par RFI
Article publié le 11/10/2008 Dernière mise à jour le 11/10/2008 à 13:47 TU
Le président zimbabwéen a unilatéralement attribué à son parti la plupart des portefeuilles clés du futur gouvernement, provoquant samedi la colère de l'opposition qui estime « en péril » l'accord sur le partage du pouvoir. Selon le journal d'Etat The Herald, les ministères de la Défense, des Affaires étrangères et de l'Intérieur reviennent au parti au pouvoir, l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF).
Harare le 15 septembre 2008, signature de l'accord du partage du pouvoir entre Robert Mugabe (g), et Morgan Tsvangirai (d).
(Photo : AFP)
Robert Mugabe s’est octroyé tous les ministères qui relèvent des activités régaliennes de l’Etat puisque, selon la liste publiée par le quotidien d’Etat The Herald ce samedi, la Zanu-PF conserve l’appareil sécuritaire, c’est-à-dire la police et l’armée. Le parti de Mugabe, toujours selon cette liste, conserve aussi la Justice, les Affaires étrangères, le Gouvernement local et l’Information. Il ne laisse donc que des portefeuilles d’importance tout à fait secondaire à l’opposition MDC, même si la liste n’indique pas quel camp hériterait des Finances.
La publication de cette liste, en tout cas, est surprenante car pas plus tard qu’hier vendredi, un porte-parole de Robert Mugabe avait déclaré que les deux partis avaient convenu de faire appel au médiateur, l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki, pour qu’il aide le chef de l’opposition Morgan Tsvangirai et Robert Mugabe à sortir de l’impasse et à justement s’entendre sur la répartition des maroquins.
Impasse
Evidemment, ce matin, le MDC a dénoncé cette liste. Nelson Chamisa, le porte-parole du MDC, a déclaré que cette iniative unilatérale de la Zanu-PF était « scandaleuse et arrogante et qu’elle risquait de mettre en péril l’accord sur le partage du pouvoir », accord signé il y a bientôt quatre semaines.
Cet accord de gouvernement existe-t-il encore réellement ? Dans tous les cas, Thabo Mbeki devrait se déplacer à Harare lundi pour le ressusciter, pour relancer les négociations portant sur la composition de ce gouvernement. Mais il est vrai que cet accord est fragile. Il a peut-être été signé de façon un peu hâtive car cet accord ne règle pas du tout les arbitrages les plus fondamentaux de la répartition du pouvoir.
L’accord stipule que quinze ministères échouent à Mugabe et seize aux deux factions du MDC certes, mais il ne précise pas quels ministères, d’où l’impasse aujourd’hui. Il faut rappeler que le Parlement ne s’est toujours pas réuni pour adopter les amendements constitutionnels indispensables à la mise en œuvre de cet accord. Par conséquent, Morgan Tsvangirai n’est toujours pas, d’un point de vue technique, Premier ministre. En revanche, Robert Mugabe, lui, est bel et bien le président et c’est peut-être ce qu’il a cherché à rappeler en se livrant seul à la composition du gouvernement aujourd’hui.
A lire également