Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Etats-Unis / Europe

L’Europe et Obama : un grand espoir et des attentes très diverses

par Patrick Adam

Article publié le 05/11/2008 Dernière mise à jour le 05/11/2008 à 21:22 TU

Barack Obama avait été chaleureusement accueilli à Berlin en juillet 2008.( Photo : Reuters )

Barack Obama avait été chaleureusement accueilli à Berlin en juillet 2008.
( Photo : Reuters )

Partout en Europe l’élection de Barak Obama à la présidence américaine a été saluée comme un signe extrêmement positif. Le futur locataire de la Maison Blanche aura la lourde tâche de ne pas décevoir, un véritable défi dès lors que les attentes reflètent parfois des préoccupations très nationales.

« Un pas de géant pour l’humanité », titre en une un tabloïde britannique, une « voix d’espérance », selon le Premier ministre portugais José Sócrates qui voit dans ce « moment historique » la chance « d’un nouveau cycle de relations entre les Etats-Unis et l’Europe au service de la paix, de la coopération entre les peuples et d’une mondialisation plus juste et régulée ». Des propos que n’aurait sans doute pas provoqués l’élection de son rival républicain.

Dans un tout autre genre, Barack Obama est donné favori à sa propre succession dans quatre ans par une maison de paris irlandaise. Il n’y a guère qu’en provenance d’Italie que les commentaires sont plus tempérés. Silvio Berlusconi, ami personnel et soutien inconditionnel de George Bush, n’a jamais caché sa préférence pour le candidat républicain.

Un new deal

Partout ailleurs s’exprime un enthousiasme qui dépasse très largement les félicitations convenues des lendemains électoraux, notamment dans les pays comme la France, où la guerre en Irak avait creusé les divisions. Cette fois, il s’agit bien de réinventer un modèle de relations entre les Etats-Unis et le Vieux Continent. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, appelle d’ailleurs à une alliance des deux côtés de l’Atlantique pour « mener le monde vers un ‘new deal’ pour le bénéfice du monde entier ».

A Berlin, Angela Merkel a souligné « l’importance du partenariat transatlantique » et d’ores et déjà invité Barack Obama à revenir en Allemagne. Quant au Premier ministre britannique, Gordon Brown, dont le pays est traditionnellement le plus proche des Etats-Unis, il évoque une « relation vitale ».

Autant dire que les attentes suscitées en Europe par l’élection du candidat démocrate sont nombreuses et variées, qu’il s’agisse de la crise financière, des dossiers diplomatiques (Iran, Proche-Orient), des questions de sécurité (Otan) et d’environnement.

Cahier de doléances

Sans attendre de connaître le vainqueur de l’élection, les vingt-sept ministres des Affaires étrangères de l’Union avaient rédigé lundi un cahier de doléances égrainant sur six pages les thèmes sur lesquels un changement d’administration à Washington peut faire évoluer les rapports. Actualité oblige, les Européens voudraient pousser leur avantage acquis dans la gestion de la crise financière pour inciter les Américains à accepter une refonte du système financier international. Le chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy, plaide notamment pour plus de transparence de la finance mondiale et un rôle renforcé du FMI. Il souhaite aboutir à des mesures concrètes lors du prochain sommet du G20 et Barack Obama  apparaît plus ouvert à une régulation renforcée des marchés financiers que ne l’était son rival républicain.

Au plan diplomatique, les pays les plus engagés attendent du futur président américain plus de coopération par exemple sur le dossier proche-oriental où les Européens ont souvent le sentiment de voir leurs efforts de médiation sapés par l’administration Bush. De même sur le dossier iranien, les Européens attendent des Américains un engagement plus ferme.

Concernant la Russie, ils souhaiteraient plus d’ouverture, Bruxelles plaide d’ailleurs pour une reprise des négociations UE-Russie. Mais au lendemain de l’élection de Barack Obama, le dossier acquiert une sensibilité particulière alors que les Russes annoncent leur intention de déployer des missiles dans leur enclave de Kaliningrad. De Moscou, le président Medvedev appelle néanmoins à un « dialogue constructif » basé sur la « confiance ».

Multilatéralisme

Plus largement, un mot résume les attentes des Européens : « multilatéralisme ». Autrement dit, que la nouvelle administration joue « plus collectif » dans les relations internationales.

Concernant l’élargissement de l’Otan, le démocrate reste sur la ligne américaine, souhaitant que des pays comme l’Ukraine et la Géorgie intègrent l’Alliance, appuyant en cela les positions défendues par des pays comme la Pologne et les pays baltes, mais sur lesquelles bon nombre des Etats membres de l’UE sont très réservés. Mais comme l’a souligné le Premier ministre néerlandais, Jan Peter Balkenende, les espoirs des Européens vont bien au-delà. Et de citer le changement climatique, la lutte contre le terrorisme, les droits de l’homme.

Et moi, et moi et moi

Ailleurs, les capitales européennes réagissent aussi en fonction de leurs intérêts nationaux.

Ainsi Chypre se réjouit des déclarations d’Obama sur une « occupation » de l’île, mais Nicosie réclame des actes. L’Espagne s’attend à une « nouvelle attitude » de Washington envers Cuba. Enfin la Serbie, échaudée par le soutien américain à l’indépendance du Kosovo, juge qu’il « ne sera pas trop difficile » d’améliorer les relations. Quant au président croate, Stipe Mesic, il demande à Barack Obama de ne pas oublier les Balkans.

Maintenant, c’est à celui qui verra le succès du nouvel élu rejaillir sur lui. Le Premier ministre Tchèque, Mirek Topolanek, dont le pays assumera la présidence de l’Union européenne à partir du 1er janvier annonce qu’il souhaite organiser un premier sommet informel avec Barack Obama et les Vingt-Sept en marge du sommet de l’Otan prévu en avril prochain.

A écouter

Ulrike Guérot

Barack Obama sera plus à l'écoute, il sait qu'il a besoin de l'Europe ; les Américains ont compris que pour trouver des solutions aux grandes questions internationales, l'Europe est leur partenaire. 

05/11/2008

Jean-Claude Junker

« Je suis assez impressioné par l'enthousiasme que Obama a su déclencher [...] c'est un grand pas que la démocratie américaine vient de faire. »

05/11/2008

Russie : les réactions à l’élection d’Obama

Les Russes aiment toujours se mesurer aux Etats-Unis, d’égal à égal, comme au temps de la guerre froide. Comme si la Russie était toujours la superpuissance qui décidait de l’avenir du monde, conjointement, avec Washington.

05/11/2008

Javier Solana

Je suis très content, je crois que cela montre la capacité politique des Etats-Unis. Je voudrais féliciter Barack Obama, il a bien gagné. Il a mobilisé la population américaine, qui montre aussi la capacité de réaction du peuple américain.

05/11/2008