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Crise financière internationale

Et maintenant le Japon…

par Myriam Berber

Article publié le 31/10/2008 Dernière mise à jour le 01/11/2008 à 06:24 TU

Le Japon abaisse sa prévision de croissance pour 2008-2009 pour la ramener à 0,1% au lieu de 1,2% prévu précédemment. Cela confirme le net ralentissement économique de la deuxième puissance économique mondiale. Certains secteurs sont particulièrement exposés comme les banques et l’automobile. Le constructeur Nissan vient d’annoncer la suppression de 3 500 emplois.

La plus grande banque du Japon, Mitsubishi UFJ, a revu à la baisse ses prévisions de bénéfices annuels pour l’exercice 2008-2009(Photo : AFP)

La plus grande banque du Japon, Mitsubishi UFJ, a revu à la baisse ses prévisions de bénéfices annuels pour l’exercice 2008-2009
(Photo : AFP)

Le Japon ne table plus que sur une croissance de 0,1%. Sa précédente prévision de croissance, publiée en juillet 2008, était de 1,2%. Selon la Banque centrale du Japon (BoJ), deux facteurs expliquent la faiblesse actuelle de l’économie nippone : la hausse des prix des matières premières et le ralentissement des exportations. S’agissant des derniers indicateurs conjoncturels, le taux de chômage est retombé à 4,0% en septembre 2008 contre 4,2% en août. Quant à l’inflation, le taux devrait s’élever à 1,6% en 2008-2009 contre 1,8% estimé précédemment.   

Le ralentissement de l’économie a donné un argument supplémentaire à la banque centrale pour baisser ses taux d’intérêts. Pour la première fois depuis sept ans, la BoJ a réduit de 0,20 point de base son principal taux directeur pour le ramener à 0,30% contre 0,50% précédemment afin de soutenir l'économie japonaise dans la crise actuelle. Les taux d’intérêts nippons sont parmi les plus bas au monde. A titre de comparaison, le taux directeur de la Banque centrale européenne (BCE) est fixé à 3,75%.

La réévaluation du yen

Cet abaissement du loyer de l’argent complète le plan de soutien de 207 milliards d’euros annoncé jeudi 30 octobre 2008 par le Premier ministre Taro Aso. Ce plan d’un montant astronomique s’ajoute à celui de 14 milliards d’euros lancé en août dernier par son prédécesseur Yasuo Fukuda et adopté par le Parlement début octobre. Ce plan de relance de la consommation prévoit des réductions d’impôts, des aides directes aux ménages, des allocations familiales ou vieillesse ou encore des prêts aux petites et moyennes entreprises. Celles-ci assurent 70% des emplois dans l’archipel. Le gouvernement japonais veut éviter une crise comme celle de la fin des années 90.

En abaissant son taux directeur, la  BoJ a également pour objectif d’enrayer l’appréciation galopante du yen face au dollar et à l’euro observée ces dernières semaines, et de réduire les coûts de financement pour les banques. Les trois mastodontes de la finance, Mitsubishi UFJ, Mizuho et Sumitomo Mitsui, ont revu à la baisse leurs prévisions de bénéfices annuels. La plus grande banque du pays, Mitsubishi UFJ, qui a procédé en début de semaine à une augmentation de capital de 8 milliards d’euros, a réduit sa prévision de bénéfice de deux tiers par rapport à son objectif initial. Mitsubishi UFJ table désormais sur un bénéfice net annuel d’1,7 milliard d’euros pour l’exercice 2008-2009. Jusqu’ici, les banques nippones avaient été épargnées par la crise financière internationale, mais la chute des marchés boursiers a fait fondre leurs portefeuilles d’actions et réduit le montant des commissions.

Les ventes de Nissan en chute libre

Le gouvernement japonais s’inquiète également pour ses grandes entreprises exportatrices pénalisées par l'envolée du yen en plus de la baisse des marchés occidentaux. La monnaie japonaise, considérée comme une valeur refuge, a atteint son niveau le plus haut face au dollar et à l’euro et cette envolée du yen menace les exportations du pays. L’excédent commercial du Japon a enregistré une chute brutale de 94% au mois de septembre par rapport à l'année dernière à la même époque. Cette chute s'explique par le net recul des exportations vers l'Amérique du Nord et l'Europe. Les Américains, touchés par la crise des crédits à risque, ont importé moins de machines pour l'industrie, de matériel électronique ou d'automobiles japonaises.

Les ventes du constructeur automobile japonais Nissan aux Etats-Unis ont ainsi chuté de 37% en septembre. En conséquence, Nissan a divisé par deux sa prévision de bénéfice net pour cette année. Il ne prévoit désormais plus que 1,24 milliard d’euros contre 2,64 milliards d’euros. Résultat, le constructeur nippon annonce la suppression de 3 500 postes dans le monde : 2 500 emplois permanents aux Etats-Unis et en Espagne ainsi que 1 000 emplois intérimaires au Japon. Ceci dans le cadre d’un plan de réduction de sa production de 200 000 unités cette année.