par RFI
Article publié le 07/11/2008 Dernière mise à jour le 07/11/2008 à 18:40 TU
L'écrivain et journaliste Pierre Péan, 70 ans, auteur de « Noires fureurs, blancs menteurs » aux éditions Fayard.
(Photo : AFP)
Couverture du livre de Pierre Péan, « Noires fureurs, blancs menteurs » paru aux éditions Fayard.
(Photo : www.decitre.fr)
Les magistrats ont souligné que Pierre Péan n’a jamais nié « la réalité du génocide » qui en 1994 a fait, selon l’ONU, 800 000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsie du Rwanda, « même si la formulation qu’il emploie peut légitimement heurter ceux qu’il vise ». Le tribunal a toutefois estimé que l’auteur « s’est naturellement exposé à la critique » et que « la seule considération pour les victimes du génocide aurait dû le conduire à davantage de précautions dans la formulation de ses propos ».
L’avocat de SOS Racisme a exprimé sa « grande tristesse » car, selon lui, « le tribunal a indiqué honnêtement que les propos (de l’auteur) étaient tout à fait déplacés mais a eu une lecture très modérée de ces propos ». Il a ainsi annoncé son intention de faire appel du verdict.
Avocat de SOS Racisme « L'attendu du tribunal disant que les propos visaient l'ensemble des Rwandais semble être une lecture que SOS ne partage pas puisque les personnes directement visées étaient les Tutsis. » L’avocat de Pierre Péan « Pour nous c’est une vraie victoire. C’est vraiment de notre point de vue, la victoire de la liberté d’expression, la victoire du libre débat d’idées sur un sujet extrêmement difficile, un sujet extrêmement sensible. »Maître Léon-Lef Forster
L’avocate de Pierre Péan, Maître Florence Bourg, a salué la sentence en tant que « victoire de la liberté d’expression, du vrai débat d’idées sur un sujet très difficile », soulignant que dans son livre l’auteur a stigmatisé un fait culturel et « pas une race ».Maître Florence Bourg
Une trentaine de témoins se sont relayés à la barre durant le procès qui s’est tenu du 23 au 25 septembre derniers. L’ancien ministre socialiste des Affaires étrangères, Hubert Védrine, avait considéré que Pierre Péan était victime d’un « mauvais procès » et que les propos de l’auteur, tout en étant « un peu simplistes », ne constituaient pas un « scandale horrible ». Bernard Debré, ancien ministre de la Coopération du gouvernement de droite dirigé à l’époque par Edouard Balladur, s’est insurgé contre le « procès en sorcellerie » engagé contre Péan. Il a également affirmé que l’attentat contre l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana, à l’origine du génocide, avait été commandé par le Front patriotique rwandais (FPR) de l’actuel président du Rwanda Paul Kagame, lequel est visé par des mandats d’arrêt lancés par la justice française.
Lors des audiences, Pierre Péan s’est plaint d’avoir été « traîné dans la boue, depuis trois ans. Au mieux je suis traité de raciste, au pire de négationniste ». Au deuxième jour du procès, il avait fondu en larmes quand un ancien président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) avait comparé Noires fureurs, blancs menteurs à Mein Kampf d’Adolph Hitler. Plusieurs rescapés du génocide rwandais sont également passés à la barre, dont la psychothérapeute Esther Mujawo-Keiner qui a accusé Péan de « jouer avec des mots qui tuent ». Pierre Péan avait alors répondu : « Je m’incline devant la douleur des victimes », mais sans s’excuser comme le lui demandaient les avocats de SOS Racisme.
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