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Crise financière

Un fonds souverain à la française

par Myriam Berber

Article publié le 20/11/2008 Dernière mise à jour le 20/11/2008 à 18:51 TU

Nicolas Sarkozy à Saint-Julien de Chedon, le 20 novembre 2008.(Photo : Reuters)

Nicolas Sarkozy à Saint-Julien de Chedon, le 20 novembre 2008.
(Photo : Reuters)

Le président français Nicolas Sarkozy a lancé, jeudi 20 novembre 2008, lors d’une visite en Loir-et-Cher, le Fonds destiné à soutenir les entreprises stratégiques du pays face à la crise. Ce fonds souverain à la française sera doté de 20 milliards d’euros apporté pour moitié par l’Etat et pour l’autre par la Caisse des dépôts (CDC).

20 milliards d’euros et non pas 100 milliards comme prévu initialement. Nicolas Sarkozy a dévoilé, jeudi 20 novembre 2008, le montant dont sera doté le fonds stratégique d’investissement.  «Nous souhaitons faire de la crise une opportunité pour le développement. Puisque les banques sont frileuses et n’investissent pas, nous, on financera les entreprises», a déclaré le chef de l’Etat à l’usine Daher de Saint-Julien de Chedon dans le Loir-et-Cher.

Ce fonds, dont le principe a été annoncé le 23 octobre dernier, investira dans des entreprises françaises jugées stratégiques. Sa vocation sera double. D’une part, sécuriser le capital d’entreprises qui pourraient être la proie de raids financiers hostiles en temps de crise. D’autre part, conforter des entreprises ne trouvant pas sur le marché l’argent nécessaire à leur développement.

Il sera doté d’une enveloppe de 20 milliards d’euros en 2009 « voire plus, ensuite, si ça marche », selon les propres termes de Nicolas Sarkozy.  Sur les 20 milliards d'euros, 14 milliards proviendront de participations de l'Etat et de la Caisse des dépôts (CDC). Les 6 autres milliards seront des liquidités immédiatement disponibles fournies à 50/50 par l'Etat et la CDC. Le chef de l’Etat a également précisé le statut de ce fonds. Ce sera une société anonyme, filiale de la CDC, dont elle sera l’actionnaire majoritaire, l’Etat détenant une participation minoritaire.

Romanet, Dehecq et Barbizet à la tête du Fonds

L’Elysée a déjà choisi qui dirigera ce fonds. L’actuel directeur général de la CDC, Augustin de Romanet, sera le président du conseil d’administration. Le conseil d'orientation sera présidé par Jean-François Dehecq (ancien PDG du groupe pharmaceutique Sanofi-Aventis) alors que Patricia Barbizet (vice- présidente du groupe Pinault-Printemps-LaRedoute) sera la présidente du comité d'investissement. Les syndicats seront également invités à intervenir au comité d’orientation pour «donner leur opinion sur l’avenir des filières en difficulté ».

Les grandes entreprises françaises devraient être les premières bénéficiaires, en fonction de leur caractère stratégique. Certains secteurs seront privilégiés comme la haute technologie, l’automobile ou l’aéronautique. Ce n’est pas un hasard si Nicolas Sarkozy a choisi de faire son discours à Montrichard, dans le Loir-et-Cher, devant les ouvriers de l’usine Daher. Cette entreprise en difficulté qui  fabrique des pièces pour l’aéronautique et le nucléaire sera la première à bénéficier de ce fonds à hauteur de 85 millions d’euros. Le Fonds concernera également les PME dites de croissance, c’est-à-dire qui ont des capacités de développement mais qui ne trouvent pas de fonds propres.

Des alliances avec des fonds souverains étrangers

 « Des alliances pourront aussi être nouées avec d’autres fonds souverains étrangers pour développer encore l’investissement », a par ailleurs annoncé le chef de l’Etat. Les fonds souverains étrangers, ces investisseurs publics de Chine, du Qatar, de Dubaï ou de Russie qui gèrent l’épargne nationale en investissant dans des placements divers, représentent une manne financière considérable. Combien de milliards représentent-ils ? Les estimations varient. Selon une étude récente du cabinet d’étude Morgan Stanley, le montant total des avoirs des FSv est compris aujourd’hui entre 2 000 et 2 500 milliards de dollars, un montant qui pourrait grimper à 12 000 milliards de dollars d’ici 2015. Certains économistes tablent même jusqu’à 28 000 milliards pour 2020.  

Leurs ressources proviennent d’une part des dividendes issus des prix élevés du pétrole. C’est le cas des fonds du Qatar, de Dubaï, du Koweït, d’Abou Dhabi et de la Norvège. Et d’autre part, des excédents commerciaux des pays asiatiques. Il s’agit par exemple des fonds de Singapour, de la Corée du Sud et de la Chine. Le générateur de fonds souverains le plus puissant est la Chine qui dispose d’une force de frappe de 1 200 milliards de dollars de réserves de change, même si son fonds China Investment Corp (CIC), créé en 2007, n’est doté « que » de 200 milliards de dollars.