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Inde

Le bilan des attentats s'alourdit

Article publié le 30/10/2008 Dernière mise à jour le 30/10/2008 à 22:32 TU

68 personnes ont été tuées et 335 blessées par l'explosion quasi simultanée de 11 bombes dans 4 villes au nord-est. Ce bilan reste provisoire, indique la police qui soupçonne les indépendantistes de l’ULFA.

Après les attentats, la foule en colère a incendié une ambulance à Guwahati, le 30 octobre 2008.( Photo : Reuters )

Après les attentats, la foule en colère a incendié une ambulance à Guwahati, le 30 octobre 2008.
( Photo : Reuters )


Avec notre correspondant à New Delhi
, Mouhssine Ennaimi

En l'espace d’une heure, onze bombes au total ont explosé dans l’Etat de l’Assam dans l’extrême nord-est de l’Inde. Les explosions quasi simultanées ont eu lieu à la mi-journée dans des endroits très fréquentés, tels que les marchés populaires ou les centres commerciaux, mais aussi aux abords de la Cour de justice et d’autres bâtiments publics.

Les engins explosifs étaient particulièrement puissants. Des centaines de véhicules sont carbonisés et les boutiques aux alentours calcinées.

Les pompiers éteignent les incendies qui se sont déclenchés après les attentats. La police extrait les corps des carcasses de métal et les blessés sont emmenés vers les hôpitaux les plus proches.

L’ULFA soupçonné

Peu de temps après les attentats, des émeutes ont éclaté dans la ville de Guwahati, la capitale de l’Etat d’Assam. Les habitants s’en sont pris aux forces de police, aux camions de pompiers et aux ambulances.

Le couvre-feu a été déclaré et les forces paramilitaires envoyées en renfort.

Les attentats n’ont pas été revendiqués mais étant donné les moyens logistiques, la coordination et l’intensité des explosions, les autorités suspectent le mouvement séparatiste du Front uni de libération de l’Assam (ULFA). Dans un communiqué, l'ULFA a toutefois affirmé n'être « en aucune manière impliqué dans ces explosions ».

L’Assam, un Etat en proie aux violences


En Assam, des mouvements populaires ont revendiqué leur indépendance dès les années 1850. Les Britanniques n'ont jamais pu régler le problème. La création de la République fédérale indienne en 1947 n'a pas non plus mis fin aux revendications de certains groupes séparatistes.

L'Assam est riche de son pétrole, de son bois et de ses plantations de thé. Mais l'accroissement des difficultés économiques, les migrations de populations venant de l'ouest ont rapidement accéléré la paupérisation et augmenté les tensions ethniques.


Vagues de violences communautaires

En 1979, des militants hindous fondent le Front uni de libération de l'Assam. Un mouvement qui revendique, par la lutte armée, l'installation d'un Etat socialiste indépendant. Ce groupe soutenu par le Bangladesh est clandestin. Et ses partisans sont considérés comme des terroristes depuis 1990. Un temps populaire, la guérilla de l'ULFA a aujourd'hui perdu toute légitimité depuis que de récents attentats ont tué de très nombreux civils.


D'ailleurs, pour les autorités locales, il n'y a aucun doute, c'est l'ULFA qui serait derrière les explosions de ce jeudi 30 octobre 2008. L'ULFA a toutefois démenti toute implication.


Reste que l'Assam connaît régulièrement des vagues de violences communautaires. Au début du mois d'octobre, des affrontements sanglants entre des communautés musulmanes – 40 % de la population locale – et des communautés hindoues ont fait près de 50 morts et des dizaines de milliers de déplacés.