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Crise financière

Le krach boursier gagne toutes les places financières

par Claire Fages

Article publié le 10/10/2008 Dernière mise à jour le 11/10/2008 à 00:40 TU

Après un « jeudi noir » à Wall Street, toutes les places boursières étaient à leur tour en chute libre ce vendredi 10 octobre. De Tokyo à Londres, en passant par Paris, les principaux indices ont dégringolé de 7 à 10%. L’échec des mesures prises jusqu’ici par les gouvernements et les principales banques centrales est patent. Tous les regards se tournent maintenant vers Washington, où se réunissent les ministres des Finances des sept pays les plus industrialisés (G7).

Un courtier en bourse à Londres, le 10 octobre 2008.(Photo : Reuters)

Un courtier en bourse à Londres, le 10 octobre 2008.
(Photo : Reuters)

La bourse de New York avait donné le ton ce jeudi : après une séance cauchemardesque, la pire depuis le krach d’octobre 1987, l’indice Dow Jones avait clôturé à -7%, sa plus forte baisse depuis cinq ans.Toutes les places financières de la planète ont ensuite emboîté le pas à Wall Street.

En Asie, c’est à Tokyo que la chute a été la plus spectaculaire, ce vendredi : l'indice Nikkei a perdu près de 10%, la plus forte baisse en une seule séance depuis plus de 20 ans, malgré l’injection record de liquidités par la Banque du Japon - l’équivalent de 34 milliards de dollars en une seule journée. Au passage, la crise y faisait sa première victime, avec la faillite de l’assureur Yamato Life, croulant sous 2 milliards de dollars de dette. A Singapour, entré à son tour en récession, la bourse a dévissé de 9,6% ce vendredi ;  celle de Bangkok de 7,34%, celle de Bombay de 8% ; -8,3% à Sydney et à Manille... Même les places chinoises, qui avaient résisté pendant quatre séances, ont accusé le coup, avec -3,5% à Shanghai.

Ce sont ensuite les places européennes qui se sont effondrées. Londres, Paris et Francfort perdaient 10% dès l'ouverture… pour clôturer à -8,85% pour le Footsie, à -7,73% pour le CAC 40 et à -7% pour le Dax. La bourse de Vienne fermait en baisse à -7,37% malgré une suspension des cotations dans la matinée, pour la première fois de son histoire, comme à Bucarest. L’Europe de l’Est aussi voyait fuir les investisseurs de ses marchés financiers… La bourse de Moscou a d’ailleurs gardé ses portes fermées.

On est « au delà de la panique », témoignaient les investisseurs, certains évoquant même un « bain de sang » sur les marchés.

Le « krach », un plongeon de 20% en quelques jours

La chute brutale et répétée des cours boursiers a donc atteint au moins 20% en quelques jours. C’est la définition du « krach ». Celui que nous vivons, né aux Etats-Unis d’un effondrement du crédit « subprime », le crédit hypothécaire à risque dans l’immobilier, est le plus grave depuis plus de vingt ans. Le 19 octobre 1987, les actions avaient chuté de 23% en une journée à Wall Street, entraînant, et pour la première fois, la plupart des marchés mondiaux à la baisse, un effet de l’informatisation dans ce domaine. Mais le redressement fut rapide et deux ans plus tard, les indices avaient retrouvé leurs niveaux antérieurs.

Depuis, les crises financières avaient été circonscrites soit à une région : l’Asie, en 1997-1998 ; ou aux valeurs technologiques, comme lors de l’éclatement de la bulle Internet en 2001.

Avec le krach généralisé à toutes les valeurs et à toutes les places financières, ces derniers jours, le spectre de la « Grande dépression », qui avait fait suite au krach de 1929, fait sa réapparition. Le 28 octobre 1929 - encore un mois d’octobre -, l’indice Dow Jones dégringolait de 13%, et le lendemain, le fameux « mardi noir », à nouveau de 12%. Du jour au lendemain, les actions des fonds d’investissement, acquises par des millions d’Américains, ne valaient plus rien. Le monde occidental ne se remit de la crise économique déclenchée par ce krach qu’après 1945 et la Deuxième guerre mondiale. Et il fallut attendre 1954, pour que l’indice Dow Jones ne retrouve son niveau de 1929…

Echec des plans de sauvetage successifs

On n’en est pas encore là, mais la défiance continue des investisseurs sur les marchés est inquiétante. Elle est le signe qu’ils ne croient pas dans les remèdes tentés jusqu’à présent pour sortir de la crise financière et bancaire et relancer la machine économique, grippée par manque de crédit.

Ni le plan américain pour racheter les actifs toxiques des banques, ni en Europe la garantie des dépôts ou les semi-nationalisations des banques défaillantes n'ont eu l'effet escompté. Pas plus que les injections quotidiennes de liquidités par les grandes banques centrales de la planète ou la baisse concertée de leurs taux d'intérêt mercredi dernier.

Pourtant sous perfusion, les banques continuent de se méfier de la santé de leurs concurrentes, elle ne se prêtent plus d'argent, ce gel du crédit interbancaire menace les prêts aux entreprises, et mine la confiance des investisseurs. Tous les regards se tournent maintenant vers Washington, où les ministres des Finances du G7 et les gouverneurs des banques centrales sont réunis pour tenter d'établir un front commun contre la crise. En espérant l'électrochoc salutaire.

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