par Anne Toulouse
Article publié le 25/09/2008 Dernière mise à jour le 25/09/2008 à 12:20 TU
John McCain et Barack Obama vont se joindre à George Bush pour essayer de trouver des solutions à la crise financière.
(Photo : Reuters)
« Notre économie tout entière est en danger »
Cette extraordinaire mobilisation survient quelques jours après que le président ait annoncé un plan de 700 milliards de dollars pour renflouer les institutions financières, mises à genoux par la crise du crédit. L’énormité de ce chiffre a provoqué une véritable fronde dans l’opinion publique, qui n’admet pas que les contribuables subventionnent les erreurs du monde de la finance. Mardi et mercredi, les deux auteurs de ce plan de sauvetage, le ministre des Finances, Henry Paulson, et le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, ont reçu de plein fouet la vague de ce mécontentement, lors d’auditions au Congrès. Les parlementaires, qui pour la plupart affronteront les lecteurs dans 40 jours, se sont fait l’écho des messages entendus dans leurs circonscriptions et ont laissé entendre qu’ils ne voteraient pas le texte sans apporter de sérieuses modifications, notamment pour resserrer le contrôle de l’Etat sur les établissements qui demanderont sa protection.
George Bush est apparu dans le cadre solennel d’un discours diffusé à une heure de grande écoute par toutes les chaines de télévision et a défendu son plan avec des accents dramatiques. « Notre économie tout entière est en danger », a-t-il dit, « nous pourrions faire face à une longue et douloureuse récession, des millions d’Américains pourraient perdre leur emploi… ». Il a longuement rappelé l’historique de cette situation, née de la crise du marché immobilier. Il a expliqué que seul le gouvernement avait les moyens de racheter les hypothèques en défaut de payement en attendant que le marché se redresse.
Le fait même que le George Bush soit obligé de venir une seconde fois, en moins d’une semaine, expliquer le bien fondé de sa décision est significatif de la situation d’un président qui a déjà un pied en dehors de la porte. La rébellion du Congrès a été alimentée par l’opposition des deux candidats à la présidence, dont celui du propre parti du président, John McCain. Bien que le vice-président soit allé personnellement essayer de les convaincre, les parlementaires républicains ont semblé plus empressés de se ranger derrière un éventuel futur président que derrière celui qui s’en va. C’est d’ailleurs John McCain qui a, le premier, proposé que le président le reçoive avec Barack Obama. Le candidat républicain a manifestement saisi l’occasion d’illustrer l’un de ses arguments de campagne : il est celui qui sait transcender les divergences partisanes, pour se mettre au service de l’intérêt national.
Barack Obama avait dû avoir la même pensée, puisqu’il a appelé mercredi matin de bonne heure son rival républicain, pour évoquer le rôle qu’ils peuvent avoir dans une situation dont l’un des deux héritera dans un futur proche. Dans l’immédiat, le fait qu’ils soient l’un et l’autre sénateur, les oblige à s’engager sur un texte qui peut peser lourd dans leur campagne. En votant ils avaliseront obligatoirement des éléments impopulaires, mais en ne votant pas, ils subiraient les conséquences d’un éventuel effondrement financier.
La crise économique favorise Barack Obama
Pendant les deux dernières semaines, la crise financière et les événements extraordinaires qui l’ont accompagnée, ont relégué au second plan la campagne présidentielle. A partir de ce constat, John McCain essaye de retourner à son profit une situation qui n’est pas à son avantage. Les sondages montrent que, pour plus de la moitié des électeurs, l’économie est devenue la priorité absolue et que dans ce domaine ils font davantage confiance à Barack Obama. Cet état de chose explique en grande partie la remontée du candidat démocrate, qui a pris un avantage de 5 à 9 points dans la moyenne nationale, et qui passe en tête dans les intentions de vote d’Etats clés comme le Michigan, le Colorado ou la Pennsylvanie.
Le pari de John McCain dépendra de la tournure des événements au cours de prochaines heures. Pendant que George Bush s’adressait à la nation, le Congrès était en train de mettre au point une version amendée du plan de sauvetage et espérait le soumettre au vote dans les 48 heures. Si tel est le cas et si le texte est acceptable pour le gouvernement, le candidat républicain aura l’air d’avoir volé au secours de la victoire. Si, au contraire, la situation n’est pas résolue d’ici la fin de la semaine, il pourrait se présenter comme l’homme capable d’arracher un compromis.
Reste l’affaire du débat présidentiel, qui pour l’instant est dans les limbes. Ce premier affrontement entre les deux candidats a pour thème la politique étrangère, ce qui sur le papier coïncidait avec l’actualité, en pleine session de l’Assemblée générale des Nations unies. Mais dans la réalité le sujet apparait, en effet, décalé. Ni la commission des débats présidentiels, ni Barack Obama n’ont souscrit à la proposition de John McCain de le reporter au 2 octobre. Si celui-ci s’obstinait, Barack Obama se retrouverait en situation de débattre avec lui-même. Ce serait un nouvel élément extraordinaire dans une campagne qui en a déjà connu beaucoup !
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