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Union pour la Méditerranée

Une ambition confrontée à la réalité

par Maud Czaja

Article publié le 03/11/2008 Dernière mise à jour le 04/11/2008 à 13:43 TU

Quelle ville choisir comme siège de l’Union pour la Méditerranée ? Quel statut d’observateur accorder à la Ligue arabe ? Autant de questions soigneusement laissées de côté lors du lancement officiel de l’UPM à Paris le 13 juillet dernier et auxquelles les ministres des Affaires étrangères des 43 pays membres doivent tenter de répondre lundi et mardi. Réunis à Marseille, il leur faut surmonter leurs divergences pour adopter une déclaration commune sur le fonctionnement concret de l’UPM.

Nicolas Sarkozy avait fait de l’Union pour la Méditerranée une vitrine de la présidence française de l’Union européenne. L’objectif est ambitieux : rapprocher les deux rives en développant une zone de libre échange en faisant des questions environnementales et scientifiques une priorité. Réunir autour d’une table 43 chefs d’Etat partenaires euro-méditerranéens, dont le président syrien Bachar el-Assad et le Premier ministre israélien Ehud Olmert formellement en guerre depuis 1948, le 13 juillet dernier à Paris pour le lancement officiel de l’UPM était en soi une première victoire. Mais l’absence de la traditionnelle photo de famille des dirigeants politiques présents à la fin du sommet laissait déjà présager des difficultés de mise en œuvre d’un tel projet.

La Mer Méditerranée.(Carte : S. Borelva/RFI)

La Mer Méditerranée.
(Carte : S. Borelva/RFI)



Aucune réunion n’a été organisée depuis juillet

Trois mois après le lancement de l’UMP, le bilan est maigre. Toutes les réunions prévues à l’agenda ont été annulées. La grande conférence sur l’eau prévue en Jordanie a été reportée en raison de tensions récurrentes entre Israël et la Ligue arabe. Les rencontres préparatoires à la réunion ministérielle de ces lundi et mardi à Marseille sont également passées à la trappe alors que toutes les questions les plus délicates y seront abordées.

Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères,  et Benita Ferrero-Waldner, commissaire en charge des Relations extérieures, à la conférence ministérielle de l'UPM, à Marseille.(Photo : AFP)

Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, et Benita Ferrero-Waldner, commissaire en charge des Relations extérieures, à la conférence ministérielle de l'UPM, à Marseille.
(Photo : AFP)

Tout d’abord, les ministres des Affaires étrangères vont devoir se pencher sur les modalités de participation de la Ligue arabe. Elles constituent le principal point de blocage car Israël refuse que les observateurs de l’organisation panarabe participent aux rencontres préparatoires en plus des réunions ministérielles alors que ces derniers insistent pour être présents. La Ligue arabe menace de claquer la porte si elle est exclue de ces pourparlers, une ligne de conduite soutenue par la coprésidence égyptienne de l’UPM. La France, également à la tête de l’UPM,  « a fait des propositions de compromis », selon un diplomate proche des négociations. Mais ce dernier reste « sceptique » quant à un changement de position de l’un des deux camps déchirés par le conflit israélo-palestinien.

Benita Ferrero-Waldner

Commissaire en charge des Relations extérieures

« Il ne faut pas prendre le conflit israélo-palestinien pour le mettre au centre de l’Union pour la Méditerranée ».

03/11/2008 par Béatrice Leveillé


Tunis renonce au siège

Autre sujet sensible : la question du siège de l’UPM. Plusieurs villes sont en lice pour l’accueillir : Marseille, Barcelone, Bruxelles, Rabat, La Valette… Tunis a renoncé au dernier moment après une visite éclair du secrétaire d’Etat espagnol aux Affaires étrangères, Angel Lossada. La ville de Barcelone fait pour l’instant figure de favorite. C’est elle qui avait déjà accueilli en 1995 la première conférence scellant un rapprochement entre les pays méditerranéens et l’Union européenne. Mais dix ans plus tard, en 2005, l’absence de la quasi-totalité des dirigeants des pays arabes lors du sommet extraordinaire des chefs d’Etat à Barcelone avait symbolisé l’enlisement de ce processus dit de « Barcelone ».

De son côté, Nicolas Sarkozy n’a pas caché souhaiter préférer qu’une ville de la rive sud prenne la tête de ce secrétariat général dont il faut encore déterminer la composition et les pouvoirs. La France doit également concentrer ses efforts diplomatiques sur l’organisation de la présidence tournante de l’UPM. Paris veut rester à la tête de l’UPM jusqu’au prochain sommet prévu en 2010. Mais la République Tchèque et la Suède, qui prennent les rênes de l’Europe en 2009, ne l’entendent pas de cette oreille.

A écouter

Jean-Louis Guigou

« Le sommet des chefs d’Etat a été un grand succès mais il y a eu la Géorgie, puis la crise financière, et nombreux sont les leaders politiques qui pouvaient penser que la Méditerranée, c’était fini. Or pas du tout, les hommes sont à l’œuvre, les projets se préparent, et c’est au fur et mesure qu’on les verra naître ».

03/11/2008