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Francophonie

Madagascar accueillera le prochain sommet de la Francophonie en 2010

Article publié le 20/10/2008 Dernière mise à jour le 20/10/2008 à 22:09 TU

Madagascar a été choisi dimanche au sommet de la Francophonie à Québec pour accueillir le prochain sommet de l'organisation en 2010, après une « lutte acharnée » avec la République démocratique du Congo qui, elle, accueillera celui de 2012. Il s'agit d'un succès diplomatique pour le président malgache Marc Ravalomanana, qui avait menacé de retirer son pays de l'Organisation internationale de la Francophonie si son pays n'était pas désigné.

Le président malgache Marc Ravalomanana le 19 octobre 2008, lors du XIIe sommet de la Francophonie à Québec.(Photo : AFP)

Le président malgache Marc Ravalomanana le 19 octobre 2008, lors du XIIe sommet de la Francophonie à Québec.
(Photo : AFP)

De notre correspondant à Antananarivo, Grégoire Pourtier

Un centre de conférence tout neuf, un hôtel cinq étoiles juste à côté, et même une cinquantaine de villas pour VIP en train de sortir de terre… Il n’y a aucun doute que Madagascar sera logistiquement prêt à accueillir le XIIe sommet de la Francophonie, en 2010. Sinon c’est à désespérer puisque la Grande Ile devra accueillir avant cela une autre réunion internationale de premier plan, le sommet de l’Union africaine, en août prochain.

Le président Ravalomanana, en perpétuelle quête de reconnaissance, a réussi là un joli doublé qui apporte au pays « une visibilité au niveau internationale », selon les mots de Serge Ratsirahonana, coordinateur national de l’Unesco à Madagascar. « Grâce à ces grandes réunions, le pays sera gagnant au niveau économique », assure pour sa part Harison Randriarimanana. Le ministre de l’Environnement peut aussi se réjouir du thème choisi pour l’occasion : « Biodiversité et diversité culturelle pour un développement durable au service des communautés ».

Un piètre francophone

Pourtant, beaucoup s’étonnent de la vigueur mise par Marc Ravalomanana dans la défense de ce dossier. A Québec, il est même allé jusqu’à menacer de quitter l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie) si son pays n’était pas désigné. Depuis que la France a tardé à reconnaître sa prise de pouvoir en 2002, le président malgache, piètre francophone, ne s’est pas révélé comme un fervent partisan de l’ancienne puissance coloniale, n’hésitant pas, cette année, à faire rappeler par Nicolas Sarkozy un ambassadeur à peine installé.

En 2007, l’anglais a aussi été introduit comme langue officielle et la dernière rentrée des classes a vu la réintroduction du malgache comme langue d’enseignement primaire. « Même si on s’ouvre à d’autre langues, et qu’il faut aussi cultiver notre langue nationale, la France et le français font partie de notre culture », assure pourtant M. Ratsirahonana.

Des écrans de fumée

S’adapter à la mondialisation tout en défendant ses valeurs, voilà l’enjeu. Mais pour Marc Ravalomanana, cette « victoire » sur le fil sonne surtout comme un pied de nez, alors qu’on la croyait isolée de la France, et plus généralement de la sphère francophone – la Grande Ile ne cache pas aujourd’hui ses accointances supérieures envers les pays asiatiques et l’Afrique australe, en grande majorité anglophone.

Le président ne manquera pas à son retour à Antananarivo de se gargariser de son succès diplomatique, provoquant déjà l’exaspération de l’opposition. « C’est pas un sommet comme ça qui va changer quoi que ce soit (à la situation socio-économique du pays, parmi les plus pauvres du monde). C’est pour sa gloire personnelle et pour que quelques-uns se fassent plaisir », tonne Maurice Beranto, farouche détracteur du régime. L’énergie consacrée à l’organisation du sommet de l’Union africaine, dans laquelle plusieurs ministres sont personnellement impliqués, était déjà dénoncée, alors une deuxième réunion internationale dans la foulée… Pour le politicien, on s’éloigne des priorités en dressant des écrans de fumée. « Nous parlons de sommet ? C’est bien le problème : nous avons besoin de succès au ras du sol, pas de réunions stratosphériques. »