par Myriam Berber
Article publié le 04/08/2008 Dernière mise à jour le 05/08/2008 à 05:09 TU
En juillet 2008, le marché automobile américain a enregistré son plus mauvais score depuis avril 1992.
(Photo : AFP)
Le marché automobile américain a terminé le mois de juillet 2008 sur des ventes en recul de 20% à 1,3 million de véhicules, soit un peu plus de 12 millions de voitures vendues annuellement. Le plus mauvais score depuis plus de seize ans. Cette mauvaise performance est surtout imputable au marché des 4X4, des pick-ups et autres véhicules très gourmands en carburant qui subissent directement la flambée des prix à la pompe. Les ventes de véhicules tout terrain ont chuté de plus de 31,7% en juillet, tandis que celles des voitures ont baissé de 13,5%.
Les « Big Three » de Detroit sont en difficulté. Le numéro un américain General Motors a vu ses ventes chuter de 26,7%, Ford de 22% et Chrysler de 29% sur le mois de juillet. General Motors a également annoncé des pertes d’un montant de 15,5 milliards de dollars (11 milliards d’euros) au deuxième trimestre 2008. Ford a enregistré un déficit trimestriel de 8,7 milliards de dollars (6 milliards d’euros).
Plans sociaux et alliances
Le marché automobile américain est parti pour connaître sa plus mauvaise année en dix ans et les analystes estiment que la situation risque de s’aggraver. Ces dernières semaines, les trois groupes de Detroit, GM, Ford et Chrysler ont, en effet, décidé d’arrêter leurs offres de crédit-bail ou leasing (location avec option d’achat) qui sont pourtant une incitation cruciale pour les ventes. Près de 20% des véhicules vendus aux Etats-Unis par les trois géants, le sont en leasing. Cette décision a été prise alors que les branches financières des constructeurs automobiles américains ont accumulé des pertes en raison de défauts de paiements.
Conséquence, les constructeurs américains ont également mis en place des plans pour redresser les comptes. Les gros 4x4 et les pick-up, sont particulièrement touchés par la crise. A General Motors, quatre sites de production de gros modèles ont déjà été fermés. Cette restructuration va se poursuivre par le biais de ventes d’actifs et de la réduction de 20% supplémentaires des coûts salariaux. Ford va très rapidement réduire ses effectifs de 15%. Chrysler va supprimer 1 000 emplois qui s’ajoutent aux 2 400 déjà annoncés en juin. Pour essayer de repartir, les constructeurs américains cherchent également des alliances. Chrysler a évoqué avec le groupe indien Tata Motors la possibilité de vendre son modèle Jeep en Inde et avec le groupe italien Fiat, une éventuelle location d’une partie de ses capacités de production en Amérique du Nord.
Une hausse de la demande des pays émergents
Moins touchés, les constructeurs japonais de petites voitures, moins gourmandes en carburant s'en sortent un peu mieux, même s’ils sont aussi à la peine. Le numéro un mondial de l’automobile Toyota enregistre une baisse de 12% de ses ventes sur le marché américain. Honda est parvenu à limiter à 1,6% la baisse de ses ventes. Nissan, le grand partenaire de Renault et troisième constructeur automobile japonais, est également touché. Son bénéfice net a plongé de 42,8% sur le premier trimestre, en raison de pertes sur le marché nord-américain.
Dans ce contexte morose, de l’autre côté de l’Atlantique, les constructeurs européens s’en tirent un peu mieux. Le français PSA (Peugeot Citroën) a annoncé un bénéfice net en hausse de 49% pour son premier trimestre 2008 à 733 millions d’euros. L’allemand Volkswagen a augmenté son bénéfice net de 35% au deuxième trimestre, à 1,64 milliard d’euros. Quant à l’italien Fiat, il a progressé de 3% à 646 millions d’euros. Malgré le pétrole cher et un pouvoir d’achat en baisse, les industriels européens ont su se maintenir dans la course, grâce notamment à la hausse de la demande des pays émergents (Brésil, Russie, Inde et Chine). En dépit de ces bons résultats, les constructeurs européens ont admis que les mois qui viennent allaient s’avérer particulièrement difficiles. Anticipant un ralentissement des ventes en 2009, le groupe français Renault a simultanément annoncé fin juillet un chiffre d’affaires en hausse au premier semestre 2008 et un plan de réduction des effectifs de l'ordre de 5 000 emplois sur ses sites européens.