:29 TU
Le président de la Fed, Ben Bernanke, le président George Bush, le secrétaire au Trésor Henry Paulson et le président de Securities and Exchange Commission à la Maison Blanche le 19 septembre 2008.
(Photo : Reuters)
Ce pourrait être l’intervention la plus importante des pouvoirs publics américains depuis les années 1930 dans le domaine financier. Le secrétaire au Trésor Henry Paulson et le président de la Banque centrale américaine (Fed) Ben Bernanke se sont accordés jeudi soir pour travailler avec le Congrès sur un plan de sauvetage du système financier.
Le vaste plan d'assainissement du secteur financier
« Cette action décisive du gouvernement est indispensable pour préserver le système financier des Etats Unis et soutenir notre économie. »
Fini les interventions au cas par cas pour venir en aide (ou non dans le cas de la banque Lehman Brothers qui a fait faillite) aux établissements financiers, interventions qui n’ont pas réussi à calmer les marchés. Il faut « une approche globale, a expliqué Henry Paulson, pour traiter les actifs illiquides des bilans des établissements financiers » ; en clair se débarrasser des actifs invendables et dits « toxiques » que les banques détiennent depuis la crise des « subprimes », les crédits immobiliers à risques.
La principale piste évoquée est la création d’un fond qui rachèterait ces actifs pour les stocker et les revendre ultérieurement de manière ordonnée, quand les marchés se seront calmés. « Les avantages d’une telle solution pourraient être substantiels, estime Rob Carnell, économiste à la banque ING, car en déversant tous les déchets toxiques dans un seul silo, le climat de suspicion qui a conduit au refinancement des banques devrait se dissiper ». Ce fond pourrait ressembler au Resolution Trust Corp, organisme créé par les pouvoirs publics à la fin des années 1980 pour assainir les bilans de centaines de caisses d’épargne en perdition. A l’époque, le dispositif avait été efficace. Il avait coûté 400 milliards de dollars, dont une partie avait été récupérée au final grâce à la revente des créances.
Un plan à 1 000 milliards de dollars ?
Mais la situation est différente aujourd’hui, selon Evariste Lefeuvre, directeur-adjoint de la recherche et des études chez Natixis. Car si pour les caisses d’épargne, « les créances rachetées étaient essentiellement des crédits aux ménages ou aux entreprises, aujourd’hui les actifs pourris sont des produits complexes adossés aux subprimes et on a du mal à en mesurer la valeur ». Le dispositif serait donc plus compliqué à mettre en place et extrêmement cher. Il devrait coûter des centaines de milliards de dollars, selon le secrétaire au Trésor Henry Paulson, peut-être jusqu’à 1 000 milliards de dollars, estime Richard Shelby, sénateur républicain et numéro deux de la commission des Affaires bancaires.
de la banque Natixis
« Aujourd’hui, les actifs pourris sont des actifs dont on a du mal à mesurer la valeur. »
Autre réserve, il faudrait l’accord du Congrès pour faire voter une loi et mettre en place ce fond de rachat d’actifs, et cela pourrait prendre du temps. Or la situation est urgente. Le sénateur démocrate Chris Dodd, président de la commission bancaire du Sénat américain, prévenait vendredi que les Etats-Unis étaient « peut-être à quelques jours d'un effondrement complet de (leur) système financier ». Henry Paulson a promis de travailler tout le week-end avec le Congrès pour mettre très rapidement au point son plan de sauvetage.
En attendant, d’autres mesures ont été annoncées pour rassurer les investisseurs et encourager les marchés à reprendre une activité normale. La Fed a annoncé qu’elle allait injecter de nouvelles liquidités dans le système monétaire. Par ailleurs, la Securities and Exchange Commission (SEC), l’autorité de régulation boursière aux Etats-Unis, a interdit pendant plusieurs jours les ventes à découvert sur les valeurs boursières, des opérations spéculatives qui font souvent plonger les bourses.
Les mesures exceptionnelles du gouvernement
« L’intervention du gouvernement n’est pas seulement justifiée, elle est essentielle. »
Enfin, George Bush est intervenu vendredi pour la deuxième fois en deux jours. Evoquant le plan de sauvetage préparé par le gouvernement, le président américain a confirmé l’ampleur du projet : « Ces mesures réclament que nous engagions un montant considérable sur les dollars du contribuable ». « Cela comporte des risques », a-t-il admis. Le déficit budgétaire (483,35 milliards de dollars sur les 11 derniers mois) risque de se creuser davantage, sans compter que les Américains ont déjà beaucoup souffert de la crise des « subprimes ». Pendant la crise financière, les saisies immobilières se poursuivent. Selon le cabinet d’études spécialisé Realty Trac, rien qu’au mois d’août, 300 000 procédures ont été engagées à travers les Etats-Unis.
A écouter
Professeur à l’Institut d’étude politique de Lyon, spécialiste des Etats-Unis
« En fait, les deux points fondamentaux absolus toujours respectés d’une élection présidentielle aux Etats-Unis, c’est d’abord la popularité de l’administration sortante ou du parti sortant, et dans un deuxième temps, le fait de savoir si dans les 3, 4 semaines qui précèdent leur vote, les Américains sentent que l’économie est en bonne santé. »
19/09/2008
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18/09/2008 à 07:08 TU