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Angolagate

Pour Gaydamak, l'affaire Angolagate est «une machination totale»

Article publié le 31/10/2008 Dernière mise à jour le 31/10/2008 à 20:18 TU

Accusé dans l'affaire Angolagate, une affaire de vente d'armes au profit de l'Angola, Arcady Gaydamak a donné un entretien depuis Jérusalem, où il est actuellement en campagne électorale. L'homme d'affaires israélien estime être la victime d'une manipulation, orchestrée dans le cadre de règlements de compte politiques.
Arcady Gaydamak, candidat à la mairie de Jérusalem, le 31 octobre 2008.(Photo : AFP)

Arcady Gaydamak, candidat à la mairie de Jérusalem, le 31 octobre 2008.
(Photo : AFP)



De notre correspondante à Jérusalem
, Catherine Monnet

Arcady Gaydamak n’entend pas se soustraire à la justice française. Mais il ne la respecte pas et il entend se rendre à son procès, en France, quand bon lui semblera, « au moment où je le jugerai opportun et quand cela sera commode pour moi » dit-il.

Le milliardaire russe, devenu citoyen israélien après avoir vécu à Paris et à Londres, en veut à l’Etat français. « Je me considère comme quelqu’un traité injustement », regrette Arcady Gaydamak qui ne comprend pas que l’Etat français ne lui montre pas davantage sa reconnaissance, « après tout ce [qu’il a] fait pour la France ».

Gaydamak affirme n'avoir fait que son devoir

C’était à l’époque où Charles Pasqua était ministre de l’Intérieur et où il fallait négocier la libération de plusieurs otages français. « J’ai sauvé d’une mort certaine neuf Français, dont six sont des officiers de l’armée française, qui dans l’exercice de leur mission se trouvaient en danger de mort, rappelle-t-il. C’était deux pilotes capturés en Bosnie et quatre officiers de la DGSE qui étaient dans le Caucase du Nord et pour qui j’ai organisé leur opération de sauvetage. »

Dans ces différentes opérations, Arcady Gaydamak assure n’avoir fait que son devoir de civil en répondant « à la demande du ministre de l’Intérieur et des officiers haut-gradés dans les services administratifs de la DST ». Mais plus de dix ans après les faits, Arcady Gaydamak, qui rêvait de recevoir une prestigieuse décoration française pour service rendu à la nation, a dû se contenter d'une assignation à comparaître au procès de l’Angolagate.

Règlements de compte politiques

« C’est une machination totale, une manipulation, une falsification » se défend Arcady Gaydamak dès que le mot « Angolagate » est prononcé. L'homme responsable de cette vaste machination est, d’après lui, le juge d’instruction Philippe Courroye, qui aurait agit « à la demande de services de l’administration présidentielle qui était à l’époque sous la direction de Jacques Chirac ». Alors président de la République, il souhaitait, d’après le magnat russe, écarter le rival politique qu’était devenu Charles Pasqua. En revanche, il n’y aurait rien d’illégal dans un commerce « qui existait depuis des décennies entre la Fédération de Russie et l’Angola ».

Les ventes d'armes reprochées par la justice à Arcadi Gaydamak et Pierre Falcone concernent les années 1993 à 1998. L’Angola était alors en pleine guerre civile et le chef de l'Etat, José Eduardo dos Santos, avait besoin d'armes pour gagner contre les rebelles de l'Unita. « C’était un pays isolé par plusieurs pays occidentaux, notamment la France, qui soutenait presque ouvertement l’opposition armée », explique Arcady Gaydamak qui trouve avec Pierre Falcone une solution : la facture des chars, hélicoptères ou munitions sera gagée sur les futures ventes de pétrole de Luanda.

Les zones d'ombre de l'Angolagate

« L’Etat angolais à cette époque ne pouvait pas contrôler réellement les flux d’argent. Moi et monsieur Falcone avons obtenu la nationalité angolaise et étions des employés officiels du ministère des Affaires étrangères. Nous avions pour mandat de vendre le pétrole angolais, d’organiser des opérations de crédit de pré-financement et d’utiliser cet argent à la demande des autorités angolaises. Les montants de préfinancement restaient dans la banque Paribas et permettaient de financer les besoins de l’Etat, qui pouvaient aussi être des besoins en armement » précise Arcady Gaydamak, qui insiste sur le fait que « toute cette histoire n’a rien à voir avec la France ».

Accusé d’avoir vendu des armes sans aucune autorisation de l’Etat français, l’homme d’affaires réplique qu’il était à ce moment-là « seulement un citoyen français qui résidait en Russie et à Londres », rien de plus. Arcady Gaydamak aime les explications détaillées. « Je raconte tous ces détails car c’est important de voir les mensonges et l’hypocrisie des autorités françaises », se justifie-t-il devant des journalistes français venus l’interviewer dans son QG de campagne à Jérusalem-Ouest.

Mais l'entretien ne permettra pas de revenir sur toutes les zones d’ombre de l’affaire Angolagate. L’homme d’affaires, qui brigue aujourd'hui la municipalité de Jérusalem, doit partir faire campagne sur le principal marché de la ville. Et pour l’instant, Arcardy Gaydamak semble aussi convaincu de sa capacité à gagner le scrutin municipal du 11 novembre que de son innocence dans l’affaire de l’Angolagate.