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UE / Russie

Réunion sur le Caucase : les Européens renoncent

par Maud Czaja

Article publié le 24/09/2008 Dernière mise à jour le 24/09/2008 à 23:49 TU

La réunion entre les ministres des Affaires étrangères de l’Union Européenne et de la Russie concernant l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie prévue à Genève le 15 octobre prochain a été remplacée par une simple discussion entre experts. Les Européens l’ont annoncé hier en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. Bruxelles préfère éviter d’afficher une nouvelle fois son désaccord avec la Russie sur le Caucase.

Bernard Kouchner(Photo : Reuters)

Bernard Kouchner
(Photo : Reuters)

« Evidemment nous ne sommes pas d’accord, ni sur la reconnaissance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, ni sur l’interprétation quand même difficile de l’accord », a déclaré Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères lors de l’Assemblée générale des Nations unies qui se tient à New York.

« Serguei Lavrov est un bon ministre des Affaires étrangères mais il est très dur », a précisé Karel Schwarzenberg, le chef de la diplomatie tchèque : « Sur la conférence à Genève, il nous a dit à peu de choses près que ce serait la pagaille ». Les Européens ont donc préféré annuler la réunion ministérielle avec les Russes sur le Caucase, prévue le 15 octobre prochain à Genève. Elle sera remplacée par une discussion entre experts.

La Russie reste sur sa position, la diplomatie européenne tente de s’adapter

Le président russe, Dmitri Medvedev (G), le président en exercice de l'Union européenne Nicolas Sarkozy (C) et le président de la Commission José Manuel Barroso à Moscou, le 8 septembre 2008. (Photo : Reuters)

Le président russe, Dmitri Medvedev (G), le président en exercice de l'Union européenne Nicolas Sarkozy (C) et le président de la Commission José Manuel Barroso à Moscou, le 8 septembre 2008.
(Photo : Reuters)

Cette rencontre avait été décidée lors de la visite à Moscou le 8 septembre dernier du président Nicolas Sarkozy, présent au nom de la présidence française de l’Union européenne, de José Manuel Barroso, à la tête de la Commission européenne et de Javier Solana, le chef de la diplomatie de l’UE. Le trio européen avait réussi à négocier le retrait des troupes russes de Géorgie mais pas d’Ossétie du Sud ni d’Abkhazie. Ils avaient donc fixé rendez-vous à la Russie un mois plus tard pour discuter de l’avenir des deux régions tout en sachant pertinemment que Moscou comptait s’installer durablement dans ces deux  territoires dont le Kremlin a reconnu l’indépendance le 26 août. La diplomatie européenne s’était gardée de prendre la moindre sanction.

L’Europe avance désormais à tâtons. Au début de la crise, l’UE s’était précipitée dans le Caucase pour mettre fin aux hostilités en trouvant un accord entre Tbilissi et Moscou. Mais très vite, suite à des erreurs de traduction et d’interprétation, la médiation s’est révélée plus difficile que prévu car l’accord signé ne reconnaît pas l’intégrité territoriale de la Géorgie. La politique des petits pas est maintenant la voie privilégiée par Bruxelles.

Et la Géorgie dans tout ça ?

La France, aux commandes de l’UE jusqu’en décembre, n’a plus le droit à l’erreur. Son intervention rapide mais non concertée pour obtenir un cessez-le-feu en août n’a pas été du goût de tous les Etats membres de l’UE. Les Etats baltes et la Pologne reprochent à Nicolas Sarkozy d’être trop laxiste avec Moscou.

Le président de la République française s’est d’ailleurs fait remarquer lors de l’Assemblée générale des Nations unies. Il a proposé la création d’un espace commun entre l’UE et la Russie. Cet espace irait au-delà du simple partenariat stratégique mais resterait en deçà d’un marché commun. Les négociations pourraient commencer dès octobre si toutefois la Russie s’engage à respecter le principe de souveraineté des Etats.

Et la Géorgie dans tout ça ? Après avoir perdu une partie de son territoire, le président géorgien Mikheïl Saakachvili observe ses alliés européens en train de vouloir développer des liens économiques plus étroits avec son ennemi russe. Dans son discours à l’ONU, il a demandé une nouvelle fois le soutien de la communauté internationale face à son puissant voisin et a appelé l’ONU à ne « pas laisser broyer ses principes par la Russie ».

Mikheïl Saakachvili

Président géorgien à l'Onu

« Chacun d’entre nous doit refuser de se taire devant cette agression, cette occupation, ce nettoyage ethnique et cette insulte pour les pays membres de l’Onu ».

24/09/2008

A écouter

La « grande conférence » sur la Géorgie n'aura pas lieu

« Dimitri Medvedev a été jusqu'à qualifier son homologue Mikhaïl Saakachvili de cadavre politique : pas question, donc, de tenir la moindre réunion avec lui ou ses ministres... ».

24/09/2008