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Automobile

Après la France, Renault dégraisse en Europe

par Myriam Berber

Article publié le 25/09/2008 Dernière mise à jour le 25/09/2008 à 16:50 TU

Une chaîne de montage à l'usine Renault de Sandouville.( Photo : AFP )

Une chaîne de montage à l'usine Renault de Sandouville.
( Photo : AFP )

Un comité de groupe européen du constructeur automobile Renault a confirmé, jeudi 25 septembre 2008, la suppression de 2 000 emplois en Europe. Ce plan social s’ajoute aux 4 000 départs volontaires annoncés en juillet sur les sites français. La CGT a organisé, jeudi, une journée de débrayage sur les sites français de Renault.

Plusieurs usines de Renault ont débrayé ce jeudi. A Flins (Yvelines), au Mans (Sarthe),  à Douai (Nord) ou Cléon et Sandouville (Seine-Maritime), les salariés ont suivi l’appel de la CGT. Alors que la tension est grandissante, le constructeur automobile français Renault a annoncé, jeudi 25 septembre 2008, en comité de groupe européen la suppression de 2 000 emplois supplémentaires en Europe, dont 900 en France. Quatre cent cinquante toucheront le réseau commercial et 450 la production industrielle. En France, l’usine de Maubeuge (Nord) qui produit les Kangoo et celle de Batilly (Meurthe-et-Moselle), spécialisée dans les utilitaires, devraient être touchées. Le site de production de boîtes de vitesses à Ruitz (Pas-de-Calais) également ainsi que les usines de Dieppe (Normandie) et Villeurbanne (Rhône-Alpes).

En Europe, 19 pays au total sont concernés. « Outre la France, le plan aura un impact en Espagne, en Italie, en Grande-Bretagne, en Allemagne, globalement à peu près partout, en particulier sur la partie commerciale », a expliqué Fabien Gâche, le représentant syndical de la CGT qui était ce jeudi matin au siège du constructeur à Boulogne-Billancourt. Contrairement à la France qui procédera à des départs volontaires uniquement, des plans sociaux seront mis en place au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Italie.

Mobilisation des salariés

Renault avait déjà présenté en comité central d’entreprise, le 9 septembre dernier, un plan de 4 000 départs volontaires en France, dont la suppression d’une équipe dans l’usine de Sandouville, soit 1 000 postes sur 3 700 salariés. Le site normand produit notamment la nouvelle Laguna lancée à l’automne 2007, qui a du mal à se vendre, la Renault Espace et la Vel Satis.

Les salariés de cette usine de l’ouest de la France sont actuellement en grève. La production, perturbée depuis mardi, est arrêtée depuis ce jeudi. A l'origine du mouvement, l'annonce par la direction d'une nouvelle période de quinze jours de chômage technique en novembre sur les lignes de production de la Laguna. Selon l’organisation du travail présentée cette semaine par la direction pour octobre et novembre, les salariés travailleront une semaine sur deux, soit 200 à 300 euros de salaire en moins par semaine. Une situation d’autant plus préoccupante que la direction a déjà eu recours au chômage technique jusqu’à 42 jours entre janvier et septembre.

6% de marge opérationnelle

La CGT, qui a appelé à une journée de débrayage ce jeudi sur les sites français de Renault, a dénoncé par la voix de son secrétaire général la stratégie financière du constructeur. « Renault restructure  pour accroître avant tout ses marges financières», a déploré Bernard Thibault. Au cours des cinq dernières années, le constructeur automobile a cumulé 15 milliards d’euros de profits. Il dispose actuellement de plus de 6 milliards de trésorerie. La CGT demande à la direction de « renoncer immédiatement  à son objectif de marge opérationnelle ». Le patron de Renault, Carlos Ghosn, campe en effet sur ses positions. Il a réaffirmé sa volonté « de garder le cap d'une marge opérationnelle de 6% en 2009 quoi qu'il arrive ».

Pour réaliser cet objectif, Renault met donc en place un plan qui vise à dégager 350 millions d'euros d'économies en 2009 et 500 millions en 2010. Ce plan passe par des départs volontaires, une réorganisation des usines et une augmentation du prix de vente des véhicules.  Le groupe, sixième constructeur européen en terme de ventes, a également revu à la baisse ses objectifs commerciaux pour 2009, ramenés de 3,3 millions à 3 millions de véhicules par an. Le groupe invoque notamment le ralentissement des marchés européens et notamment celui du marché haut de gamme, sur lequel il est présent avec la Laguna.